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Citations sur Infidèles (74)

Sur la télévision en couleur le film avait déjà commencé.
Une femme blonde chantait. Dansait et chantait. Autour d’elle, que des hommes, des cow-boys heureux comme des enfants.
Je ne la connaissais pas.
Ma mère, elle, oui, la connaissait bien.
Avec une adoration sincère, elle a dit :
« C’est Marilyn ! Marilyn Monroe ! »
C’était comme si elle retrouvait une sœur perdue, aimée passionnément dans une autre vie. Une preuve que l’amour avait raison d’exister, de nous imposer sa loi divine. De partir sans raison. Et de revenir un jour tranquille, sans événement particulier.
Un amour qui dépassait ma mère, son genre, son sexe, son histoire. Au-delà de sa condition et de sa réalité. Le cinéma et Marilyn Monroe sortaient ma mère de son silence, de son refus constant d’exister dans les mots dits et redits.
« C’est Marilyn ! C’est elle ! C’est elle ! »
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« La chaleur de tes cuisses fait fondre mes soucis. »
Un des soldats de ma mère ne revenait que pour cela. Dormir sur les cuisses de ma mère. Trente minutes. Pas plus. Se réveiller. Dire cette phrase. Et partir.
Il était le plus vieux. 45 ans. Il passait toujours en dernier.
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Je regardais la télévision. C’est d’elle que j’ai appris à mieux distinguer les choses, les fils entre les gens. Le mal. Le bien. Les masques. Les langues. Les illusions.
Il ne fallait pas dire aux autres que nous avions une télévision en couleur. Ni aux voisins ni aux camarades à l’école. La jalousie, encore, toujours, partout. Se méfier des autres, de tous les autres. La nudité ne signifie pas révéler son âme, ses secrets, à tout le monde.
« Le monde ne comprend pas la terre. On ne sait plus être vrai. Tu ne dois jamais te livrer complètement aux autres, mon fils, même à ceux qui t’aiment. Résiste. Résiste. Ne dis pas tout de toi, de ton histoire, de ton cœur. Ne te donne jamais totalement. Personne ne mérite cela, cet honneur. Tu as compris ? »
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Deux ans pour connaître de l’intérieur un homme, un être humain, un sexe masculin. Savoir tout de ses paroles et de ses silences. De son souffle qui s’accélère. De son cœur qui devient fou. De sa jouissance. Son râle. Et son corps, au ciel, qui tombe violemment.
Deux ans pour m’inspirer d’un homme, le copier, marcher comme lui, me tenir comme lui, tomber comme lui, inventer dans ce monde une place près de la sienne, un chemin parallèle au sien.
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Le Maroc avait soudain besoin de plus de soldats. On les formait à Salé, à Kenitra, à Meknès, et on les expédiait au sud, dans le Sahara, défendre un désert soudain devenu un territoire national, une cause sacrée. Un tabou. Un mystère. Une fiction. De la science-fiction.
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C’était le pays des bandits, les vrais, des ivrognes rejetés de tous, des tueurs, des drogués. Une zone de non-droit juste à côté de la base militaire la plus importante du Maroc. Je n’ai jamais compris comment cela était possible. J’ai posé une fois la question à notre soldat. Lui non plus n’avait pas de réponse. Il s’est contenté de dire :
« C’est le Maroc ! »
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Je sais tout. Tout. Tout du sexe.
Je ne suis gêné par rien. C’est juste du sexe. Tout le monde en a besoin. Ma mère le donne. Parfois gratuitement. Elle s’offre aux autres. Et nous mangeons. On doit manger.
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La tristesse domine le monde. La scène. Les couleurs sont pourtant chaudes, éclatantes, violemment vivantes. Elles le seront tout le temps. On aura beau crier au scandale, ces couleurs ne changeront pas de ton, ne varieront pas. On sait qu’elles sont belles, qu’elles sont une célébration de la vie. On le sait. On le comprend et on est tristes. Dieu nous entend alors et nous rejoint dans notre tristesse infinie pour cet arbre coupé, enlevé, sans pieds. Dieu a pitié de nous. De lui.
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Il n’y a qu’elle, qu’Elle de vraie. La grande femme. La Berbère. La guerrière qui a combattu les Arabes, il y a des siècles, quand ils ont commencé à nous envahir, à nous obliger à changer de peau. Elle était la femme courage. La maligne. L’obstination. La liberté. La fierté. Notre déesse. Notre reine véritable. Notre Cléopâtre. Notre modèle à suivre. Tu la connais ? Tu la connais, n’est-ce pas ? Non ? Non ?
Tu dois la connaître. Demande autour de toi. Inspire-toi d’elle, de ses gestes, de sa fidélité à elle-même, à son corps, à son instinct. À son sexe.
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En guidant le zob de l’homme, en le dominant, tu serviras ton propre sexe. Tu auras des besoins. Tu sauras les satisfaire. Tu seras mauvaise aux yeux des autres. Et tellement épanouie au fond. Un soleil. Une lune. Une étoile. L’étoile.
Je le souhaite de tout cœur.
La vie est traîtresse, je le sais. Dieu est absent, nous le savons, toi et moi.
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