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3,7

sur 122 notes
C'est un roman qui met en scène trois personnages que l'on découvre progressivement et un lieu, un palace suisse , comme on l'imagine, luxueux, calme, au dessus d'un lac.. .

Le narrateur, Ernest, est un garçon parfait. Pas un mot plus haut que l'autre, pas un cheveu qui dépasse, et toujours la bonne attitude adaptée à la clientèle, un juste instinct du désir des clients -le mot désir n'a rien d' anodin - c'est un métier, je dirais même une vocation, et pour ce solitaire, finalement une protection que ce lieu clos qui ne change jamais, même si la clientèle qui y défile va, elle, changer. En effet, en 1935 commencent à arriver pour des séjours prolongés les riches familles juives qui ont senti qu'en Allemagne, ça commençait à sentir le roussi.

Trente ans plus tard, Ernest est resté le même. Extérieurement du moins. Même le jour où il est victime d'une sévère agression homophobe, pas une plainte..
Mais cette agression va l'amener à retrouver le deuxième personnage , un écrivain qui a fui avec sa famille aux Etats-Unis , celui qui " il y a désormais trente ans de cela, avait détruit son insignifiante vie ou du moins l'avait rendue encore plus insignifiante qu'elle n'était, de toute façon."
Car il n'est pas parti qu'avec sa famille, cet écrivain. Il a emmené Jacob..
Et Jacob, qu'Ernest a formé à devenir un garçon parfait, était l'amour de sa vie.
En dessous du lisse et des apparences, que de passion et que de douleur et de blessures.
Et trente ans après, au début du roman, Ernest reçoit une lettre de Jacob..

C'est avec une écriture très classique , très étudiée , qu'Alain Claude Sulzer réussit à transmettre l'ambiance de cet hôtel , la réalité historique avec la montée du nazisme , et les relations amoureuses et même passionnelles , les trahisons et les drames. On s'en doutait, mais au fur et à mesure il nous le raconte, Jacob n'était pas tout à fait un garçon parfait..
J'ai beaucoup aimé ce roman qui semble longtemps lisse , et qui se révèle finalement très cruel dans le sort qu'il réserve à tous ses personnages.

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Le titre du roman est fondé sur un jeu de mot : un parfait garçon de café, c'est ce qu'est Ernest, qui travaille dans un grand hôtel en Suisse, à Giessbach. Il y voit défiler une clientèle aisée, cosmopolite, une partie non négligeable de la noblesse, du monde des affaires et de la bourgeoisie dorée, ainsi que des artistes et intellectuels.

Ernest est aussi « un parfait »garçon en ce sens qu'il est homosexuel .Il accueille, en formation, un jeune homme du nom de Jacob Meier, qu'il prend sous sa protection, en tombe éperdument amoureux. Il entretient avec lui des relations suivies, tant sur le plan charnel qu'affectif. La véritable nature de leur relation est subodorée par Mme Adamowicz, chargée de la confection des costumes des employés de l'hôtel, lors de la prise des mesures de l »uniforme de Jacob : « le regard de Jacob par-dessus la tête de la couturière continuait pendant ce temps d'affronter celui d ‘Ernest, mais soudain Ernest rougit .Jacob baissa les yeux, il avait compris. Qu'avait donc compris Jacob qu'il ne sût déjà de longue date ? »

Ernest reçoit au début du roman une correspondance de Jacob, dans laquelle ce dernier lui demande d'intervenir auprès de Julius Klinger pour obtenir de l'aide matérielle.


Julius Klinger est un écrivain en vue, connu dans les années trente, dans cet hôtel de Giessbach. Nous sommes en 1966, trente ans après la liaison de Jacob et d'Ernest, dont nous apprenons à la fin du roman le dénouement : Ernest, ayant surpris dans leur chambre commune, Jacob et Julius Klinger se livrer à une relation sexuelle, dont il apprendra par Julius qu'elle était tarifée, se sent définitivement trahi et meurtri.
Ce roman est très singulier : il décrit admirablement la relation amoureuse entre Ernest et Jacob, sait trouver le ton juste, écartant le voyeurisme facile aussi bien que le graveleux. Nous restons dans l'émotion, dans la loi des sentiments : « Ernest s'habillait, parfois Jacob se réveillait à cette occasion, et il suffisait d'un geste de la main, d'un regard, d'un seul mouvement des paupières, pour qu'Ernest se recouchât auprès de Jacob. »

