Elle ne prenait plus qu'une pincée de céréales le matin, une goutte de lait, une miette de la tarte de mammy qu'elle aimait tant, une demi-frite, un huitième de pomme.
Elle devint de plus en plus légère. Aérienne, elle bondissait, cabriolait, voltigeait...Une fille courant d'air.
Elle se laissa porter par l'air sans adresser la parole à personne. Elle vit des enfants qui lavaient des éléphants dans une rivière et repartaient assis sur leur tête. Elle aurait tellement aimé se joindre à eux! Mais elle savait trop bien ce qu'ils auraient dit:"Monter sur un éléphant? Toi? Mais tu es trop légère!"
Elle ne prenait plus que de minuscules élans car, en un seul saut de biche, elle allait du fond de la scène jusque dans l'allée centrale du théâtre. Les vingt-quatre danseuses cessaient alors de frétiller, laissaient retomber le cerceau parfait de leurs bras ou la jambe qu'elles avaient dressée à la verticale pour pousser des ho! et des ha! et battre des mains, ce qui rendait mademoiselle Séchepince furieuse.