AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,58

sur 19 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ce roman graphique est noir comme la suie des cheminées balayées par les Spazzacamini dans les rues de Milan fin du 19ème siècle. On serait presque tenté de s'essuyer les mains en le refermant ! C'est la caractéristique de ces romans graphiques de la collection Encrage chez La Joie de Lire et c'est un parti pris qui fonctionne parfaitement ici avec le thème du travail d'enfants exploités en Italie et employés comme ramoneurs. Nous suivons le destin de Giorgio, douze ans, issu d'une famille très modeste. Comme beaucoup d'enfants à cette époque, il ne va pas à l'école et travaille pour aider ses parents. Quand la mère tombe malade et que l'argent se fait encore plus rare, le père décide de céder pour 20 francs Giorgio au balafré, un trafiquant notoire d'enfants qu'il revend aux patrons ramoneurs plus de quatre fois le prix. Embarqué avec une trentaine d'enfants sur un bateau de fortune pour rejoindre Milan, l'embarcation est prise dans une tempête et fait naufrage. Giorgio et son camarade Alfredo s'en sortent alors que la plupart des enfants périssent noyés sans qu'aucun secours ne leur soit apporté et sauvent malgré tout le balafré en difficulté. L'homme ne tiendra pas compte du geste héroïque des enfants et les abandonnera sans aucun scrupule à leur destinée de main d'oeuvre exploitée et maltraitée. Acheté par Maître Rossi, un patron milanais plus arsouille que vraiment méchant, Giorgio découvre le dur labeur que l'on attend de lui. Tout son salaire profite à la famille qui l'emploie et pour lui, il reste la suie qui se dépose partout sur lui et à l'intérieur de ses poumons, la toux incessante, l'épuisement de journées de travail sans fin et quelques restes de nourriture – un bouillon clair et un crouton de pain. Malnutrition, conditions de travail désastreuses, épuisement général ne sont rien à côté des coups reçus par la femme du patron et les roustes humiliantes infligées par une horde de gamins méprisants qui s'acharnent sur les petits ramoneurs sans défense. Texte et illustrations retranscrives de façon quasi documentaire les conditions de vie de ces enfants abandonnés. Malgré tout, une lueur filtre au bout du conduit de cheminée : celle de l'espoir et de la solidarité portés par Alfredo et sa confrérie secrète, les Frères noirs. Je ne connaissais rien de ce pan de l'histoire sociale en Italie et me doute que les conditions de vie de bon nombre d'enfants malchanceux de cette époque devaient être avoisinantes dans toute l'Europe. Cela me laisse toujours le coeur colère que tant d'adultes se disant éduqués aient pu cautionner ces pratiques, voir même les valider. On reproche le manque d'empathie de notre époque. Je pense que cela n'est guère le fait de l'époque et tient bien plus pour moi du manque d'humanité propre à un être qui se dit pourtant humain.
Commenter  J’apprécie          60
Incontournable Mai 2022


Bien qu'il fut écrit en 1940, il aura fallut attendre 1983 pour que "Die schwarzen brüder" soit traduit en français. Il a été écrit par Liza Tetzner, une allemande ayant fuit le régime nazi avec son époux, en 1947, et obtenu la citoyenneté suisse en 1948. Il y eut également une réédition française en 2005 par la maison École des Loisirs, mais la présente édition nous est proposée par la maison Joie de Lire, dans la Collection "Encrage". Ce roman s'inspire d'une sombre époque où de jeunes enfants et presque ados furent l'objet d'un trafic d'enfant pour en faire des ramoneurs dans de grandes villes, à la fin du 19e siècle. Dans le roman, il est question plus précisément des petits ramoneurs suisses italiens, du canton du Tessin ( Suisse). C'est donc un roman inspiré de faits réels et destiné au lectorat jeunesse depuis ses débuts.


