Citations sur L'éternité dans une heure (14)
Le changement nous semble mystérieux parce qu'il est invisible. II est impossible de voir un arbre grandir ou un homme vieillir, sauf par le biais précaire de l'imagination. Un arbre est d'abord petit, puis il est grand. Un homme est jeune, puis il est vieux. Un peuple est en paix, puis il est en guerre. Dans chaque cas, les états intermédiaires sont à la fois infiniment nombreux et infiniment complexes, c'est pourquoi ils dépassent nos perceptions finies.
Je sais que la nuit est favorable à l’imagination; à cette heure, dans toute la ville, des artistes taillent leurs crayons, mouillent leurs pinceaux et accordent leurs guitares. D'autres, avec leurs théorèmes et leurs équations, s'adonnent de la même façon aux possibilités du monde.
Gagner aux échecs, c’est simple : la victoire appartient à celui qui commet l’avant-dernière erreur.
Chaque flocon, aussi unique que chaque nombre, nous apprend quelque chose sur la complexité. Voilà peut-être pourquoi nous ne nous lasserons jamais de les admirer.
Si on sait les regarder, les nombres font de nous des humains meilleurs.
Gagner aux échecs, c'est simple : la victoire appartient à celui qui commet l'avant-dernière erreur.
Je marche un moment, longeant la Seine, la nuit dans mes cheveux, dans mes poches et sur mes vêtements. Je sais que la nuit est favorable à l'imagination ; à cette heure, dans toute la ville, des artistes taillent leurs crayons, mouillent leurs pinceaux et accordent leurs guitares. D'autres, avec leurs théorèmes et leurs équations, s'adonnent de la même façon aux possibilités du monde.
Le monde a besoin d'artistes. Chacun d'eux transforme sa portion de la nuit en mots et en images, en notes et en nombres. Un mathématicien dans son bureau aperçoit une chose restée jusque-là invisible. Il est sur le point de transformer l'obscurité en lumière.
Quelque part dans Pi, au bout de milliards et de milliards de chiffres, on rencontre cent 5 d'affilée ; ailleurs, mille fois l'alternance 0 et 1. À une distance inconcevable dans ce bourbier de chiffres, si l'on s'y aventure plus longtemps que la distance qui nous sépare du Big Bang, la séquence 123456789... se répète 123 456 789 fois de suite. Si seulement nous pouvions aller assez loin, nous trouverions les premières décimales (les cent, les mille premières, le million ou le milliard de premières) impeccablement répétées, comme si à tout instant tout allait recommencer au poont de départ. Et, pourtant, ce n'est jamais le cas.
Au Brésil, les Munduruku imitent la quantité en accordant une syllabe supplémentaire à chaque nouveau nombre : un se dit pug, deux se dit xep xep, trois se dit ebapug, et quatre, edadipdip. Dans ces conditions, on comprend qu'ils n'aillent pas au-delà de cinq.
Quand l'inspiration leur manque, certains journalistes de télévision se livrent parfois à cet exercice sur un malheureux ministre de l’Éducation. Grimaçant sous son maquillage à l'intention des caméras, l'intervieweur caresse ses notes, s'éclaircit la gorge et demande : "Une dernière question, monsieur le ministre. Combien font huit fois sept ?"
Chaque fois, je pousse un profond soupir. Il est bien triste de voir les mathématiques réduites au souvenir (ou le plus souvent, à l'absence de souvenir) de règles apprises à l'école.