Vous voulez connaître mon fantasme ? Vous voulez vraiment le connaître ?
Approchez-vous de l'écran que je vous le chuchote à l'oreille car il ne faudrait pas que d'autres l'apprennent : n'avoir rien d'autre à faire dans ma vie que lire et monter à cheval !
Oh, je vous sens déçus ? What did you expect ? Bande d'obsédés, va !
Si le titre «
Fantazmë » ressemble phonétiquement à la définition de la représentation imaginaire suggérée par l'inconscient, la définition n'est pas la même puisque dans notre roman, il s'agit d'un mot albanais qui veut dire « spectre ». Déjà là, je me suis couchée moins bête.
Au 36 quai des Orfèvres, on est en émoi pour plusieurs choses : le déménagement prochain et quelques crimes bizarres, sans aucun rapport entre eux, si ce n'est l'extrême violence dans lesquels ils ont eu lieu.
N'ayant jamais lu le premier tome, j'ai donc fait connaissance avec ce drôle de flic, le commandant Tomar Khan, chef de groupe de la section 3. D'origine kurde, on apprend que son enfance ne fut pas celle joyeuse de l'île aux enfants et que ses placards sont bourrés de squelettes en tout genre.
Un flic écorché, une fois de plus, me direz-vous… Oui, mais le portrait de l'homme est bien réalisé, bien travaillé, et ses blessures ne ressemblent pas à celles des autres flics torturés que nous connaissons.
Sans en faire des tonnes, l'auteur plante son décor, ses personnages, son intrigue et le déroulement des meurtres, dont les âmes sensibles devraient pouvoir s'en remettre… Quoique, vu la situation de misère des migrants (et des SDF) décrite dans la ville des Lumières, on ne devrait pas avoir le droit de s'en remettre.
Sous le couvert d'une enquête qui pue le classement vertical, faute de preuve, l'auteur nous plante le décor de la ville de Paris (loin de ses lumières) avec, à ma droite, ses chancres, ses camps de migrants vidés, ses pauvres hères qui errent sans but dans une ville où la loi ne fait rien pour les aider et à ma gauche, ses réseaux de prostitution mis en place grâce aux trafics de femmes, le tout sous l'égide de la mafia albanaise.
C'est rythmé, c'est couillu, c'est musclé, sanglant, violent, servi avec de la profondeur et des émotions, sans oublier le suspense, mon vieux complice (oups, je sors), un boeuf-carottes que l'on aimerait foutre en boite, le tout étant relié à des faits réels puisque l'auteur fait allusions aux terribles faits du vendredi 13 novembre.
Faut pas avoir fait littérature supérieure pour comprendre le roman, c'est à la portée de tous et il n'y a rien de péjoratif dans cette phrase, juste une conclusion, un constat.
Ici, les flics sont des flics, ils ne parlent pas comme dans La princesse de Clèves et se comportent comme des policiers qui n'ont plus de vie de famille, qui sont crevés, mal aimés, mal achalandés car jamais assez de budget et toujours une guerre de retard sur les truands.
Réaliste, donc…
Ça te déchire ta race sans révolutionner le roman policier, mais ça va quand même plus loin que le polar habituel puisqu'il n'est pas question, ici, du colonel Moutarde ayant tué dans la bibliothèque avec le révolver.
Allez, vite la suite que je sache ce qui va arriver ensuite !
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