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Citations sur Une Calomnie (4)

-Je ne l'embrasse pas du tout, dit Akhineïev, gêné, qui t'a raconté ça, espèce d'idiot ? C'est juste que j'ai clappé des lèvres par rapport à...en signe de satisfaction...A la vue du poisson...
-Tu m'en diras tant !
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Taranntoulov, le professeur de mathématiques, Padeqoi, le professeur de français et Iégor Viénédiktych Mzda, le sous-directeur de la Cour des comptes, assis côte à côte sur un canapé, se bousculant et se coupant la parole, racontaient des histoires de gens enterrés vivants et faisaient part de leurs opinions sur le spiritisme. Aucun des trois ne croyait au spiritisme, mais ils admettaient tous qu'en ce bas monde, beaucoup de choses échappent à l'esprit humain. Dans une autre pièce, Dodonski, le professeur de littérature, expliquait aux invités dans quels cas une sentinelle a le droit de faire feu sur les passants. Comme on le voit, les conversations étaient effrayantes, mais fort agréables. Du dehors, les gens auxquels leur rang social ne permettait pas d'entrer regardaient par les fenêtres.
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[...] ... Complètement rasséréné, Akhinéïev engloutit quatre verres de vodka. Le souper terminé et les jeunes mariés conduits dans leur chambre, il retourna chez lui et s'endormit d'un sommeil d'enfant. Le lendemain, il avait complètement oublié l'histoire de l'esturgeon. Mais, hélas ! l'homme propose et Dieu dispose. Les mauvaises langues avaient marché bon train et la ruse d'Akhinéïev s'avéra inutile. Exactement une semaine plus tard, c'est-à-dire le mercredi, après la troisième heure de classe, tandis qu'il discutait dans la salle des professeurs des mauvais penchants de l'élève Vyssekine, le directeur s'approcha de lui et l'attira dans un coin.

- "Voilà de quoi il s'agit, Sergueï Kapitonytch," dit-il. "Excusez-moi ... Cela ne me regarde pas, mais je suis néanmoins obligé d'attirer votre attention ... Mon devoir m'oblige ... Il court le bruit que vous avez une liaison ... avec ... cette cuisinière ... Je n'ai rien à dire, mais ... vivez avec elle, embrassez-la tant que vous voudrez ... mais, je vous en prie, ne vous affichez pas ainsi ! N'oubliez pas que vous êtes un pédagogue."

Un frisson parcourut l'échine d'Akhinéïev. Comme piqué par un essaim d'abeilles ou arrosé d'eau bouillante, il partit aussitôt chez lui. Sur son chemin, il lui semblait que toute la ville le regardait comme s'il eût été enduit de goudron ... Un nouvel ennui l'attendait à la maison.

- "Tu ne bâfres donc pas ?" dit sa femme pendant le repas. "A quoi penses-tu ? A tes amours ? Tu t'ennuies de ta Marfa ? Je sais tout, mécréant ! De braves gens m'ont ouvert les yeux. Goujat !" ... [...]
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[...] ... Marfa s'approcha de l'un des bancs et souleva avec précaution un journal huileux. Sous le papier s'étalait sur un plat énorme un esturgeon imposant recouvert d'une gelée garnie de câpres, d'olives et de carottes. Akhinéïev regarda le poisson et poussa une exclamation admirative. Son visage s'illumina, il leva les yeux au ciel et fit avec ses lèvres un bruit qui rappelait celui d'une roue mal graissée. Après un moment de recueillement, il claqua des doigts et répéta le même bruit avec ses lèvres.

- "Tiens ! J'entends de tendres baisers ! ... Marfa, qui es-tu donc en train d'embrasser ?" dit une voix dans la pièce voisine, et la tête ronde, rasée de près, de Vankine, le surveillant du lycée, se montra dans l'entrebâillement de la porte. "Avec qui es-tu ? Ah - ah - ah ... Parfait ! Avec Akhinéïev ! C'est du joli ! Un grand-père ! Il n'y a pas à dire. En tête-à-tête avec une dame !

- Mais je n'embrasse personne !" bafouilla le maître de maison. "Qui t'a dit ça, espèce d'imbécile ? Je ... heu ... J'ai claqué des lèvres par rapport ... en prévision du plaisir ... En voyant le poisson ...

- Parle toujours !"

Vankine sourit jusqu'aux oreilles et sa tête disparut derrière la porte. Akhinéïev rougit :

- "Diable !" se dit-il. "Maintenant, le misérable ira faire des potins ... Il va me discréditer devant toute la ville, l'animal ! ..."

Akhinéiev rentra timidement au salon, le regard en coulisses, se demandant où pouvait être Vankine. Celui-ci se tenait dans une attitude avantageuse, près du piano, et murmurait quelque chose à l'oreille de la belle-sœur de l'inspecteur qui riait à gorge déployée.

- "Il parle de moi, la peste soit de lui !" pensa Akhinéev. "Et l'autre prend ce qu'il lui dit pour argent comptant ! ... Elle rit ... Seigneur Dieu ! ... Les choses ne doivent pas en rester là ... Non ... Il faut que je m'arrange pour qu'on ne le croie pas ... Je leur parlerai à tous et c'est lui qui passera pour un imbécile, avec ses cancans ! ..." ... [...]
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