Giorgio vit avec sa famille dans la vallée de Val Verzasca et s'il n'est pas scolarisé, c'est qu'il travail avec sa mère à couper du foin sur des pentes raides. Un jour, un homme balafré entre dans le village, avec la pensée que les habitants de ce village pauvre ne devraient pas rechigner à vendre leurs garçons. Quand il demande au père de Giorgio, cependant, ce dernier refuse de vendre son enfant. Mais l'hiver cruel et la mauvaise récolte rendent la vie bien difficile. À cela s'ajoute un accident qui nécessite des frais médicaux pour la mère de Giorgio. le père décide donc, l'année d'après, de céder son fils de presque 13 ans à cet homme, qui a même baissé son prix. 20 francs. Sur la route périlleuse qui doit le mener à Locarno où l'attend le balafré, Giorgio rencontre Alfredo, avec qui il casse la croute. Ils se jurent une amitié et une loyauté à vie. À Locarno, les deux enfants font une traversée secrète jusqu'à Cannobio, qui coutera la vie au 18 autres enfants, qui se sont noyés alors qu'une tempête les ont fait chavirer. Giorgio et Alfredo sauvent le balafré, qui les mènera néanmoins à leur destination finale: Milan. Vendus près de quatre fois la somme donnée à leurs parents, les deux enfants vont commencer à travailler en tant que Ramoneurs, s'exposant aux brulures, à la suie et aux accidents. Certains deviennent malades, leurs yeux et leurs poumons sont malmenés. Giorgio intègre une famille, travaillant pour le père, s'exposant au perfide Anselmo, le fils, qui ne rate pas une occasion de rire de lui, le faire passer pour un voleur et même entrainer son petit gang contre lui. Mais à travers la malnutrition, les coups de la Mère d'Anselmo, les journées éreintantes et sa santé mise à rude épreuve, Giorgio pourra compter sur Angeletta, la fille du couple, d'une grande gentillesse et d'une grande empathie, ainsi qu'un groupe secret dont Alfredo est le chef, les Frères Noirs, unis dans l'adversité.


Le trafic d'enfant est un phénomène qui n'a guère épargné les pays et les époques à travers l'histoire. Je pense au sort des enfants vendus grâce aux trains des Orphelins aux États-Unis, aux enfants immigrants forcés de faire du vol dans l'Angleterre victorienne, aux enfants chinois exploités par leur propre pays. Ici, comme bien souvent, il est étroitement li à la pauvreté et au fait que les droits de l'Enfant n'existent pas.


Le quotidien de ces enfants ramoneurs était sordide. Si leur travail était dangereux et dommageable pour la santé comme le furent les mines de charbon pour les mineurs, ils vivaient en outre de la maltraitance physique, de la négligence, une fréquente restriction alimentaire et étaient le sujet de moqueries et d'ostracisation du fait de leur peau salit par la suie, devenue noire. Des enfants qui ne recevaient aucune affection et considération. Ils avaient entre 6 et 12 ans. Les instances policières de l'époque et les villes fermaient les yeux sur les "passeurs" d'enfants destinés à la location ou la vente. Bref, ce n'était pas rose.


Dans cette histoire, il y a eu tout-de-même deux petits miracles. le premier est le fait que des enfants se sont mobilisés par solidarité et pour pouvoir se défendre, en formant le groupe des "Frères noirs". le second est une personne, le médecin Castella, qui a sauvé Giorgio d'un funeste sort. À travers ce sombre tableau de personnages intéressés et malveillants, il était franchement le bienvenu.


Le roman est abondamment illustré, avec des gravures en noir et blancs, avec les fortes hachures qu'on connait de médium. La présente de pages noires combiné à ces dessins donne un air très "vintage" au roman et renforce l'impression que la suie est partout, saturant les pages comme les personnages. Et puis, le noir est fort à propos pour ces petits ramoneurs. Certaines mise en page rappelle en outre la BD avec ses cases. Les visages, avec leurs yeux froids et leur sourires sinistres, sont lugubres. le jeu de la contre-plongé des corps adultes donne une impression de hauteur et donc de pouvoir sur les personnages enfants. Il y a un travail considérable derrière ces gravures, c'est impressionnant!


Coté texte, je trouve le récit très factuel, assez loin de la psychée. Vous ne trouverez pas vraiment de figures de style, le récit est très sobre et les phrases courtes. En même temps, face à ce genre d'histoire, je me dis que le texte parle de lui-même. Pas besoin de surenchère émotive. Aussi, il date de 1940, ce texte, il a donc un style plus "littérature adulte"( dans le sens plus "universel") qu'aujourd'hui, où la littérature jeunesse a un style plus personnel, à mon sens.


