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Citations sur Le Verger de Marbre (89)

- T'as oublié ton arme, lança Clem en enfonçant la cuillère dans la boîte de bicarbonate tandis que le shérif approchait.
- J'en ai pas besoin.
- Content que t'aies une si bonne opinion de moi.
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- T'as quel âge ? demanda-t-il.
- C'est quoi le rapport avec le reste ?
- Plein de rapports. Tu es jeune, ça se voit. Un type de ton âge, il croît que le monde vas se briser s'il tape assez fort.
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L'obscurité descendait sur les sentiers de chasse que Clem lui avait dit de suivre, et la balafre des étoiles et de la lune effaçait lentement les dernière traces du jours, les ombres se déversaient en averses granuleuses, telle la suie s'effritant d'un conduit de cheminée, la nuit s'épaississait progressivement et il n'y eut bientôt plus d'autre bruit que celui de ses chaussures glissant sur le tapis de feuilles sèches et de branches de pacanier.
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La Gasping River défilait , vive et écumeuse, le tumulte des eaux pourpres déversant vers l'aval des morceaux de bois flotté et autres décombres, traverses de chemin de fer et planches de pont, barges disloquées, portières de voitures, bidons de lait et pots de peinture. On trouvait de drôle de prises dans les robiniers, pneus et tapis de selle et autres épaves, ainsi qu'un négligé en dentelle suspendu à une branche épineuse tel un spectre lubrique, et, déterré par le déluge de quelque tombe des bas-fonds, un cercueil en bois de rose dérivait et tourbillonnait dans le remous avant d'être emporté par le courant, et dans l'obscurité des bois, loin du rugissement de la rivière, résonnait le plic ploc de la pluie, de sorte que ce monde paraissait froid et caverneux, plongé dans un abîme sans fin.
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Les femmes étaient des créatures qu'il fallait déchiffrer, cerner. Les hommes étaient plus simples. Eux tuaient et se faisaient tuer alors que les femme lambinaient, se laissaient moudre par le lent broyage des années jusqu'à devenir la poussière qu'on lance au vent.
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- Beam ?
- Ouais ?
- T'as déjà été dans un fusillade ?
- Non M'sieur.
Pete secoua la tête.
- Merde. J'espérais que quelqu'un ici saurait comment ce genre de bordel est censé se terminer. (Il passa sa main sur le fusil.) On dirait qu'y va falloir apprendre sur le tas.
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[...] Certains matins, une Cadillac blanche ancien modèle débarquait en ville et faisait une embardée pour s’arrêter au parking du Steff General Merchandise, la voiture oscillant sur son châssis lorsque le moteur s’éteignait dans un crachotement. Sur le siège arrière, une meute de six dobermans prenait des poses variées. Presto Geary se tenait au volant et à côté de lui se tenait Loat Duncan, dont le visage était masqué par le chapeau de paille auquel les gens le repéraient. Les hommes sur le porche de l’entrée du magasin lui faisaient des signes de tête ou le saluaient, mais Loat parlait rarement, parcourant la fraîche obscurité des rayons, absorbé par ses mystérieuses affaires. Les chiens attendaient dans la voiture. Ce n’étaient pas des animaux sympathiques, on les aurait crus importés de quelque désert inexploré, leur silhouette maigre et effilée rappelant celle du chacal, même s’ils étaient bien plus massifs et couverts de la fourrure noire et brun clair propre à leur race. Quand Loat et Presto émergeaient du magasin avec leurs sacs de provisions en papier marron, les hommes de l’entrée étaient contents de les voir partir, les chiens les rendaient nerveux car ils étaient clairement dressés pour la chasse, et cette chasse n’était autre que la chasse à l’homme. Une fois que la Cadillac s’éloignait dans un brouillard de poussière couleur d’os, les hommes à l’entrée reprenaient leur discussion, l’irruption de Loat orientant la conversation vers de funestes souvenirs.
— Il avait autour de la vingtaine, y m’semble, quand c’est arrivé, le truc avec Daryl.
— Il était jeune, ça je m’en souviens.
— Jeune, mais déjà mauvais.
