Citations sur Putain de Guerre, tome 1 : 1914, 1915, 1916 (BD) (20)
C'est là, au cœur du brasier, que je les aurais voulus, tous les gros malins : Joffre, le Président, le Kaiser, les ministres, les curés, tous les généraux, et ma mère pour m'avoir mis au monde !
C'était bien embêtant de devoir évoluer à découvert. Une balle tirée de la gueule d'un méchant Mauser manipulé par un sale petit con d'Alboche zélé pouvait vous coucher définitivement dans les foins et faire de vous, encore tremblant de trouille une seconde plus tôt, un mort bien inutile.
Je n'avais pas le sens des imprudences qui finissent mal, et dans cet abattoir ensoleillé, l'idée de rentrer à la maison commencait à me trotter dans le chou.
Je ferais un très bon mort, évaporé dans la confusion. Une sorte de putréfaction anonyme, un disparu. Qui s'inquiéterait d'un ouvrier tourneur aux établissements Biscorne de la rue des Panoyaux- Paris 20e arrt? Après tout, un pauvre ça crève dans l'indifférence totale.
"Elle s'industrialisait salement, cette guerre, et avec de gros profits réalisés sur nos cadavres, en plus ! Automobiles, aéroplanes, motocyclettes, auto-camions, saucisses et gros canons...C'est pas beau l'progrès ? On y était entrés de plain-pied dans le XXe siècle, ça on pouvait même dire qu'on y était entrés les deux pieds devant !"
"Les Tommies, eux non plus, n'étaient pas mécontents du déplacement. "Dieu est mon droit" contre "Dieu est avec nous"...Obligatoire que ça finisse mal ! Mais qui pouvait bien être ce Monsieur Dieu ? Encore un de ces faux-culs qui bouffent à tous les râteliers ! "Chacun pour soi et Dieu contre tous " : la voilà la vraie formule magique pour les petits enfants !"
Les Anglais tenaient à ce que les peuplades de leur empire colonial - qu'ils aveint "éduquées" et auxquelles ils avaient apporté les bienfaits inestimables de leur magnifique civilisation - participent un peu à leur guerre, ne serait-ce que par décence, histoire de rendre un petit service à leurs "bienfaiteurs"... Que les choses n'aillent pas toujours dans le même sens !
"Je pense que ces évènements sont fort heureux, il y a quarante ans que je les attends. La France se refait, et selon moi, elle ne pouvait pas se refaire autrement que par la guerre qui la purifie."
Alfred BAUDRILLART. Évêque.
Le Matin. 16/08/1914
1916
En janvier, on a eu de la neige, ça faisait plus propre, mais des morceaux de viande humaine retombaient quelquefois en flocons rouges sur le linceul dégueulasse du champ de bataille.
En janvier, on a eu de la neige, ça faisait plus propre, mais des morceaux de viande humaine retombaient quelquefois en flocons rouges sur le linceul dégueulasse du champ de bataille.
C'est qu'il en fallait de la viande humaine pour rassasier les appétits insatiables de nos maîtres !
C'est qu'il en fallait de la viande, pour nourrir les hommes qui allaient mourir, les boyaux à l'air, encore remplis de la bidoche chaude et puante des bêtes !
C'est qu'il en fallait, c'était fatal, de la viande, puisqu'on avait fait de nous des moutons d'abattoir !
La mort du gosse m'avait secoué. Le gosse ?... Il n'avait que deux ans de moins que moi ! En six mois de guerre, on avait tous pris vingt ans dans la poire et des allures de vieux bandits sanguinaires et prêts à tout.