Voyez-vous, les souvenirs inscrits dans l’hippocampe sont comme des barques sur un fleuve. La nuit, ils larguent les amarres et dérivent lentement pour quitter l’hippocampe et rejoindre le cortex cérébral. Ce sont les traces de nos expériences vécues et elles se nichent dans notre mémoire à long terme pour former une tapisserie que nous reconstituons durant l’état de conscience, mais également durant nos rêves.
Une avalanche venait de lui faire traverser le temps et, même s’il sentait que son séjour à l’Avalanche Hôtel appartenait au monde des rêves, il ne pouvait nier la sensation que quelque chose d’essentiel lui échappait.
Son esprit lui projeta l’image d’un homme allongé sur une table, alimenté par des tuyaux. C’était donc ça qu’il était devenu, un légume à la moelle épinière brisée, paraplégique ou atteint du syndrome d’enfermement total. Il eut envie de pleurer, mais ses larmes lui semblèrent des gouttes de feu brûlant la chair de ses paupières. Et puis il prit conscience qu’il n’était pas seul ; il y avait tout autour de lui une masse grandiose, presque divine qui l’écrasait comme une fourmi sous un talon.