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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ils ont fui ou veulent fuir leur pays pour des raisons différentes. Ils ont des points communs, leur fragilité et leur ouverture aux autres.. leur désir d'amour ou d'amitié, l'espoir d'une vie meilleure, et leurs désillusions...
Zahira, prostituée depuis longtemps, émigrée en France, femme au grand coeur n'a plus beaucoup de charmes pour vivre. En fin de carrière, elle est le personnage central de ce roman, le personnage qui se souvient de la mort de son père relégué par sa mère au premier étage, père que ses enfants ne pouvaient approcher ...leur mère l'avait interdit...Elle a maintenant besoin de lui parler, d'être pardonnée...
Aziz, jeune algérien habillé en fille dès son enfance par ses soeurs, fera de Zahira sa confidente, il attend l'opération qui fera de lui Zanouba "Sans cette chose inutile entre les jambes qui me bousille la vie depuis toujours"...Il quittera ainsi le "territoire maudit des hommes", mais sera-t-il plus heureux après?
Et puis il y a Allal premier amour de Zahira. Resté au Maroc il cherche, à tout prix à la retrouver, pour assouvir une rancoeur tenace.."Elle doit mourir Zahira. C'est son destin, c'est comme ça"
Et d'autres histoires encore qui parfois se recoupent
Ce ne sont pas des vies de héros, mais celles de personnages simples, fragiles qui ont fui leur pays, la pauvreté qui s'offrait à eux, pour trouver une autre pauvreté, une vie précaire, l'exclusion d'un monde qu'ils idéalisaient, un monde cruel et égoïste, peu enclin à aider les plus faibles. Des vies brisées, qu'on essaye de raccommoder...mais il y aura toujours des trous
Un écriture violente parfois, impudique souvent, alternant avec une sensibilité à fleur de peau. Des phrases courtes et percutantes, des pages magnifiques et d'autres bouleversantes mais à la fin une impression de malaise indéfinissable...un malaise que l'auteur cherche à nous faire partager
Un jeune auteur que je ne connaissais pas, dont je souhaite poursuivre la découverte

Lien : http://mesbelleslectures.wor..
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Zahira se prostitue à Paris auprès des étrangers et des vieux maghrébins sans le sou. Ce n'est pas comme ça qu'elle gagnera bien sa vie, mais elle s'en moque : l'argent n'a jamais été son moteur. Ce n'est pas non plus les sous qui motivent Aziz, qui sera bientôt une femme. Ni d'ailleurs Mojtaba, iranien en fuite, ni même Zineb, disparue dans d'étranges conditions.

J'ai trouvé ce petit livre extrêmement touchant. Son action se passe entre Paris et ces « ailleurs » arabes et/ou musulmans que sont le Maroc, l'Algérie, l'Iran... C'est un livre qui parle des minorités. Minorités ethniques d'abord, puisque tous les personnages ont en commun d'être « issues de la diversité » comme dit cette horrible expression de notre temps. Arabes, noirs ou perses dans un Paris blanc qui ne leur donne pas toujours la vie facile. Minorités sociales également, car ces personnages, qui se prostituent pour plusieurs d'entre eux, n'ont pas forcément leur papier, bougent beaucoup pour échapper à la police ou à des tueurs... Mais aussi minorités LGTB. Trans ou homos, ils ont vécus des moments difficiles dans leur pays d'origine, et cela ne s'est pas toujours arrangé en France.

Je suis quand même un peu déçu de ce livre car je trouve que l'auteur est resté au niveau d'une description des personnages, mais que tout cela ne forme pas véritablement un roman – même un court roman. Alors oui les descriptions des persos sont très belles, dans une langue extrêmement touchante – j'ai envie de dire « poétique » en fait tant Abdellah Taïa joue avec les mots, le rythme des phrases, l'alternance du français et de l'arabe. Mais je n'ai pas trouvé cela tout à fait satisfaisant. Ou plutôt : un peu frustrant.

