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Citations sur Multiple splendeur (22)

Je suis une Eurasienne.

Cela veut dire simplement que ma mère était européenne, mon père chinois.

En Chine, on me considère comme une Chinoise, mais il n'en va pas de même pour tes Anglais des colonies. A leurs yeux, c'est une tare et une infériorité que d'être eurasien, peut-être parce qu'il s'en trouve tant aux Indes. Ils vont sauter en l'air à ce seul mot et, pour eux, je ne serai même pas une personne. Cela peut nuire à ta carrière.

(p. 264 et 265)
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La Lune d'automne m'exaltait, mais Marc soutenait que celle du printemps était plus belle et citait maint poète chinois pour soutenir sa thèse.

« La jeune Lune du printemps aux joues creuses, souple et quasi lasse au départ de la nuit tiède; les nuages emplumés lui forment un dais et le sommet de la colline est lisse comme le jade blanc ...
La voile gonflée et claire de la lune d'été, inclinée sur le calme des Cieux, profond comme l'océan ... »

Pourtant je trouvais les lunes printanières fuyantes et fantasques, fugues amoureuses de l'adolescence. Leur lumière est trop transparente et leur texture trop mince; il leur manque la saveur de l'épanouissement. Les lunes d'été, je les trouvais pleines d'une fougue épuisante, insuffisamment contemplatives, pareilles à ces femmes apparemment compétentes, qui masquent leur timidité par une offensive de sex-appeal.

Seules les lunes d'automne, assurai-je, sont des lunes d'amour.

(p.237)
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Marc et moi avions beaucoup d’amis, et l'un d'eux était la Lune.

Souvent, nous la contemplions, attristés tout à coup que sa pensive nostalgie de la terre dût rester à jamais inassouvie.
La nuit, assis ou étendus sur notre pierre, nous nous voyions l'un l'autre passé au crible de sa froide lumière, nous comprenions quel était notre but suprême, à travers nos désirs et nos hésitations, et nous nous rendions compte de la sardonique ironie qui présidait à sa naissance au contact de notre perpétuel isolement.

Nous nous disions les dévots de la Lune, aimables fous, possédés par la folie du clair de lune, disciples fervents, dociles captifs sans entraves, acceptant de bon cœur notre soumission à son enchantement.

En Europe, des saints se sont donné le titre de « fous de Dieu » et ont revêtu la livrée de l'extase triomphante.

En Chine, des poètes sont devenus les « amants de la lune »,- et l'un d'eux perdit sa vie terrestre en essayant d'enlacer la Lune dans un lac.
Quant à nous, nous éprouvions une bizarre et vive détresse à rester dans des maisons aux rideaux soigneusement tirés, qui excluaient la nuit habitée par la Lune.

(p. 236)
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Ils attendaient le moment où il serait commode et avantageux de proclamer qu'en leur cœur, eux aussi avaient toujours été profondément imprégnés d'amour pour la démocratie et le communisme. Entre-temps, ils négociaient, ils posaient leurs conditions pour se vendre aux vainqueurs, marchan-daient la vente de leurs troupes.

Et nous, nous qui n'avions aucun pouvoir, n'étant point des seigneurs de guerre, mais qui pourtant étions assez riches pour perdre ce que nous possédions. Nous ne pouvions nous opposer à l'inertie du peuple et à la corruption des dirigeants. Le peuple souhaitait un changement parce que n'importe quoi valait mieux que ce qui existait, et il s'en trouvait bien peu pour se rendre compte qu'après le changement, les choses ne seraient plus ce qu'elles étaient.

Mais nous ne pouvions pas lutter contre l’avenir avec le passé.

(p.175)
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Puisque nous sommes tous changeants et qu'il n'existe pas deux situations identiques, je ne suis jamais parvenue à comprendre pourquoi on n'accepte pas de faire le mal comme le bien, et avec exactement autant de lucidité.

Je me méfie profondément des philanthropes et des faiseurs de bonnes œuvres en général.

Je crois aux bons rapports entre les personnes, au dévouement à ses amis, à la fidélité aux principes. Je crois qu'on doit aspirer à être totalement soi-même et non à une perfection formelle qu'on impose-rait aux autres.

Je suis féodale et taoïste et je pratique un despotisme éclairé, étant médecin.

Il s'agit d'imposer au malade votre propre volonté, et le reste est hypocrisie et balivernes. Comme les médecins usent de leur pouvoir et comme ils en retirent du plaisir !
Ils se pavanent dans leurs blouses blanches, semblables à des rois-prophètes. Les stéthoscopes ac-crochés à leur cou sont les insignes de leur savoir magique. Ils inspectent les formes prostrées de leurs patients qui gisent impuissants dans des lits placés en rangées bien ordonnées. Ils imposent des mains qui soulagent, ils sauvent des vies.

Combien scandaleux, combien orgiaque ce pouvoir, le plus corrupteur pour l'âme : celui de faire le bien ! Il est si aisé, en effet, de se croire bon.

(p.165)
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Cependant, ce qui était pour nous le royaume, la puissance et la gloire, pouvait bien sembler quelque chose de tout différent aux yeux des autres : pour les gens pieux, étriqués, une indécence à voiler pudiquement ; autrement dit, une liaison immorale qu'ils devaient mettre au ban du monde où ils évoluaient, en clamant leur indignation. Pour les nombreuses personnes agréablement occupées par la vie d'autrui, pour celles qui se massaient en quatuors désœuvrés auprès des tables de bridge, j'étais une Eurasienne qui s'était approprié un Anglais marié - un passeport pour sa sécurité - et était en train de lui gâcher la vie. Pour certains de mes amis chinois, c'était une pitié de me voir succomber à un engouement pour un étranger, ce qui m'empêcherait d'accomplir mon devoir. Pour Suzanne, ce n'était qu'un divertissement charmant ; quant aux amis de Marc, je me doutais des qualificatifs dont ils allaient l'accabler pour sa folie.
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vous prononcez le mot amour comme si c’était quelque chose de tellement grand . l'amour ce n'est pas si grand que ca ! il faut si peu de chose pour vous refroidir! vous pouvez vous coucher pleine d'amour et vous réveiller pour vous apercevoir qu'il est volatilisé .
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(p. 133)
« Que m’arrive-t-il ? demanda Marc. Je frémis pour un rien. Je défaille au-dedans, comme si j’étais à bord d’un navire qui tangue. Tout est devenu si intense, si vif. Une phrase musicale, un vers, la teinte des fleurs, l’infinie variété de la mer. Je pleure et je ris tout à la fois. (…) Quand je reste près de toi, je suis saturé de joie, je déborde de bonheur. Tout est plus simple et pourtant j’ai tellement plus à dire… »
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(p. 196)

« Oh, Marc, un papillon s’est perché sur ton épaule. Turquoise et ébène. Quel bon présage pour nous ! Ne bouge pas, je t’en conjure !
- Il y est toujours ? demanda Marc, ravi et soucieux de ne pas tourner la tête. J’espère qu’il va aussi se poser sur toi.
- C’est ainsi que je souhaite de voir mon amour - si c’est bien de l’amour que je te porte – reposer sur toi, sans peser plus qu’un papillon ».
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J'ai fait un rêve merveilleux. J'ai rêvé de la vie et de l'amour et de la mort, du rire et des larmes, du bien et du mal, et de toutes ces choses qui sont égales sous le Ciel qui égalise toutes choses.
Un rêve merveilleux, ma multiple splendeur.
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