Citations sur Train d'enfer pour Ange rouge (190)
- Ça ressemble à une gigantesque chambre de torture...
Je pensais plutôt à un camp d'extermination aux apparences de paquebot de luxe, où chaque cabine renfermait un piège de métal, froid et inondé d'aboiements désespérés, de douleur gratuite ou de total irrespect pour la race animale. Tout cela dans l'unique but d'embellir des thons par le biais du maquillage.
Avant que la propriétaire de ce nid à fêtards ne pût écarter les lèvres,
Barbe-à-Mousse envoya : « Pourquoi ? T'es du fisc ? » Pilier droit et Pilier
gauche se gaussèrent ; les deux curieux qui jouaient aux fléchettes vinrent
s'accouder au bar, un verre de bière scotché à la main. Je répondis
calmement, en m'adressant à la molécule d'éthanol barbue : « J'ai juste posé
une question. Chez les gens civilisés, la courtoisie impose que lorsque
quelqu'un pose une question, ma foi, assez simple, l'un des membres de la
communauté, en mesure de répondre, le fasse. Je vais donc répéter, au cas
où l'effréné élan de gaieté qui embrase cet endroit aurait couvert le son de
ma voix, existe-t-il dans le coin des entrepôts désaffectés ?
Tout concordait, mais rien ne me rapprochait de lui. Il errait dans le crépuscule parisien en toute liberté, tel un aigle dominant un large terrain de chasse. Il traquait, jouait, frappait en un éclair, puis disparaissait dans l'ombre du sang. Il maîtrisait la mort, il maîtrisait la vie, il maîtrisait la croisée de nos destins...
Devant moi, le soleil jetait des flots de lumière dorée sur les ballots de paille dans un tableau sépia, magnifique, arraché à l'instantanéité. Un dernier jour d'été somptueux, un automne qui s'annonçait tendre...
« Ma p’tite dame, il faudra bien plus qu’une cigarette pour me laisser sur le carreau !
— Eh bien moi, c’est la cigarette qui m’a foutue sur le carreau. J’ai un cancer du poumon, un putain de cancer du poumon !
— Et vous fumez encore ?
— Il faut bien combattre la maladie, non ? »
Parmi un échantillon de cinq mille individus déjà particulièrement laids, vous prenez celui qui a un nez comme un brise-glace, un autre avec des chicots à donner à son dentiste l’envie de se suicider et finalement, un dernier aux yeux de merlan frit. Vous fusionnez les trois, vous obtenez une espèce de tête à laquelle vous ôtez les cheveux, vous la déposez sur un corps chétif et cela vous donne Fripette. Une tronche à effrayer un calamar géant…
Nous étions tous deux des gens du bassin minier, avec nos vêtements à l’odeur des corons et nos chaussettes sales de poudre de charbon. Nos parents nous ont élevés dans la douleur du trop peu, sous la grisaille, riches dans leurs cœurs des plus beaux trésors. J’adore ces terres brunes, leurs gens simples et généreux, et je crois que je les aime encore plus maintenant que Suzanne ne dort plus à mes côtés.
Ce quotidien tapissé de brouillard de sang, d'éclairs de métal découpant tendons et nerfs, grattant la chair jusqu'à l'os, ces âmes sombres et mystérieuses tourbillonnant dans des pièces ensanglantées, constituaient la moelle profonde de ma vie.
"Seul, comme un naufragé au milieu de l'océan. Livré à la solitude la plus blessante, au chant cinglant du vide et de l'abandon."
Le corps devient un objet d'étude, un volcan éteint, une surface vallonnée qui dissimule dans chacun de ses plis l'histoire effrayante de ses dernières minutes. Les plaies chuchotent, les meurtrissures, les ecchymoses forment d'étranges reflets, comme si, en observant avec attention, on y devinait les yeux noirs du meurtrier ou l'éclat de sa lame tranchante.