C'est parce que j'ai aimé ce livre. J'aurais voulu aller plus loin, que l'auteur prenne ces personnages si bien racontés pour en faire une longue histoire avec sa plume si particulière.
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Il y a l'exil qui relie chacun des personnages de ce roman. L'exil comme seule issue à un Maroc enfermé dans ses traditions et sa religiosité. L'exil pour fuir un destin tout tracé que le corps des personnages refuse. L'exil oui, mais après ? le monde n'aime guère les exilés. Il les parque aux confins des villes dans des lieux minables où règnent toutes les misères possibles. Pour survivre, il faut plonger dans la marge quitte à s'y enfoncer à jamais. Reste la possibilité de rêver, unique brèche d'espoir dans une destinée pourtant tracée.
Il y la culture originelle, celle qui colle à l'esprit, celle qui quoiqu'on fasse, où que l'on soit, sert malgré tout d'étais dans les mauvais jours toujours plus nombreux. On fait appel aux djinns, aux sorciers pour essayer d'avoir une petite emprise sur le monde qui nous échappe. On retrouve les odeurs d'une cuisine gourmande, sucrée, aromatique, on s'emplit la tête de films indiens ou égyptiens. On a beau avoir bravé de nombreux interdits, le réconfort vient surtout du souvenir de ce lieu natal à l'empreinte indélébile.
Il y a le sexe, tabou, caché, mais pourtant si présent. Il est pour les personnages de Taïa indissociable de leur destinée, souvent le motif principal de leur fuite. Il pourrait aussi devenir un pouvoir ou tout du moins un moyen pour s'extraire de la précarité. Prostitution, homosexualité, transsexualité traversent le roman comme un plaidoyer pour un possible regard indifférent des autres.
Il y a le roman, qui, comme le précédent, "Infidèles", est construit d'une façon un peu maniérée. le récit est plutôt gigogne et choral. Plusieurs personnages illustrent le propos de l'auteur, plusieurs histoires qui parfois se recoupent. J'y ai trouvé des pages magnifiques (la lettre de l'exilé iranien à sa mère), d'autres bouleversantes ( le désarroi d'Aziz à la suite de son changement de sexe) mais j'y ai rencontré aussi une certaine déception.
J'avais entendu un entretien de l'auteur sur une radio du service public qui m'avait emballé. Sa voix calme, douce et posée, exprimait avec des paroles fortes, sèches, tranchantes, militantes, sans concession, toute la misère de notre monde, laissant également entrevoir la difficulté de son parcours. Il parlait sans acrimonie, mais ses mots étaient de ceux qui donnaient envie de se lever pour essayer de changer un peu le cours des choses. On retrouve cela dans son livre mais, hélas pour moi, dilué dans une écriture aux effets de style assez opposés.
La fin sur le blog
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Dans ce livre l'auteur donne la parole à des exclus de la société, tant dans leurs pays d'origine, que dans celui dans lequel ils se sont échoués, et où ils n'arrivent pas à trouver, ni à faire leur place.

Tout d'abord c'est Zahia qui se raconte. Venue du Maroc il y a dix sept ans, elle habite le quartier Barbès à Paris et se prostitue pour faire vivre le reste de sa famille restée au pays. Toutefois, n'étant plus de la première jeunesse, elle en est arrivée à pratiquer des tarifs défiants toute concurrence, et fait dans le « social » pour des clients peu fortunés. Son ultime espoir de sortir de cette fange - et elle est prête à tout pour cela - est d'épouser un de ses clients réguliers sri-lankais musulman propriétaire de plusieurs commerces.

Elle a pour ami Aziz, algérien transsexuel, prostitué également, en attente d'effectuer une réassignation d'identité afin de devenir la femme qu'il s'est toujours senti être. Tous les deux rêvent, s'inventent des histoires et s'identifient aux héros des films indiens, qu'ils se passent en boucle à longueur de soirée.

Il y a aussi, Mojtaba, iranien et réfugié politique errant dans Paris, qui suite à un malaise dû à l'épuisement est secouru par Zahia, qui l'accueille chez elle, l'entretien, et en tombe amoureuse. Bonheur éphémère. Leur histoire prends fin brutalement lorsque Mojtaba disparaît sans prévenir vers un autre pays d'asile ou un avenir serait possible.

En toile de fond, il y a Zineb la soeur de Zahia disparu à l'âge de 16 ans au Maroc, sans laisser de trace. On apprendra à la fin du récit, qu'arrêtée par la police française lorsque le Maroc était encore sous Protectorat, elle a été envoyée dans le quartier réservé du Bousbir, où elle est devenue « fille de réconfort» pour la soldatesque, avant de s'engager auprès des autorités françaises, pour suivre un soldat en Indochine ou la guerre faisait rage.

Allal, ouvrier maçon marocain, mais noir de peau, amoureux transi de Zahia lorsque celle-ci était encore une enfant , et dont la mère lui a refusé la main par haine de ces descendants d'esclaves - qui ayant appris ce que faisait pour vivre son ancien amour, décide de la retrouver à Paris pour lui faire payer ce déshonneur.

Tous ces destins de pauvres, sont liés directement ou indirectement à l'histoire de France et à Paris - ville fantasmée, de liberté, qui cristallise tous les espoirs des ressortissants des anciennes colonies ou Protectorat – nous sont livrés en vrac, avec un peu d'amertume, voire de ressentiments, me semble-t-il par Abdellah Taïa, qui en profite pour aborder divers problèmes, immigration, exploitation, islamisme, prostitution.

Pour ma part, même si je comprends le message qu'a voulu faire passer l'auteur, je n'y suis pas réellement sensible. Ces personnes sont déjà marginales dans leur pays de par leur pauvreté. Leur manière de vivre ne fait qu'accentuer cette marginalité. de plus, le racisme envers les noirs est bien réel dans les pays musulmans où l'esclavage perdure. La prostitution a toujours été un déshonneur peu importe le pays d'où l'on vient. Les transgenres ne sont toléré (es) que dans un pays musulman (Iran) sauf erreur. Les travailleurs quels qu'ils soient sont encore et malheureusement souvent exploités (peu importe leur pays). Quant aux divergences politiques, elles affectent tous les pays où sévit une dictature.

