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Citations sur Un amour insensé (32)

Il faut donc que je note ici, grosso modo, quel aspect physique présentait Naomi sur la plage de Kamakura, au mois d’août, quand elle avait quinze ans. Elle devait mesurer à l’époque trois ou quatre centimètres de moins que moi. (Ici je dois signaler que, si j’étais solide comme un roc, je faisais un peu moins d’un mètre soixante : un petit bout d’homme.) Mais le trait le plus marquant de sa constitution était qu’avec un tronc court, mais des jambes longues, elle apparaissait à distance comme nettement plus grande qu’elle ne l’était en réalité. Ce tronc, de dimension réduite, se creusait, s’étranglait à un point extraordinaire avant de rebondir dans sa partie inférieure en une croupe aux rondeurs pleinement féminines. La ligne d’ensemble faisait penser à un S. (…) Elle en était très fière, de ses jambes. « Jôji, comment trouvez-vous mes jambes ? Pas arquées, n’est-ce pas ? » disait-elle, marchant, s’arrêtant pour juger de l’effet, s’étirant de tout son long sur le sable, se contemplant elle-même avec une visible satisfaction.

(p. 38)
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Ce qui désormais existait entre nous, ce n'était ni une pure tendresse d'amoureux, ni de l'affection conjugale; tout cela s'était évanoui comme un rêve ancien. Qu'est-ce qui m'attachait donc encore à cette femme infidèle et souillée ? Son attrait physique, uniquement son attrait physique, qui me menait à la longe. Cela scellait l'avilissement de Naomi mais aussi le mien.
page 194
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Brusquement, elle jeta ses bras autour de mon cou ; et comme un employé des postes submergé de travail tamponne à tour de bras, elle appliquait furieusement l’incarnat de ses lèvres sur mon front, sur mon nez, sur mes paupières, derrière le lobe de mes oreilles, couvrant de baisers chaque pouce de mon visage. J’éprouvai une sensation délicieuse, comme si tombait sur moi une pluie de pétales de camélia, des pétales lourds, humides de rosée, veloutés, et je m’abandonnai à l’impression rêveuse que ma tête baignait complètement dans l’odeur de ces pétales.

(p. 95)
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Je n’en finirais pas de rappeler mes bons souvenirs de cet été-là ; restons-en là, sans oublier toutefois une dernière confidence. Je me mis en ce temps-là à lui faire prendre un bain chaud et à lui laver avec une éponge de caoutchouc le dos, les bras, les jambes. Comme, tombant de sommeil, aller aux bains publics était au-dessus de ses forces, elle se contentait au début, pour enlever le sel, de faire couler de l’eau sur elle dans la cuisine ou de se laver dans un baquet. « Voyons, Naomi, lui dis-je, si tu te mets au lit comme ça, fatalement ta peau va être toute collante ; laisse-moi te rincer, monte dans cette bassine. » Elle fit ce que je lui disais et se laissa docilement laver par moi. Peu à peu le pli en fut pris. Même la fraîcheur de l’automne venue, le jeu continua ; finalement, j’installai dans un petit recoin de l’atelier une baignoire occidentale et un tapis de bain isolés par un paravent. Tout l’hiver je lavai ainsi Naomi.

(p. 40)
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Ordinairement les personnes qui, comme elle, ont les épaules fuyantes et la nuque longue se révèlent maigres une fois dévêtues ; elle, c’était le contraire ; on ne s’attendait pas à ce qu’elle eût des épaules si charnues, si rondes, et une poitrine si étonnamment pleine, suggérant un souffle puissant. Quand je la boutonnais et qu’elle gonflait profondément ses poumons, que le mouvement de ses bras soulevait et faisait onduler les muscles de son dos, son maillot qui, même sans cela, atteignait presque le point de rupture se tendait jusqu’à la limite sur le renflement des épaules, menaçant de craquer d’un seul coup. En un mot, ses épaules regorgeaient d’une force secrète, de jeunesse et de beauté. Quand je la comparais furtivement à tant d’autres filles alentour, j’avais la nette impression qu’aucune autre n’offrait comme elle l’harmonieuse combinaison de solides épaules et d’une nuque gracieuse.