Une chose est claire, nous sommes loin des sympathiques ramoneurs de Mary Poppins. Ce roman fait acte de mémoire et nous rappelle que dans un passé pas si lointain les adultes n'avaient aucuns scrupules à profiter de la misère humaine pour s'enrichir. C'est même encore le cas dans certains pays, encore aujourd'hui. Pour ceux et celles qui se le demande, la fin est heureuse, pas pour tous les personnages, mais pour Girogio oui.


Un roman différent de ce que je vois d'habitude, mais d'une grande pertinence.

Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans+.


Pour les profs et les bibliothécaires, s'il y a un certain degré de violence, surtout dans le texte, dans les images, il n'y a qu'une scène où on voit la femme de Maitre Rossi ( le propriétaire de Giorgio) lui rafler le visage avec le plat de la mains. Somme toute, la violence n'est pas majeure, elle est sobre, tout comme le texte.
Commenter  J’apprécie          30
Le thème du livre, le trafic d'enfants, interpelle, même si l'histoire est ancienne. L'auteur nous décrit la misère d'un groupe de garçons adolescents partis de leur Tessin natal (en fait, vendus par leurs pères à des passeurs) pour devenirs ramoneurs à Milan. Nous suivons l'itinéraire de Giorgio et ses amis, et très vite leur vie de garçons exploités par des familles sans vergogne. Rien ne leur est épargné : maladie, malnutrition, mauvais traitements... le style de l'auteur fait que l'on s'attache aux personnages, et c'est aussi ce qui fait que l'on ne lâche pas le livre, en cela c'est très réussi.

Dans cette édition de la joie de lire, reçue dans le cadre de la masse critique, le livre est illustré, en noir et blanc. L'idée est bonne, mais les dessins m'ont mise mal à l'aise. Pour moi, il y en a vraiment trop, mais ceci n'engage que moi évidemment.

J'ai été aussi déçue par la fin de l'histoire (que je ne dévoilerai pas), trop rapide, qui m'a laissé un sentiment d'inachevé.

Je recommande cette histoire au titre de la mémoire historique.
Commenter  J’apprécie          20
Le trafic d'enfants est un thème peu abordé (qui plus est en littérature jeunesse) et pourtant c'est une thématique très importante et dont il est essentiel de parler. Une sorte de devoir de mémoire au regard de "notre" Histoire car cela a (plus ou moins) existé de tout temps et partout.

Le roman a été publié pour la première fois il y a plusieurs années maintenant (dans les années 40), mais son sujet n'en est pas pour le moins frappant.

En effet, des enfants ont longtemps étaient vendus en vu de faire des travaux ingrats et souvent au péril de leur sécurité, santé, vie.
Ici il est question des enfants achetés à des parents dans le besoin avec la promesse qu'ils reviendront dans 6 mois, ou d'enfants orphelins s'engageant volontairement pensant trouver une aide financière dans cette nouvelle vie. Une fois à Milan ils sont vendus aux plus offrants. Ils seront ramoneurs, logés dans un cagibi, sous alimentés, violentés aux vu et au su de tous, face à une administration fermant les yeux (ou étant assez clémente).

Tout ceci est parfaitement bien mis en avant dans le roman à travers le texte et les illustrations .

Les illustrations justment parlons en, l'artiste est spécialisé en gravure et cela est un excellent choix pour ce roman, ce noir et blanc accentue l'effet suie d'une part, mais aussi les sentiments, la peur, l'horreur, le quotidien des héros. Cela apporte un réel plus et j'ai été séduite (beaucoup de détails, des traits de personnages très expressifs,...)

En revanche, je suis moins convaincue par la mise en page, certains bouts de phrases en bas de page, des pages partagées entre illustrations et texte mais pas toujours du meilleur agencement, écriture blanche sur fond noir ou noire sur fond blanc. Un texte qui parfois se retrouve au verso de l'illustration correspondante (c'est dommage). Cette mise en page n'a pas toujours permis une lecture fluide.

Enfin, à partir du milieu du roman, l'intrigue gagne en accélération dans le déroulement de l'histoire, cela intervient de façon très abrupte et donne lieu à des passages que j'ai trouvés "bâclés" par rapport au reste de l'histoire. La fin du roman en elle même m'a laissée sur ma faim et la dernière illustration ne m'a pas totalement convaincue.

