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Citations sur Agaguk (24)

Tu n'a peur de rien, tu n'as peur de personne. Sauf de toi-même. C'est la pire de toutes les peurs.
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Il eût voulu s’asseoir à ses côtés, savoir faire quelque geste tendre, mais il n’avait jamais appris ces choses, et d’en sentir tout à coup l’impérieuse nécessité le mettait mal à l’aise. Il trouvait des mots, pas ceux qu’il eût voulu dire, mais d’autres, bien simples, ne signifiant rien. Il mettait pour les dire un ton nouveau, presque caressant.
– Tu veux du thé ?
(p. 93, Chapitre 13, “Isuk - La fin”).
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Agaguk ne cessait de contempler l'enfant. Il passait des heures accroupi, le dos au feu, l'observant. Rien de plus.Seulement cette contemplation. Il ne jouait pas avec lui, le touchait rarement. Quand le petit vagissait, Agaguk le caressait, mais doucement, du bout des doigts, comme s'il avait peur de briser ce corps minuscule.
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Courbés comme des portefaix, ils n'avançaient que très lentement, s'arrêtant souvent pour reprendre souffle. Il n'était pas un muscle en eux, pas d'énergie qui ne criât grâce. Même Agaguk, dans sa jeunesse et sa force de mâle, s'épuisait vite. Alors ils s'arrêtaient et, sans se défaire de leur charge, demeuraient plusieurs minutes immobiles, enracinés dans la mousse, face au vent, pour calmer la respiration sifflante, pour ralentir les battements du coeur. Ils suaient, car le soleil était chaud, et ils avaient soif. Mais l'eau dans les outres commençait à se faire rare.

Nous aurions pu aller en ligne droite, dit Iriook au bout de quelques jours. Nous aurions pu passer par le village. La voix d'Agaguk retrouva soudain ses accents brusques.

Non! Nous n'irons pas au village. Il n'en ajouta pas plus et son entêtement farouche agaça Iriook. Mais elle ne dit rien et ils reprirent leur marche.
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C'est à mi-chemin entre le villages des huttes et le pays nommé Labrador qu'Agaguk trouva l'endroit dont il avait rêvé; le monticule mesuré et marqué, sorte d'îlot plus ferme , à peine un mouvement de terrain dans cette toundra de mousse spongieuse et brunâtre, couche vivante dissimulant le permafrost millénaire .
Et c'est sur ce tertre qu'il amènerait Iriook afin de vivre avec elle son destin.
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Restait Iriook .
Elle aussi était libre , car son père et sa mère étaient maintenant morts. Elle habitait seule dans la hutte autour de laquelle Ayallik et d'autres venaient rôder. Un mois auparavant, Agaguk n'avait eu que le temps de s'élancer vers
la fille qui criait , de l'arracher des bras de Chorok.
----Elle est à moi ! avait déclaré Agaguk. Qu'on la laisse en paix !
Une fois Gorok sorti de la hutte, elle avait levé le regard vers Agaguk. Un regard ému, plus soumis encore qu'il ne l'aurait cru.
-----Je ne savais pas que j'était à toi , avait-elle dit.
------Tu l'es.
Elle sourit mystérieusement .
------Cela me plaît.
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Nu, Agaguk était beau parce que sa peau était nue unie et sombre et que les muscles roulaient dessous comme des torsades d'acier prêtes à se défendre.
Iriook, elle, avait la taille épaisse et les cuisses très courtes. Ses seins étaient menus, mais ronds et laiteux, au tétin presque noir et sans halo.
Elle était tendre , sans brusquerie. Forte aussi, capable d'une puissance de muscles qui déplaçait les poids les plus lourds.
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Or, il n'y avait qu'un seul animal capable de créer ce tableau. Le Grand Loup Blanc? Le seul qui pouvait faire tache pâle sur l'ombre.