(p. 39)
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Ainsi que je l’ai noté précédemment, Naomi était plus petite que moi de deux ou trois centimètres. Quant à la comtesse, plutôt petite pour une Occidentale, sa taille dépassait néanmoins la mienne ; peut-être à cause des hauts talons ? En tout cas, lorsque nous dansions ensemble, sa gorge saillante touchait presque ma tête. La première fois qu’elle me dit : « Walk with me ! » et qu’elle coula son bras derrière mon dos pour m’apprendre le one-step, quelle violence je me suis faite pour ne pas effleurer sa peau de mon visage noiraud ! C’était déjà beaucoup que de le contempler de loin, cet épiderme lisse et net ! Serrer sa main semblait déjà presque une impolitesse : alors être pressé contre cette poitrine avec le seul écran d’un tissu soyeux prenait l’allure d’un interdit. Et que d’inquiétudes ! Si j’avais mauvaise haleine ? Si le contact un peu visqueux de mes mains grasses lui était désagréable ? Quand de temps à autre une de ses mèches retombait sur ma joue, je ne pouvais m’empêcher de frissonner. Qui plus est, son corps exhalait une odeur étonnamment suave.

(p. 83-84)
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Elle tira de son sein un mouchoir de papier et me le mit dans la main, ne voulant pas essuyer ses yeux elle-même. Mais, toujours coulant vers moi un regard direct, avant que je ne les essuie, elle redoubla de larmes tumultueuses qui remplirent ses yeux jusqu’au bord des cils. Et quels yeux ! D’une limpidité ! D’une beauté ! Quel dommage, me disais-je, de ne pouvoir cristalliser telles quelles ces larmes magnifiques et les conserver précieusement ! Je commençai par essuyer ses joues ; puis, sans toucher aux pleurs qui perlaient sur les cils, je séchai le tour des orbites. À mesure que la peau se tendait ou se relâchait, les larmes bousculées prenaient diverses formes, tantôt lentilles convexes, tantôt concaves, avant de crouler et de dévaler en traînées de lumière le long des joues que je venais d’essuyer avec amour.

(p. 95-96)
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C’était déjà pour moi un plaisir – plus qu’un plaisir : un honneur – que de pouvoir approcher de près une femme de race blanche. À parler franc, dégoûté comme je l’étais de ma gaucherie dans les contacts humains et de mon manque de don pour les langues étrangères, j’avais renoncé à toute chance de jamais faire une pareille rencontre. J’allais voir de temps à autre des troupes d’opéra occidentales ; je m’attachais aux visages des actrices de cinéma, un peu amoureux de leur beauté, comme en rêve. Et puis voilà qu’inopinément ces leçons de danse me ménageaient la chance d’approcher de tout près une Européenne – qui plus est, une comtesse ! (…) Quand Madame Chlemskaïa me tendit « sa blanche main », mon cœur malgré moi se mit à battre la chamade, au point que je ne savais plus trop bien si, cette main, je devais la saisir ou non.

(p. 82)
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« Avec seulement trente yens, je pourrais m’acheter ce kimono… Je vous les gagne aux cartes », lançait-elle comme un défi. Il lui arrivait de perdre ; mais alors, si elle voulait à tout prix cet argent, connaissant d’autres voies, elle faisait des pieds et des mains pour y parvenir. Afin de pouvoir utiliser ces « voies », elle mettait toujours, quand nous jouions, un peignoir ample, au mol débraillé voulu. Si les choses se présentaient mal pour elle, elle s’avachissait sur sa chaise en une pose inconvenante, découvrait largement son cou, allongeait les jambes. Si cela ne suffisait pas, étendue de tout son long la tête sur mes genoux, elle me caressait la joue, me pinçait le coin de la bouche en lui imprimant de petites secousses, essayait tous les artifices de séduction possibles et imaginables. Je mollissais sous ces assauts. En particulier, lorsqu’elle avait recours à son ultime ressource que je ne peux guère relater par écrit…, tout se brouillait, s’enténébrait dans ma tête ; mes yeux brusquement ne voyaient plus que du noir et je n’étais plus du tout à la partie que nous disputions.

(p. 66)
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À agir de la sorte, sa garde-robe, en l’espace d’une année, s’accrut dans des proportions considérables. Dans l’impossibilité de ranger tout dans sa chambre, elle accrochait ses robes partout où c’était possible ou les roulait et posait n’importe où. (…) L’atelier ressemblait à la garde-robe d’un théâtre ; il y en avait partout : sur les chaises, sur le canapé, dans les coins, même sur les marches de l’escalier et sur la rampe du palier des mansardes – pas un endroit qui n’eût reçu son lot, largué là avec la plus grande insouciance. Ajoutons que Naomi ayant la manie de plaquer les étoffes sur sa peau nue, comme on les lavait rarement, la plupart d’entre elles étaient fort sales.

(p. 48)
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