On comprendra que le commerce de la librairie avant l'invention de l'imprimerie ne pouvait avoir l'importance qu'il acquit depuis : aussi ceux qui le pratiquaient y joignirent-ils le plus souvent un autre métier. Des libraires furent amenés par les circonstances à se faire épiciers, fripiers, aubergistes ou taverniers, mais quand rien ne s'y opposait la préférence, pour le choix d'un second état, se portait naturellement sur une profession se rapportant au livre : il y eut donc des écrivains-libraires, comme il y eût aussi des parcheminiers-libraires et surtout des libraires-lieurs de livres.
En France, ce mouvement fut aidé par l'Université, qui prit tous ces producteurs sous sa dépendance, leur accorda sa protection en les faisant profiter de quelques immunités honorifiques et de certains privilèges de divers genres. Les relieurs, dès l'origine, furent donc confondus avec les écrivains, les enlumineurs, les parcheminiers et les libraires, et leur histoire, en tant que corps d'état, marchera parallèlement, pendant longtemps, avec celle de toutes ces industries concourant à la fabrication du livre.