On ne peut toujours se retrancher sur le colonialisme ou l'après colonialisme pour justifier le retard d'évolution d'un pays et justifier l'exil et la misère de ses ressortissants. Si la non intégration provient souvent du racisme, et là je suis d'accord. L'intégration vient, elle, d'une certaine force de caractère et de la volonté de vouloir faire partie de la Société dans laquelle on évolue en se conformant à ses valeurs… !

Ceci dit j'aime beaucoup les écrits d'Abdellah Taïa qui sait donner la voix à une « minorité » magrhébine et souvent pauvre que nous croisons avec une certaine indifférence, tous les jours, et ce, autrement que pour des affaires d'intégrisme religieux
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Une femme parle à son père, il était tombé, avait passé plusieurs mois à l'hôpital et la mère, à son retour, l'avait exilé seul à l'étage non terminé de la maison ; elles l'entendaient marcher. Elle s'appelle Zahira, a maintenant une quarantaine d' années et est devenue prostituée, en France.
Puis c'est Aziz qui parle, celui qui a été si heureux avec ses sept soeurs, celui qui va changer de sexe demain pour devenir comme une de ses soeurs ; lui aussi se prostitue à Paris, Zahira est son amie. Un fois opéré, Aziz devient Zannouba ; mais c'est difficile, elle est devenue femme mais ne sait pas ce que c'est qu'être une femme. Très beau dialogue entre Aziz et zannouba, les deux faces d'un même être.
Zahira rencontre un homme à la sortie du métro ; harassé, désorienté il s'évanouit dans ses bras. C'est un jeune homme, Mojtaba, un bel iranien, qui a dû fuir l'Iran d'Ahmadinejad ; elle s'occupera quelques temps de lui, puis il partira vers Londres ou Stockholm.
Dernière partie Allal apprend que Zahira "fait la pute en France pour les mécréants", il veut la tuer ; c'était sa promise dans le temps...

Un livre comme un cri, plein de violence et de douceur ; une écriture brusque et poétique ; tout est paradoxe et humanité dans ce livre sur l'exil, l'amour et la solitude, la fraternité et la défiance ; le destin, la place - une seule ? - qui nous est réservée à notre naissance.
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"Un pays pour mourir" est de ces récits qui se lisent en apnée, porté par les voix d'héroïnes exprimant les souffrances comme les espoirs de leur féminité malmenée.

Zahira, marocaine, est prostituée à Paris depuis plusieurs années. Métier qu'elle exerce, surtout maintenant qu'elle se sait en fin de carrière, davantage par compassion que par pragmatisme, offrant son corps pour quelques euros aux migrants que l'état du monde pousse sur les routes. Elle est sans doute l'unique amie d'Aziz, qui, à l'issue de l'opération qu'il a finalement décidé de subir, deviendra Zannouba, avec ce fol espoir qu'enfin, son corps sera en osmose avec la véritable et profonde identité que ce huitième enfant d'une famille uniquement composée de filles a toujours revendiquée.

A travers dialogues ou monologues, les deux femmes abordent l'intime, les traumatismes anciens dont elles continuent de subir les résonances -le suicide dissimulé d'un père, l'autoritarisme rabaissant d'une mère-, mais aussi l'apaisement que la maturité leur a parfois permis d'aborder. Et comme en aparté, elles se font également les porte-paroles d'autres femmes, dont elles racontent les histoires d'amour impossible, de courage ou de renoncement, composant ainsi un tableau aux multiples figures qui deviennent ainsi les symboles d'une condition féminine souvent maltraitée, soumise, en même temps qu'elles sont les garantes de la solidarité, de la douceur et de la générosité qui permettent de calmer les douleurs que les violences et les humiliations leur font subir.

Elles sont, enfin, les représentantes de ce peuple de l'ombre qui hante les rues des métropoles occidentales, tentent de reprendre en main un destin qui les renvoie sans cesse à leur statut de victime. Elles paient leur conquête d'une pseudo-liberté dont les hommes riches et respectables à qui elles permettent d'assouvir leurs besoins primitifs, voire pervers, tiennent les rênes, au prix fort : celui de la solitude et de l'exil.

Choeur sororal où s'entremêlent détresse sociale et communion des corps, quête identitaire et besoin d'émancipation, "Un pays pour mourir" est un texte abrupt, dont la sonorité, à la fois violente et sensuelle, frappe le lecteur. L'auteur accentue ainsi l'intensité dramatique de son récit, qui par moments s'apparente même à la transcription d'une transe, le dotant d'une puissance émotionnelle qui ne peut laisser indifférent.


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Une plongée dans un Paris sordide où la prostitution semble la seule façon de survivre pour Zahira et son ami Aziz qui veut changer de sexe . La prostituée marocaine accueille pendant le mois du ramadan un homosexuel iranien . L'espoir s'invite avec Allal qui qui va quitter le Maroc pour retrouver Zahira .
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