La technique romanesque de cet ouvrage est également très singulière ; il comporte beaucoup de descriptions, d'évocations, tous très riches, éloquents. La rareté des dialogues entre personnages n'entame pas l'intérêt de la lecture, bien au contraire. Elle nous stimule, nous incite à apprécier plus avant cette étude de la trahison d'un amour, cette radiographie d'une relation amoureuse entre trois hommes : Ernest, Jacob, et Julius Klinger.

Le roman revêt un intérêt sociologique, celui des us et coutumes des clients des grands hôtels des années 30 et des personnels de ces hôtels. Il s'inscrit aussi dans une perspective historique, l'afflux d'une certaine catégorie de clients dans cet hôtel de Giessbach, les réfugiés politiques allemands, étant souligné comme un événement majeur dans la vie de Jacob et d'Ernest puisque Julius Klinger est l'un d'entre eux.
Grand roman, à la forme et à la technique accomplie, tout en subtilité et en finesse. A lire absolument.

Lien : http://www.bretstephan.com
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Premier roman de cet auteur traduit en français, il fut pour moi la découverte d'Alain Claude Sulzer, auteur Suisse allemand, né à Bâle en 1953.

Ernst est serveur dans un grand hôtel des bords du lac de Brienz, et a une parfaite maîtrise de son métier, qu'il pratique en artiste perfectionniste. Cela donne à Sulzer l'occasion de revisiter ces lieux de résidence réservés à une population privilégiée, souvent étrangère, et de rappeler les règles en vigueur qui régissaient - et régissent certainement encore - les relations entre le personnel et les clients des hôtels de luxe.

Lorsque le 15 septembre 1966, Ernst reçoit une lettre de New York, il ne l'ouvre pas tout de suite, il tente de se préserver, mais quoiqu'il fasse, son passé qui n'a cessé de le hanter sourdement, remonte à la surface et chaque détail, chaque moment partagé avec Jacob est ravivé. Et Sulzer nous raconte l'histoire d'une passion folle, d'une passion interdite, secrète, discrète mais.... peut-être pas partagée.

Plaçant la rencontre des deux amants au moment de la montée en puissance de Hitler, il introduit le contexte politique de l'époque en la personne de Julius Klinger, écrivain allemand, qui se réfugie à Giessbach après sa dénonciation du nouveau régime.

Mais si l'arrivée de Kingler rassure ses compatriotes sur la justesse de leur choix, elle marque aussi le début de la trahison amoureuse de Jacob.

C'est un roman magnifique, profond et dense mais qui, de par la qualité du style délié et précis, se lit d'une traite et nous réserve jusqu'à la fin des surprises quant aux caractères des personnages.

A lire, absolument.
Ce livre a reçu le prix Médicis étranger et cette fois-ci, je trouve ce prix totalement mérité.
Lien : http://meslecturesintantanee..
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N°490– Janvier 2011.
Un garçon parfait – Alain Claude Sulzer- Editions Jacqueline Chambon.
Traduit de l'allemand par Johannes Honigmann


En ce mois de Septembre 1966, Ernest vient de recevoir une lettre postée de New-York par son ami Jacob Meier qu'il n'a pas revu depuis 1936. Pourtant, il tarde à ouvrir l'enveloppe comme s'il savait ce qu'elle contenait. C'est que cette missive, qui en réalité est un appel au secours, va faire revivre un passé qu'il voulait oublier.

Ernest est un homme qui passe parfaitement inaperçu. Serveur attentif et effacé, il mène une vie personnelle indépendante, solitaire et anonyme. Employé depuis de nombreuses années dans le restaurant d'un palace suisse à Giessbach, il est très professionnel au point qu'il résiste sans le vouloir vraiment à tous les licenciements. En ce sens, c'est un garçon parfait. Il est le témoin muet des relations parfois adultères qui se nouent entre les clients comme celle d'une de ses cousines, mariée à un industriel français, qui file le parfait amour, et ce pendant presque vingt ans, avec son amant anglais. Ils se retrouvent régulièrement dans cet hôtel et Ernest est leur messager secret.