Agaguk, rivé au sol, complètement immobile, mais le fusil bien en joue, attendit que l'animal vint encore plus près. Bientôt l'odeur en fut si forte qu'il en ressentit de la nausée. Et ce n'était plus une tache, mais la forme bien identifiée d'un loup rampant sur le ventre. Lui aussi à l'affût de sa proie, cherchant à retrouver la silhouette d'Agaguk maintenant écrasée sur le sol, comme fondue dans la nuit.

L'homme en face de la bête, deux ruses s'affrontant.

Si le loup venait assez proche, Agaguk lâcherait le coup, la balle tuerait l'animal.

Et s'il le manquait?

Une hélée de distance. Puis la distance d'un lancer, et finalement cent pas, cinquante... Le loup était presque à portée de la main. Seulement, il se dirigeait droit sur Agaguk, une cible étroite, difficile à déterminer dans le noir.

Agaguk colla l'œil sur la mire, la bête bien en joue contre le soleil de minuit à l'horizon.

Dix pas. C'était alors le temps ou jamais. Tout dépendait d'un geste, la pression rapide sur la gâchette, le coup, la balle... L'instant d'une seconde, et moins encore. Un destin fixé. La mort du loup? La mort de l'homme?

Agaguk pressa la détente.

La balle fut un ouragan qui jaillit du canon. Mais elle ne tua pas le loup. Elle ne fit que l'égratigner au passage. Il roula par terre et se retrouva dix pas plus loin. Il fut aussitôt sur ses pattes.

Agaguk était debout aussi, son couteau au poing.

Le loup bondit.

Une masse fantomatique, sorte de bolide lancé des airs, s'abattait sur Agaguk. L'homme et la bête basculaient dans le noir. La gueule du loup s'ouvrait, baveuse de rage, et mordait avec un grondement diabolique l'être qui se débattait furieusement entre ses pattes.

C'était entre les deux une lutte horrible, une gymnastique macabre. À chaque gueulée de la bête, le cri de l'homme s'enflait en vrille et crevait la nuit. Le loup en furie l'agrippait, le labourant à grands coups de griffes, puis l'homme saisissant la seconde propice - celle où l'animal s'arc-boutait pour foncer à nouveau - repliait son bras pour plonger le couteau dans le cuir de la bête. Alors celle-ci s'esquivait, mais pour bondir de nouveau sur l'homme qui se raidissait contre la torture.

De grands lambeaux de chair pendaient entre les dents de l'animal.

Un combat terrible, mêlé de cris et de rugissements où, tour à tour, l'homme et la bête, égaux en puissance ou en fureur, dominaient. Soudain la lame du couteau brilla. Le poing partit comme une flèche, s'abattit. Une fois, une autre et une autre fois encore.

Agaguk avait, dans la bouche, un goût sucré de sang qui lui redonnait des nerfs et de la poigne. Maintenant, à cheval sur le loup qui se démenait en hurlant, il frappait à tour de bras, toute vigueur retrouvée, toute douleur assoupie.

Puis il se releva, passa le bras sur sa figure ensanglantée et mesura en lui les forces restantes.

Le loup blanc, éventré, gisait à ses pieds.

Agaguk défit la corde qui lui servait de ceinture, en noua une extrémité autour des pattes d'arrière du loup, s'attela au fardeau et le traîna sur la toundra.
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Tayaout s'éveillait en pleurnichant dans la lumière de la hutte.
------Le chef est mort murmura Iriook.
Soudain elle se sentit fière.
---------Le chef de tous les loups , continua-t-elle , de tous les loups de la terre et du dos de la terre, et c'est mon homme , le père de Tayaout qui l'a tué.
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C'est en cela que diffère la toundra, celle du haut Québec et du Labrador. On n'y trouve pas les six mois de nuit de l'Arctique aux glaces éternelles ,
et les six mois de jour éblouissant qui s'en suivent. Le soleil de minuit ne crée qu'un demi jour, est la nuit d'hiver n'est qu'une demi-pénombre.
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