Le lézard glissa sous le muret pour échapper à son prédateur. Peine perdue, Joshua le saisit par la queue avant de le tirer face à son visage. La petite bête se débattait, ondulant son corps luisant dans tous les sens. Puis la queue céda sous son poids, mutilation nécessaire à sa survie. (page 247)
Elle avait raison… Nous naissons seuls, nous mourrons seuls, mais au moins fallait-il essayer d’échanger un peu de chaleur pendant notre existence.
Joshua était seul dans l'obscurité du tunnel. Tout autour de lui, il pouvait sentir la masse compacte de la montagne peser sur son corps comme une tension invisible et glacée. Il serra la poignée de sa Maglite comme on s'accroche à son dernier espoir. Si le faisceau lumineux disparaissait, il serait plongé dans une nuit éternelle sans moyen d'échapper à son destin.
Un froid glacial lui parcourait le corps. Il était allongé, nu, sur une mosaïque de carrelage vert et blanc. Un filet de sang coulait le long de sa tempe gauche. Où sui je? Une petite voix dans sa tête se battait pour recoller les morceaux. Il pivota sur le côté et pris appui sur ses genoux pour se relever. Une légère migraine résonnait dans son crâne comme une musique de bal perdu dans le lointain.
Il eut envie de pleurer, mais ses larmes lui semblèrent des gouttes de feu brûlant la chair de ses paupières. Et puis il prit conscience qu'il n'était pas seul ; il y avait tout autour de lui une masse grandiose, presque divine qui l'écrasait comme une fourmi sous un talon. La pression se faisait telle qu'il ne doutait pas de se retrouver bientôt aplati, au milieu du néant. Il allait mourir et il l'acceptait avec un sentiment de délivrance et une urgence qu'il n'aurait jamais cru être capable d'exprimer. Rien n'était plus horrible que ce sentiment de ne plus exister que par la pensée, et encore, Joshua sentait bien que, comme le reste de son être, elle commençait à se figer pour s'éteindre.
Un froid glacial lui parcourait le corps. Il était allongé, nu, sur une mosaïque de carrelage vert et blanc. Un filet de sang coulait le long de sa tempe gauche. Où suis-je ? Une petite voix dans sa tête se battait pour recoller les morceaux.
Est-ce que ce n'était pas ça vivre, finalement ? Essayer désespérément d'achever un souvenir qui se perdait dans l'oubli. Le lézard caché sous la pierre, la queue se détachant sous l'œil émerveillé d'un enfant, une poussière d'étoiles dans l'infini. L'hippocampe, étrange cheval niché dans notre crâne, effaçant des morceaux de réalité pour nous permettre d'en créer de nouveaux, profitant de notre sommeil pour lentement détisser la tapisserie de nos vies.
Pour le reste, il était Joshua Auberson, un trentenaire normal et sans histoires. Un mec un peu largué, mais finalement pas trop mal dans ses baskets. Stephen King – dont il avait dévoré tous les romans – disait qu’à vingt ans on croyait connaître la route, à vingt-cinq ans on soupçonnait qu’on tenait la carte à l’envers et à trente on en avait la certitude… Eh bien c’était tout à fait ça, surtout depuis son séjour sous trois tonnes de neige.
Etre grosse quand on est gamine c'est un peu comme se jeter dans une fosse aux lions avec des menottes : on a peu de chances dans ressortir indemne.
[...] on ne peut jamais partager complètement la souffrance des gens qu'on aime. On ne peut que souffrir à côté d'eux.