En 1935 Jacob a fait irruption dans sa vie professionnelle puisqu'il a été chargé de sa formation. Il a fait de lui un employé à son image, un garçon parfait lui aussi ! Il a conçu pour lui une passion amoureuse à la fois violente et exclusive mais sa liaison avec lui a été brutalement interrompue par une passade de Jacob avec un client de l'hôtel, le célèbre écrivain allemand Julius Klinger. Sur fond de montée de nazisme et de guerre mondiale qui couve, les deux hommes partent pour les États-Unis, en compagnie de la famille du poète. Officiellement, il sera son serviteur, situation qui masquera leur véritable relation. Pourtant Jacob n'a jamais oublié complètement Ernest. Dès lors il se tisse entre Jacob et l'écrivain une relation complexe de dominant à dominé et même de prostitué à client et l'attitude de Jacob est davantage dictée par son propre intérêt que par l'amour qu'il prétend porter à son protecteur. En réalité Julius est subjugué par la beauté et la jeunesse de son amant alors qu'il est, lui, en réalité vieux et dépendant.

Cette lettre de Jacob, envoyée trente ans après sa fuite, est donc l'occasion pour Ernest de revivre des souvenirs qu'ils souhaitaient rayer de sa mémoire. Elle est suivie d'une autre qu'il finit par ouvrir et qui lui demande de reprendre contact avec Klinger revenu en Suisse. Après bien des hésitations, il s'exécute et prend contact avec l'écrivain. En réalité ce que lui révèle celui-ci le bouleverse durablement. Non seulement Jacob ne l'a pas oublié, mais il s'est longtemps servi de lui ou plus exactement de son souvenir, pour dominer encore plus Julius. Troublé par ce qu'il a appris et dans le seul but de venir en aide à son ancien ami, Ernest se transforme en maître-chanteur, menaçant de révéler à la presse à scandale l'homosexualité de l'écrivain, devenu entre-temps un citoyen fort respectable. Il n'est cependant pas au bout de ses surprises et la fin du roman révèle les rapports complexes qui existent dans la famille de l'écrivain et le rôle réel que Jacob y joue.

Le style de Sulzer parvient à tisser cette ambiance impersonnelle et lisse qu'on imagine faire partie du patrimoine de la Suisse. le lecteur ressent parfaitement la nature des rapports qui existent entre les clients et les employés de cet hôtel ainsi qu'entre les différents personnages de cette fiction.




©Hervé GAUTIER – Janvier 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Un garçon parfait
« Un garçon parfait » est en fait un entraînement pour l'autre roman « à cette époque » et se veut beaucoup plus explicite quant à la nature des relations sexuelles des personnages. C'est sans doute cela qui a émoustillé le jury du prix Médicis, qui à mon sens aurait mieux convenu à « à cette époque » tellement plus retenu. Oublié Gombrowicz, on appelle les choses par leur nom sans tomber pour autant dans le salace. On est « avant cette époque » où visiblement tout est permis. On s'embrasse dans les allées, on se montre. C'est curieux.
Il se trouve que les histoires de garçons d'hôtels fussent-ils des palaces, sont sans grand intérêt et que seule la promiscuité créé les liens. Ernest n'imagine pas d'autre avenir que de se fondre dans le décor, être un parfait larbin (j'écris cela à dessein)qui s'envoie en l'air la nuit avec un beau jeune homme , la dernière petite cuiller rangée. Jakob est ce beau jeune homme déluré qui ne souhaite pas être un garçon parfait sauf à être celui de tout le monde, ce qu'il pratique sans limite. Cela ne fait pas une histoire d'amour.
Un écrivain allemand de 47 ans (tiens ,tiens M. Sulzer montre le bout de son nez) passe par là et embarque le mauvais garçon pour réapparaître en Suisse 30 ans plus tard.

Ernest en ressent une grande frustration et fait dans les trente ans que dure ce livre quelques intrusions dans les lieux d'aisance publics , si romantiques et si propice à retrouver les plus beaux sentiments.

