Ça y est, voici enfin le dernier tome d'Orange. Je l'attendais avec impatience, mais une fois dans les mains, je n'ai pas pu le lire tout de suite. L'appréhension du dernier tome. Et puis au final, je me suis dit que je devais avoir confiance en
Ichigo Takano. Elle ne m'a jamais déçue et je voyais mal la mangaka bâcler ou ne pas faire une fin appropriée à sa série.
Nous sentons dès le début de ce tome que nos héros sont à un point critique concernant Kakeru. La date de son suicide se rapproche, et les cinq amis ne savent pas si toutes leurs actions ont pu faire quelque chose ou pas pour éviter cela. L'émotion est palpable dès les premières pages et elle ne nous quitte pas de tout le manga. C'était un peu anxiogène dans le sens où aucune fin précise ne se profilait vraiment. Je pense que beaucoup de lecteurs veulent que Kakeru soit sauvé, j'en fait partie, mais d'un autre côté imaginer une fin où les héros ne parviennent pas à accomplir leur mission aurait été certes douloureuse mais tout aussi intéressante. C'est donc un peu les montagnes russes et la boîte de mouchoirs n'était pas loin.
Comme dans les tomes précédents, nous avons droit à de brefs passages du futur, mais aussi, et j'ai trouvé cela très bien de la part de l'auteur, d'un chapitre où l'on voit Kakeru agir comme il l'avait fait dans le « premier » passé. Cela nous permet de découvrir énormément de choses sur lui. Car s'il est au centre de toute l'histoire jusqu'à présent, il a toujours été un personnage « mis de côté », un peu comme si il faisait partie de l'histoire sans en être réellement le protagoniste. On comprend alors ce qu'il ressent vraiment, ses fragilités, pourquoi il va mal, pourquoi tout lui semble perdu. Je l'ai déjà dit mais je pense que c'est une très bonne chose pour l'histoire. Kakeru ou plus exactement son acte prend une autre dimension. Disons que son suicide prend du sens, qu'on le comprend, même si un tel acte est toujours difficile et incompréhensible d'une certaine façon.
Le reste du manga se focalise surtout sur le tournant du premier de l'an et de ses conséquences. Nos cinq amis se démènent comme ils peuvent, mais l'incertitude est toujours là. Et pourtant, ils n'abandonnent pas. Pour moi, Orange reste avant tout un manga sur l'amitié plus que sur le suicide. L'amour de Naho, Suwa, Azu, Takako et Hagita est un rayon de soleil. Ils sont les amis que n'importe qui rêverait d'avoir. Bien sûr il y a aussi la douleur de Kakeru, et le sujet est traité avec pudeur et justesse. Mais le geste d'amour des cinq adolescents s'étend pour moi à toutes les situations difficiles qu'un ami pourrait rencontrer.
Il est difficile de parler de la fin sans spoiler. Disons que j'ai trouvé le choix de l'auteur à la hauteur de sa série. Je regrette juste de ne pas avoir eu droit à un passage du nouveau futur. Même une brève image pour bien boucler la boucle. C'est vraiment la seule chose que je pourrais regretter dans ce manga. Même l'explication un peu bancale de l'envoi des lettres dans le passé ne m'a pas gêné. C'était drôle et puis de toute façon, un brin de mystère ne fait pas de mal.
Une série de cinq tomes réussie. J'ai adoré suivre les six adolescents, le style graphique de la mangaka, la douceur et la mélancolie qui se dégageaient, les sujets traités avec finesse et pudeur mais toujours avec des petites touches d'humour pour ne pas plonger le lecteur dans l'angoisse.
Je n'ai pas lu le chapitre bonus. Si vous lisez mes critiques mangas depuis un moment, vous savez que je ne l'ai apprécie pas vraiment. Par contre, il y a un mot de l'auteur à la dernière page que j'ai trouvé émouvant. Un petit plus que j'ai vraiment apprécié.
Ichigo Takano est une auteur à suivre de près sans aucun doute.