Les points négatifs de ma chronique sont on ne peut plus subjectifs. Dans l'ensemble il s'agit d'un roman avec une histoire très intéressante. Il est important de parler encore aujourd'hui de cette thématique et de faire découvrir ce roman.
Commenter  J’apprécie          10
Tout d'abord merci aux éditions La joie de lire pour l'envoi. J'ai lu ce livre dans le cadre d'une masse critique.

Ma lecture a commencé avec une bonne surprise : les illustrations. Je pensais que le roman était un roman classique mais non il s'agit bien d'une version illustrée. Et j'ai trouvé les illustrations très belles et celles-ci m'ont permis de rentrer encore un peu plus dans l'histoire.

C'est une histoire touchante, qui se lit facilement. La lecture est je pense accessible aux enfants bien que le sujet soit lui plus dur. On découvre le quotidien d'enfants vendus dans un contexte de misère, qui deviennent ramoneurs. S'en suit forcément un quotidien particulièrement difficile marqué par différents types de violences.
J'ai beaucoup aimé, même si je m'attendais à quelque chose de plus long et justement plus poussé dans le style (moins lisible par des enfants du coup). Mais la fin m'a comme laissé sur ma faim, je l'ai trouvé un peu abrupte.

Dans tous les cas c'est un livre qui se lit très facilement et rapidement et que j'ai trouvé intéressant du fait que je ne connaissais pas le sujet traité.
Commenter  J’apprécie          10
Il ne fait pas bon être un jeune garçon de 13 ans en Suisse, dans le canton de Tessin, en cette fin du XIXème siècle. A cet âge, les enfants ont tout juste la bonne taille pour devenir ramoneur à Milan. Et nombre de passeurs les recherchent pour travailler à la grande ville italienne. Cette année, c'est au tour de Giorgio d'avoir le bon âge. Un passeur propose à son père de l'argent en échange de son fils. le père refuse mais sous les menaces du passeur qui le prévient que l'année suivante il reviendra et cette fois il acceptera ! Malédiction ? Billevesée ? le père doute, mais craint tout de même la suite. Et malheureusement, les récoltes ne seront pas bonnes et le passeur reviendra. Roberto est alors contraint de vendre son fils au passeur et le voilà en route pour Milan où il sera bientôt vendu à un Maître Ramoneur qui l'utilisera pour nettoyer les cheminées des habitants. Un dur métier, peu payé et fatiguant, d'autant plus que Giorgio ne va pas tomber dans une famille accueillante, sauf peut être la fille de son nouveau Maître. Son seul espoir, c'est l'amitié qu'il a tissé avec Alfredo, un autre enfant ramoneur rencontré pendant son trajet jusqu'à Milan. Bientôt le duo se transforme en bande se réunissant secrètement pour essayer de sortir de cette misère : Les Frères Noirs. Giorgio n'est plus seul, mais il doit encore essayer de s'échapper de l'enfer de la maison dans laquelle il est tombé. le destin va bientôt mettre un bienfaiteur sur sa route. Un espoir de s'en sortir ? L'auteure nous propose un roman bien construit et superbement illustré autour de la vie de ces enfants vendus par leurs parents. Les illustrations sont d'une beauté incroyable et mettent parfaitement en situation les aventures du petit Giorgio. On frémit en pensant à cette vie dure, loin de sa famille. L'histoire est prenante et forte autour de faits bien réels. A découvrir très vite.
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
Commenter  J’apprécie          10
Alors, j'ai eu a lire ce livre dans le cadre d'un atelier littéraire dans mon école. Au début je n'étais pas très enthousiaste, bien que le sujet me plaise.

Mais lorsque j'ai ouvert le livre ! Un choc ! Les dessins sont magnifiques et très bien faits, j'aime beaucoup le style, je trouve que cela donne vraiment une âme au livre. En plus des graphismes sublimes, j'ai trouvé l'histoire de ces petits ramoneurs tessinois. Je n'arrive toujours pas à me remettre des émotions que j'ai eues en lisant cette oeuvre. C'est fascinant. le sujet est très bien traité, je trouve.

En bref, une très belle lecture terminée assez rapidement, car c'est au final un livre assez court. J'ai beaucoup aimé cette lecture !!
Commenter  J’apprécie          00
Très bon livre que j'ai lu pendant mon enfance
Lien : https://booknode.com/les_fre..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (32) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3184 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}