En fait j'avais déjà lu ce bouquin à l'époque de sa sortie. C'est plutôt une mauvaise impression qui m'était restée et la découverte de « à cette époque » m'a fait le relire et mieux comprendre mon sentiment.

Vous avez raison M. Sulzer de vous cacher derrière des personnages ; d'autres, moins pudiques, adorent s'exhiber, voire sa vautrer pour se justifier. Ils écrivent à la première personne, ce qui ne détend pas.

Il y a deux autres livres, dont le dernier paru en septembre 2013 : une mesure de trop. Sera-ce celle là ?
Le style est là. La traduction dérape parfois. On est en Suisse.


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Avec ce roman ,le premier à être traduit en français, j' ai découvert un auteur de très grande qualité .Le rythme imposé par l'auteur s'adapte parfaitement au rythme de vie du protagoniste de l'histoire Ernest serveur de son métier .Cet homme parfait dans son métier cache une douleur profonde un chagrin d'amour inconsolé .Avec une écriture simple mais efficace Alain Claude Sulzer nous tient en haleine pendant 240 pages
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Très lent, très ennuyeux ; il ne se passe vraiment pas grand-chose et le récit se perd dans des détails non essentiels à l'histoire. de plus, on voit venir la fin de très loin…

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Beaucoup de plaisir à lire ce roman tout en finesse et en délicatesse.
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Ernest travaille dans un palace en Suisse, il s'épanouit parfaitement dans sa profession,il reste d'une extrême discrétion il est aussi bien strict dans son travail que dans sa vie. On ne connaît rien de sa vie personnelle, et pourtant pour lui, l'expression loin des yeux loin du coeur ne semble pas vouloir dire grand chose. Bien au contraire,il ne se passe pas un jour sans que Ernest ne pense à Jacob bien que l'ayant perdu de vue, depuis de nombreuses années, il ne l'a jamais rayé de sa mémoire,son passé reste enfermé dans le souvenir de Jacob. Impossible de balayer cette histoire d'un revers de la main. Celui- ci avait toujours su le retenir captif. Recevoir un courrier de l'être aimé en 1966 va rouvrir la blessure d'une passion folle, interdite et donc restée secrète L'effet sera aussi violentqu'une morsure de serpent. ..

Dans ce livre Alain Claude Sulzer nous rappelle à la fois que les souvenirs ne meurent jamais, ils traversent le temps et sont éternels, Ils finissent toujours pas refaire surface. le bonheur est facilement acquis et aussi vite perdu. Une blessure ne cicatrise jamais. La preuve. L' homosexualité n'a jamais fait bon ménage avec la montée du nazisme dans les années 3o et dans les années 60 en Suisse, l'homophobie persistait encore.Il faut réprimer ce désir défendu.

Dès la première page, le lecteur est touché en plein coeur par le coté rêveur d' Ernest et surtout quand il prend conscience du trouble de celui-ci occasionné par la réception de la lettre de Jacob.L'auteur nous montre que l'amour d'un homme pour un autre homme ça existe vraiment et que cet amour n'est pas différent de celui qui existe entre un homme et une femme.Il semble que cet amour ne fonctionne qu'en sens unique. La douceur du souvenir semble prendre le pas sur la douleur de l'absence. Pourtant on constate avec effroi que Ernest est devenu
soumis à cet amour qui exerce sur lui un certain pouvoir

Pourquoi ce livre se lit d »une traite ? Tout simplement parce que Ernest est un personnage très attachant et que l'on n'éprouve pas du tout l'envie de l'abandonner en plein coeur du roman, lui qui a su attirer notre attention dès le début, On a l'impression qu'il nous demande une faveur celle de le libérer de cet amour dans lequel il s'est emmuré depuis de nombreuses années. Si la vraisemblance de l'histoire peut susciter de l'intérêt, il est regrettable toutefois que certains passages soient un peu longs et et provoquent chez le lecteur un certain ennui
Lien : http://www.babelio.com/monpr..
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Un hôtel de luxe en Suisse au début des années 1939. Un serveur parfait qui cache un lourd secret: celui de son homosexualité et la violence des sentiments qu'il ressentaient pour....et la profonde souffrance qu'il ressent du fait d'avoir été abandonné.
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