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Critique de FabtheFab


Ortie d'Alambrin a grandi avec sa mère, Omphale et sa soeur aînée, Epine et sa petite soeur Ronce à Tours-Nord entre le monde des Communs et celui des Sorcières. Elle a ainsi passé tous ses mercredis chez sa tante Viv' qui lui a enseigné la magie. A l'âge de six ans, elle est tombée amoureuse de Corentin Louchard et elle a partagé avec lui son secret, ce qui n'est pas sans conséquence aujourd'hui qu'elle a quinze ans. En effet, les Sorcières concentrent leur pouvoir dans leur nombril, ce qui les équilibre et leur permet de trouver leur Nord mais depuis toujours, les sorcières sont menacées par les Chasseurs qu'elles essaient de contrer au sein du Consulat. Ortie va grandir jusqu'à pouvoir accéder au monde des fées grâce au lapin magique. A son retour, elle va partir sur les traces d'un Sorcier, Wandrille Villedieu, un garçon élevé par deux mères lesbiennes.

Julia Thévenot, née en 1990 à Tours, est une écrivaine française. En 2020, Julia Thévenot publie son premier roman, Bordeterre. (...) Inès âgée de 12 ans protège son frère Tristan autiste de 16 ans. Tout bascule, les deux adolescents se retrouvent à Bordeterre, un monde plein de mystères. En 2021, l'autrice exploite le thème d'un amour de jeunesse non partagé dans le roman pour adolescent, Lettre à toi qui m'aimes. - source : Wikipédia

Née à Tours en 1990, Julia Thévenot a déclaré à six ans qu'elle voulait devenir écrivain - « à côté d'un vrai métier » parce qu'elle avait le sens des réalités. Après un bac L, des études de linguistique, une licence de droit et un master Patrimoine et édition à Tours, elle a finalement décidé de se spécialiser dans la littérature jeunesse - à cause de J. K. Rowling et Clémentine Beauvais. (C'est leur faute.) C'est ainsi qu'elle a découvert que ce domaine littéraire avait tout à fait le sens des réalités, et qu'elle est donc subséquemment devenue, d'abord, blogueuse littéraire à son service (Allez vous faire lire sur les réseaux), puis assistante d'édition chez Sarbacane, et enfin écrivaine. Bordeterre est son premier roman. - source : éditeur Sarbacane

Depuis Bordeterre, nous savons que Julia Thévenot a une langue riche et féconde et une imagination extraordinaire, décalée et surprenante. Elle est de la génération Harry Potter et elle connaît tous ses classiques des littératures de l'imaginaire et les romans de littérature pour la jeunesse. Elle joue donc des codes de la fantasy pour mieux les transgresser et les réinventer. L'intertextualité est riche, souvent franche et directe avec des hommages évidents à Harry Potter de J.K. Rowling, aux Royaumes du Nord de Philip Pullman ou même à Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. En ce sens, le personnage de Wandrille Villedieu est extrêmement drôle, attendant ses douze ans pour être emmené à l'école des sorciers ou le personnage du lapin blanc pressé emmenant l'héroïne Ortie dans le monde des fées. Il y a d'ailleurs aussi comme dans l'oeuvre de Lewis Carroll des allusions puissantes au monde de l'adolescence, au passage de l'enfance à l'âge adulte, c'est-à-dire au monde du corps et du désir.

Julia Thévenot développe en effet à la manière des contes, une histoire éminemment symbolique de trois soeurs sorcières dans un monde extrêmement contemporain : les héroïnes grandissent à Tours sur les bords de la Loire, le héros dans le quartier du Marais à Paris ; les trois soeurs vivent dans un monde féminin avec une mère libre qui enchaîne les aventures sexuelles, le héros vit avec deux mères lesbiennes. Julia Thévenot n'hésite pas à inventer des ressorts complètement trash, la petite soeur avale de l'eau de Javel avec plaisir ou des tranches de Décap'four au petit déjeuner, les batailles entre soeurs se terminant à coups de couteau et de doigts tranchés. Julia Thévenot développe en effet un propos féministe sur la découverte par l'héroïne de son corps de femme : l'héroïne dans son apprentissage n'hésite pas à s'ouvrir le ventre régulièrement pour apprendre à connaître tous ses organes et ressentir les pouvoirs sensuels de tout son être, toute sa magie est physique et sensuelle, il y est question de cheveux, de poils, de salive et surtout de sang. le sang est omniprésent dans l'oeuvre, la maîtrise du sang qui irrigue le corps mais surtout le sang menstruel qui donne son pouvoir aux sorcières. La découverte de la sexualité est aussi importante dans ce roman avec les jeux cachés entre enfants à l'abri de la forêt ou les premières découvertes sensuelles à l'adolescence jusqu'aux dangers de la nuit parisienne.

Du quotidien parallèle des héros, Julia Thévenot nous emmène dans une grande quête initiatique puisque peu à peu, nous apprenons que les Sorcières excluent les hommes et l'héroïne va devoir protéger le jeune sorcier Wandrille Villedieu. Elle multiplie les références à l'histoire des femmes et du féminisme et plus particulièrement à la thématique des Sorcières avec des citations claires à Mona Chollet.

La langue de Julia Thévenot est extrêmement riche, elle peut alterner la langue populaire et parfois même vulgaire entre jeunes héros et des développements extrêmement littéraires, notamment dans ses descriptions. Il s'agit donc d'une oeuvre hors normes, iconoclaste et exigeante. Mille pertuis, c'est effectivement comme la fleur de millepertuis, cette fleur jaune aux mille perforations qui permettent le passage de la lumière, ce sont dans ce roman, mille passages de l'enfance à l'adolescence, mille passages du quotidien aux mondes parallèles de la fantasy et surtout mille passages à explorer dans une quête de soi.

Enfin, peut-être pouvons-nous aussi remarquer que Julia Thévenot quitte pour ce roman les éditions Sarbacane pour entrer dans la prestigieuse collection Grand format littérature de Gallimard jeunesse, née pour la publication de Harry Potter de J.K. Rowling. Julia Thévenot s'impose ainsi dans le paysage français de la littérature pour la jeunesse de manière originale et inspirante par son intelligence, sa langue et sa culture.

Coup de coeur.
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