À l'occasion du mois de la BD, le Salon du livre de Montréal et le Festival BD de Montréal proposaient une discussion avec Jeik Dion et Mélanie Leclerc le 17 mai 2021, à 21 h, sur Instagram.
PATRICK SENÉCAL
Livres suggérés:
Jeik DionTemps libre, par Mélanie Leclerc aux éditions MECANIQUE GENERALE
Contes pour un homme seul, par Yves Thériault, aux éditions LE DERNIER HAVRE
Philemon, par FRED
Tintin, par Hergé
Le journal de Jules Renard lu, par Fred aux éditions FLAMMARION
Leonard Cohen : Sur un fil, de Philippe Girard Éditeur aux éditions Casterman
La conquête du cosmos, de Alexandre Fontaine Rousseau et Francis Desharnais, aux éditions Pow Pow
La vingt, par Audrey Beaulé aux éditions MECANIQUE GENERALE
La grande école, par Nicolas Mathieu et Pierre Henry Gomont, aux éditions ACTES SUD
Balado: Jeik Dion, The Joy of Digital Painting à voir sur YouTube
MÉLANIE LECLERCALISS, Jeik Dion et Patrick Sénécal, une co-édition de Alire et Front Froid
Dragon Ball (, Doragon Bru) par Akira Toriyama, aux éditions Glénat
Berserk, Kentaro Miura, chez Hakusensha
La pitoune et la poutine, par Alexandre Fontaine Rousseau et Xavier Cadieux, aux éditions POW POW
Far Out, T 1 2 et 3, par Gautier Langevin et Olivier Carpentier, aux éditions FRONT FROID
L'esprit du camp, Axelle Lenoir et Cab chez Studio Lounak
Khiêm, Yasmine Trinh Morissette Phan et Djibril C. chez Glénat
Le petit astronaute, Jean-Paul Eid chez La Pastèque
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Tu n'a peur de rien, tu n'as peur de personne. Sauf de toi-même. C'est la pire de toutes les peurs.
Il eût voulu s’asseoir à ses côtés, savoir faire quelque geste tendre, mais il n’avait jamais appris ces choses, et d’en sentir tout à coup l’impérieuse nécessité le mettait mal à l’aise. Il trouvait des mots, pas ceux qu’il eût voulu dire, mais d’autres, bien simples, ne signifiant rien. Il mettait pour les dire un ton nouveau, presque caressant.
– Tu veux du thé ?
(p. 93, Chapitre 13, “Isuk - La fin”).
Aux blancs ils cédaient leur terre la plus riche , leur forêt la plus giboyeuse , leur pays le plus grand. Ils abandonnaient tout droit et ne sauraient même plus voter aux palabres des blancs.
Et en retour, que recevaient-ils ? Des maisons soit. Mais je connais des abris de branchages qui sont des palais , car de leur flanc ouvert je découvre les montagnes intouchées et les eaux libres.
Il est dit que même eux, même les sans-yeux et les sans-idées, seront gardés au chaud, aimés et choyés, dans le pays de Dieu. Ainsi ce sera sa vraie vie, puisque celle-ci ne l'est pas. Il vivra. Je lui donne la vie. Ce que je lui ai donné auparavant n'était pas la vie. La vie de souffle et de pensée aussi. Il n'a rien, je ne lui ai rien donné autrefois, je le lui donne aujourd'hui ce qu'il aurait dû avoir. Est-ce donc si mal ? A toi qui le portes sur la hanche, quelle est toute bossue et meurtrie du fardeau, à toi qui le nourris et le nettoies, le mets beau sans qu'il le sache, à toi je donne l'épaule libre, la liberté des heures et des jours.
Et, à l'opposé de la pauvre langue des Blancs, j'offrais l'ampleur de ma langue montagnaise .
Une langue rythmique, ardente, susurrante comme le vent dans les feuillages.
Et, tel le plus humble des miens , je possédais en moi toute la richesse de cette langue, apprise sans maître pourtant, parce qu'elle s'accorde au plus simple des choses.
Et ces choses en elles-mêmes si variées, si belles, si envoûtantes que les mots pour les décrire en deviennent musique et rassasiements.
Courbés comme des portefaix, ils n'avançaient que très lentement, s'arrêtant souvent pour reprendre souffle. Il n'était pas un muscle en eux, pas d'énergie qui ne criât grâce. Même Agaguk, dans sa jeunesse et sa force de mâle, s'épuisait vite. Alors ils s'arrêtaient et, sans se défaire de leur charge, demeuraient plusieurs minutes immobiles, enracinés dans la mousse, face au vent, pour calmer la respiration sifflante, pour ralentir les battements du coeur. Ils suaient, car le soleil était chaud, et ils avaient soif. Mais l'eau dans les outres commençait à se faire rare.
Nous aurions pu aller en ligne droite, dit Iriook au bout de quelques jours. Nous aurions pu passer par le village. La voix d'Agaguk retrouva soudain ses accents brusques.
Non! Nous n'irons pas au village. Il n'en ajouta pas plus et son entêtement farouche agaça Iriook. Mais elle ne dit rien et ils reprirent leur marche.
On ne juge pas la force de l'arbre par la grosseur du tronc. Je connais des chênes qui se sont brisés sous l'appui du vent, et des saules minces qui ont résisté, eux...
Pourquoi faut-il , pour la couleur de peau, subir deux poids, souffrir deux mesures ?
Je me dressais ,moi, fou d'orgueil , et je lus dans les yeux de Lévesque , le surintendant de la réserve , de la pitié plutôt que de l'admiration lorsque je lui dis dans ma langue :
------Je suie venu parce que je voudrais la liberté de mon peuple.
Agaguk ne cessait de contempler l'enfant. Il passait des heures accroupi, le dos au feu, l'observant. Rien de plus.Seulement cette contemplation. Il ne jouait pas avec lui, le touchait rarement. Quand le petit vagissait, Agaguk le caressait, mais doucement, du bout des doigts, comme s'il avait peur de briser ce corps minuscule.
- Tu veux un cheval, Vincent ? Pour quoi faire ?
- Pour l'aimer, dame ! Y aurait-il une autre raison pour que Vincent eût un cheval, sinon pour l'aimer ? Comme il aimait les fleurs et les fruits de Dieu. Comme il aimait tout le beau, tout ce qui était là, créature et plante, et chose de la nature.