Le Sommet des dieux, tome 4

Tandis qu'à l'intérieur de la tente régnait un silence oppressant, à l'extérieur le vent soufflait et la montagne grondait.

Quel est le sens de la vie, quel est son but?

HABU : Et toi, dans quel but tu fais de l'alpinisme ?
FUKAMACHI : Ben... pour être franc, je ne sais pas trop.
Peut-être pour la raison que Mallory a donnée... parce que la montagne est là.
HABU : Ça n'a rien à voir.
FUKAMACHI : Pardon ?
HABU : Ça n'a rien à voir. Pour mon cas, du moins.
Ce n'est pas parce que la montagne est là.
C'est parce que moi je suis là.

Pendant la journée, toutes les demi-heures environ, résonnait le grondement d'une avalanche déclenchée par le glissement d'une plaque de neige dur la paroi du Nuptse.

En toute chose, il faut savoir saisir sa chance, sans attendre que quelqu’un le fasse pour vous. C’est aussi valable à l’échelle individuelle qu’à l’échelle internationale. Lorsque l’on veut quelque chose, il faut s’en emparer soi-même.

Peu d'hommes sont dignes de monter tout là-haut pour questionner le ciel.

La montagne.
Là !!!
Bouleversante.
Inaltérée.
Accablante.

HABU : C'est une drogue.
FUKAMACHI : Une drogue ?
HABU : Oui. Une fois qu'on s'est retrouvé agrippé à une paroi, une fois qu'on y a goûté... la vie de tous les jours devient insipide.

Il se sentait en bonne condition. Il n’aurait pas cru son corps capable de lui apporter un tel sentiment de plénitude.

La montagne. Là !!! Bouleversante. Inaltérée. Accablante. La roche inhale le vent de la stratosphère. Prise dans cette atmosphère gelée, la neige mastique le temps. Fukamachi se tenait là. Bien là. Face à lui, le Nuptse, ce géant. Juste devant lui s’étendait la cascade de glace. 1500 ans pour que les neiges du sommet de l’Everest gèlent et parviennent jusqu’ici. Fukamachi était là, au milieu de ce temps vertigineux. Seul au pied de la cascade de glace, il s’imprégnait des cieux.