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Traduit du japonais par Sophie Refle.
1868, le Japon entre dans l'ère Meiji, « le gouvernement éclairé » se met en place . L'autorité féodale du Shogun prend fin. le Japon est sommé par l'occident d'ouvrir ses ports aux commerce international. le Japon devra se soumettre aux « traités inégaux. » Un mot d'ordre : «  esprit japonais et méthodes occidentales ». A marche forcée le Japon devra changer politiquement ; La nouvelle bourgeoisie prend le pouvoir politique. Les Samouraïs sont désarmés. L'industrie et le commerce deviennent les valeurs fondamentales du nouveau Japon. Un système éducatif ouvert sur l'occident et une armée forte et moderne seront les outils de la révolution industrielle japonaise. le capitalisme vient de faire institutionnellement son entrée au Japon. Son rythme effréné entraînera un bouleversement sans précédent dans toutes les couches et structures de la société. Car en même temps que le Japon installe sa nouvelle machine économique elle fait entrer également les idées nouvelles qui en ce début du 20 e enflamme tout l'occident. le mouvement ouvrier et syndical nippon voit le jour. Ce qui dans un Japon resté profondément attaché à ses valeurs traditionnelles, est perçu comme un crime contre la sûreté de l'état.
Les militants communistes, anarchistes, révolutionnaires sont surveillés, pourchassés, arrêtes, interrogés, . Une police politique contrôlée par le pouvoir impérial se met en place.
« En mai 1910, le gouvernement japonais entend donner le coup de grâce à ce mouvement. Après la perquisition au domicile de Miyashita Takichi, ouvrier dans une scierie de Nagano, et la découverte de matériel destiné à la confection d'engins explosifs, la police lance un coup de filet dans les milieux révolutionnaires. C'est l'Incident de Haute Trahison.
Shosui Kôtoku est arrêté, ainsi que son ex-épouse, la journaliste révolutionnaire et féministe, Kanno Sugako (photo). Dans tout le pays, ce sont 26 personnes qui sont arrêtées et accusées de complot contre l'empereur. Malgré l'absence de preuves concernant la quasi-totalité des accusés, 24 d'entre eux sont condamnés à mort, et si la peine de la moitié d'entre eux est commuée en peine de prison à perpétuité, onze sont exécutés, dont Shosui Kôtoku et Kanno Sugako.
Les condamnés de 1908 sont de nouveau interrogés et n'échappent aux poursuites que parce qu'ils étaient en prison au moment du présumé complot.
Pour les révolutionnaires japonais, le temps de la répression la plus dure commence. Les lois de Préservation de la Paix sont durcies, afin de réprimer tout mouvement social. La police de la pensée, la Tokkô est mise en place dès 1911. Au sein du ministère de la justice, les "procureurs de la pensée", shiso kenji, condamnent les opposants ou tentent de les "rééduquer". A mesure que le totalitarisme et le militarisme se développent, la répression contre les communistes et les anarchistes s'intensifie. » La contre histoire, article de juin 2014…
L'ère Meiji, aura été une époque de tous les plus violents paradoxes pour le Japon et un traumatisme qui allait se propager durant plusieurs générations.
Ainsi, les uns se retrouvaient noyés dans la nostalgie d'une époque « féodale » qu'on leur demandait d'oublier , et de qui pourtant on exigeait de toujours se soumettre sans restriction à des règles éternelles ; les autres, ouverts à la littérature, à la philosophie, aux arts de l'occident , dont le pouvoir avait exigé et dirigé l'assimilation, prenaient conscience individuellement de l'internationalisme global du capitalisme, devaient toutefois se soumettre au diktat impérial faute de quoi ils se voyaient exclus de l'ordre social… Un véritable casse tête japonais prenait forme.
Les lettrés pensaient révolution. le pouvoir répondaient : soumission.
Ceux qui se rêvaient citoyens, et espéreraient en un respect d'une liberté individuelle au nom du bonheur de tous, durent très rapidement comprendre qu'ils devaient se comporter toujours en sujets, agents, au service d'une entreprise collective. Ce gouvernement dit éclairé allait faire pénétrer bien des amertumes, et des doutes dans une grande partie de la population.
Ce troisième tome de cette manga , à travers le récit  des destins « empêchés » de Futabei Shimei, maître du roman moderne japonais, et de Mori Ogai, romancier et traducteur, nous permet de mieux comprendre l'étau psychologique dans lequel l'âme et le coeur de nombreux japonais se retrouvèrent pris.
« L'idée qu'au fond le début de la modernité avait été beaucoup plus dramatique que la guerre s'est formée en moi. La matrice de nos pensées et de nos réactions a été formée, je crois, à ce moment.
Depuis cette époque et jusqu'à aujourd'hui , la civilisation occidentale, par nos contacts et frictions avec elle, nous a prodigué ses bienfaits et nous a simultanément fait souffrir. Pour dire les choses encore plus précisément, les souffrances du Japon ou peut être de l'Asie ont commencé lorsque les occidentaux sont devenus à nos yeux plus beaux que les asiatiques. Et ces souffrances, ou du moins ce malaise, demeurent en moi qui vis ici, et ne sont pas encore liquidées. Cette époque contient la matrice de notre présent. » Natsuo Sekikawa.
L'ère Meiji s'instaurait, les salons parisiens japonisaient...
« Japonismes 2018 : les âmes en résonance...L'année 2018 marquera le 160e anniversaire des relations diplomatiques entre le Japon et la France, ainsi que le 150e anniversaire du
début de l'ère Meiji lorsque le pays s'ouvrit à l'Occident. » Préambule de la manifestation : Japonismes 2018, qui se tient cette année en France. A méditer.