— Y avait qui d’autre avec eux la nuit où c’est arrivé ?
— Clem Sheetmire. Tu le sais, ça.
— Oh. Ça me revient maintenant.
— Ils allaient tous les trois aux mines de Peabody. Bien sûr, les mines étaient fermées depuis un an à cette époque et cet été-là, si un type avait du cuivre chez lui, il avait intérêt à le planquer s’il voulait pas se le faire voler. Les gens allaient à la messe et trouvaient à leur retour les fils électriques arrachés des murs de leur maison, tellement le cuivre se vendait cher.
Le soleil s’était déplacé et tombait en biais sur l’auvent du porche, et les hommes avançaient l’un derrière l’autre vers l’ombre fraîche des marches en béton.
— C’est Daryl qu’a escaladé le poteau de transformateur à la mine. Ils croyaient tous les trois que le courant avait été coupé et j’crois que n’importe qui aurait pensé pareil, vu que les mines avaient fermé un an avant.
— Mais le courant avait pas été coupé, c’est ça ?
— Non, m’sieur. Daryl a escaladé le poteau avec un coupe-boulons et quand il est arrivé sur la ligne, ça a pété. Lui a arraché les bras tout net au niveau du coude.
Hochement de tête collectif.
— L’électricité l’a cautérisé, c’est ça ? C’est pour ça qu’il s’est pas vidé de son sang ?
— C’est ça. À part qu’y a des fois où il a dû regretter de pas s’être vidé de son sang. Ça doit pas être facile, la vie sans les bras.
— Non, j’imagine bien. Mais il a traîné Peabody devant les tribunaux et il a empoché un sacré pactole sur le règlement à l’amiable, c’est ça ? Alors que c’est lui qui les volait.
Mouvements de têtes exprimant leur incrédulité muette.
— Un autre truc que j’ai entendu, et c’est peut-être pas vrai, c’est que c’est Loat qui a fait lancer les dés à Clem et Daryl pour savoir qui escaladerait le poteau. Daryl a fait un petit score, c’est pour ça qu’il est monté là-haut et pas Clem.
— C’est ça qui s’est passé ?
— Ce que j’ai entendu. Comme quoi Clem gardait toujours une paire de dés dans sa poche tellement il était accro au jeu et il aurait joué avec Daryl cette nuit-là pour voir qui monterait. J’ai aussi entendu que ces dés étaient pipés.
— Du coup, j’imagine que ça explique pourquoi Daryl a plus trop voulu entendre parler de Clem après ça, non ?
Un des hommes tira un petit clou de charpentier de sa poche de chemise et commença à se curer les dents avec. Quand il eut terminé, il se pencha en avant et cracha dans la poussière par-dessus le porche.
— M’est avis que Daryl attend Clem au tournant depuis ce jour-là.
— Eh ben, il prend son temps, hein ? Tout ça, ça s’est passé y a vingt ans, ou plus.
— Ça fait rien. Il fera son affaire à Clem quand ce sera le moment. Attendez voir.
Les hommes grommelèrent leur consternation et leur désapprobation, leur respiration s’échappant en longues bouffées tandis qu’ils essuyaient la sueur de leur visage. Ils parlèrent d’autres choses pendant un petit moment, puis, après un temps, tombèrent dans un profond silence.
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[...] T’as déjà été dans une fusillade ?
— Non, m’sieur. Pete secoua la tête.
— Merde. J’espérais que quelqu’un ici saurait comment ce genre de bordel est censé se terminer. (Il passa sa main sur le fusil.) On dirait qu’y va falloir apprendre sur le tas.
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[...] - Je vais te dire un truc. Si tu vas à l’intérieur, y restera même plus assez de toi pour faire une tartine.
[... Il] fit volte-face et se dirigea à l’intérieur vers les ennuis qui commençaient.
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[...] Une fois qu’une chose meurt, elle commence à pourrir. Et c’est quoi la pourriture sinon une sorte de fantôme ? Tu crois pas que le sang reste la où il coule ? Tu crois que tous les malheurs qui viennent frapper certains endroits reculés s’évanouissent quand l’histoire est finie ?
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