Astrid Shriqui Garain

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Je trouve que ce troisième tome ( édition Seuil ) est le plus intéressant de la série même s'il souffre d'une construction alambiquée avec plusieurs récits dans le récit. Pour simplifier, ce volume est centré sur Mori Ogaï, militaire, médecin, historien, traducteur et inventeur du roman autobiographique à la japonaise.
Bénéficiant d'une bourse des Armées, il part étudier en Allemagne, se passionne pour la civilisation occidentale et tombe sous le charme d' Elise Weigert une belle danseuse en détresse. Il retourne au Japon avec elle, bien décidé à l'épouser. Mais il doit y renoncer sous le poids de la pression familiale, mais aussi militaire et politique. Elise, qui a fait forte impression sur les amis d'Ogai, retourne en Allemagne. Mori Ogai devient médecin miltaire, se conforme au mariage prévu par sa famille mais la nuit se consacre à l'écriture. Elise Weigert devient plus tard l'héroïne de son roman, en grande partie autobiographique intitulé La danseuse.
Ce manga illustre parfaitement la question des rapports complexes qu'entretient le Japon avec l'occident pendant l'ère Meiji.

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Nous sommes toujours dan le Japon de l'ère Meiji (début du XXème siècle) et l'on assiste ici à la mort d'un très grand écrivains japonais, Futobatei. Les personnes qui assistent à son enterrement sont pour la plupart toutes issues du milieu littéraire et grâce à cette mise en scène, Sekikawa et Taniguchi nous offrent un superbe panorama de la littérature japonaise de ce début de siècle. Parmi toutes les personnes présentes ici se trouve Mori Mintaro, un militaire qui nous plonge 25 ans en arrière qui nous raconte comment, pour servir son pays, il a renoncé à l'amour. En effet, le Japon qui se croyant inférieur, s'évertuait à l'époque de tirer des leçons de l'Occident (sans parfois se rendre compte que su certains points, il était bien plus développé que lui) refusait cependant à ce pauvre militaire d'épouser une belle jeune femme allemande, dont il était tombé éperdument amoureux lors de son voyage en Europe sous prétexte que cela pourrait nuire à sa carrière.
Magnifique ouvrage où l'on découvre les us et coutumes de ce pays que l'on connait parfois mal et qui avait un très grand sens de la morale et de l'honneur mais qui était souvent extrémiste lorsqu'il prônait le fait qu'un individu devait vivre avant tout pour sa famille et sa patrie plutôt que pour lui-même !
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Je n'ai pas trop aimé ce tome 3. Poète pas très sympathique et sans cesse a relaté les mêmes soucis : argent pour son loyer, son bus, etc. et doit faire venir sa famille (répétitions énervantes).
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Relativement désespérée par le tome 2, j'étais sur le point d'abandonner la série quand j'ai pensé à consulter les avis des Babelionautes... Et bien m'en a pris !
Excellent tome 3 qui nous fait suivre deux grands écrivains de l'ère Meiji, Futabatei et Mori Ogaï, se cotoyant autour d'une jeune Allemande que Mori Ogaï s'était engagé à épouser, mademoiselle Elise, jeune femme qui lui a inspiré son oeuvre @la danseuse.
Je trouve que c'est, de loin, le meilleur des trois premiers tomes à tous points de vue : le dessin est encore plus majestueux (très vivant, avec des choix de cadrage audacieux, des scènes dynamiques, des portraits toujours aussi réalistes) ; le scénario est bien construit, sans répétition, il coule tout seul et se lit très vite ; on est vraiment plongé dans l'atmosphère, les idées, les contradictions et tourments individuels dûs à l'ère Meiji.
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Très beau volume qui suit l'expérience erratique de la vie d'un écrivain qui échoue à devenir celui qu'il rêve.
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Elle est bizarre, cette série: on s'attache à des héros, tous écrivains et de plus en plus jeune, si bien, que l'on a d'autant plus l'impreesion d'une remontée dans le temps! Et puis l'histoire n'est pas racontée dans l'ordre. Et puis, en plus, le héros de ce volume est une vraie plaie: il a des trous sans poches autour et n'a aucune parole, concernant ses dettes! Raïlle, aïlle, aïlle. Je relirai probablement la série quand je serai plus mûre, plus au calme, plus au courant encore de l'histoire littéraire du Japon.
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Autant le personnage du professeur Soseki et de quelques-uns de ses "disciples" est sympathique, autant j'ai eu énormément de mal avec celui de Takuboku qui dépense l'argent qu'il ne possède pas avec insouciance et laisse sa famille mourir de faim loin de lui.
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J'aime beaucoup Jiro Taniguchi, mais le charme n'est pas resté au long de ces trois volumes. En fait je n'ai même pas tenu et ai abandonné avant la fin du premier tome.

Non pas que le dessin soit moins bon ou que les talents de conteurs du maître mangaka soient estompés, mais uniquement parce que la thématique ne m'a guère retenu. Pour réellement bien apprécié ces 3 livres, il faut avoir une culture littéraire japonaise. Bien qu'il y ait des notes de bas de page pour expliquer qui sont les personnages mentionnés, leur vie ou les courants littéraires qu'ils ont insufflés, on ne saisit pas toute la subtilité de cette période japonaise.

D'habitude nous pouvions nous identifier au héros, surtout un Héros ordinaire, cette fois-ci nous n'arrivons pas à nous projeter dans l'histoire. Ce qui est bien dommage car comme à son habitude Taniguch amène certaines planches merveilleusement dessinées ; la vue sur les toits de la ville dans le premier tome est admirable.

Lien : http://quoilire.wordpress.co..
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