Au XIXe siècle, Jules Verne s'engage dans un projet à la fois littéraire et didactique : faire rêver ses lecteurs et les renseigner sur les derniers progrès de son temps. En ballon ou en bateau à vapeur, des îles aux abysses, ses récits mettent en scène les frémissements de la mondialisation.
L'écrivain, témoin de la révolution industrielle, voit le monde se modifier, et va porter progressivement, un regard plus pessimiste à l'égard des avancées technologiques et politiques de la seconde moitié du XIXe siècle.
Pour en parler, Tiphaine de Rocquigny reçoit deux invités :
Jean Demerliac, rédacteur à l'INRAP et spécialiste de Jules Verne.
Jean-Yves Mollier, historien.
#julesverne #inventions #economie
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Pour que sa stratégie soit efficace, l'abbé Bethléem ne s'était pas contenté d'une ou deux lacérations d'affiches ou de quelques destructions de magazines. Il avait parcouru les grands boulevards et l'avenue des Champs-Elysées aux heures de pointe, s'était rendu dans les halls des gares les plus fréquentées, avait répété une dizaine de fois son geste provocant en décembre 1926, janvier, février, puis mars 1927. (…) l'abbé Bethléem profita du bruit provoqué autour de son nom pour publier une lettre ouverte au procureur de la République de la Seine, dans laquelle il dénonçait nommément les Messageries Hachette, coupable de diffuser vingt-cinq périodiques obscènes.
En quittant Paris pour Londres, l'après-midi du 20 novembre 1892, Cornélius Herz ne pouvait s'imaginer qu'il ne reverrait jamais la France, son pays de naissance, mais surtout celui où il était parvenu aux honneurs les plus élevés, et où il avait acquis une fortune qui lui permettrait d'assurer l'avenir des siens.
Au mois de mai, il reprit son antienne contre "les journaux pornographiques" et appela les catholiques à un sursaut, souhaitant qu'un chef se lève pour les diriger :
Sur un signe du chef, ils iraient bouter le feu aux boutiques somptueuses ou sordides, dans lesquelles se fabrique la pornographie; ils mettraient en fuite ou à l'ombre les misérables exploiteurs de cette infecte industrie; ils s'en iraient ensuite purger à l'huile de ricin les journalistes qui prêtent à ces malfaiteurs le concours de leur publicité. Quand aux pauvres diables d'écrivains et d'artistes qui prostituent leur talent à cette besogne, ils seraient emmenés à la campagne pour y pratiquer le métier le plus conforme à leurs aptitudes et à leurs goûts : répandre le fumier, mais sans figure et proprement, sur les champs et les prairies.
Aprés ses premières expériences d'apostolat au Cateau puis à Tourcoing, c'est à Lille dans la paroisse Sainte-Catherine, que l'abbé Bethléem a commencé à réfléchir à ce que pourrait être un catalogue raisonné ou un répertoire de fiches utiles aux pères de famille et aux éducateurs pour diriger les lectures de leurs proches.
On le voit, réduire Cornélius Herz à la dimension d'un escroc, même de taille internationale, c'est passer à côté de sa capacité à établir des contacts, dans ou hors de la franc-maçonnerie qu'il ne fréquenta qu'en Californie, semble-t-il, et à capter la sympathie de tous ceux qui l'approchèrent.
Objet de convoitise ou sujet à dresser, éduquer, normaliser, canaliser, civiliser, le prolétaire sort de la nuit au siècle dernier. Sauvage ou barbare, enfant ou éternel mineur, il se voit proposer des formes multiples d'acculturation avant de s'exprimer par lui même. Associations charitables et chrétiennes ou de résistance et d'action dressent à son intention leurs réseaux d'institutions entre 1830 et 1860. Ecoles, sociétés diverses et bibliothèques conjugent leurs efforts, suscitent un besoin de livres que les éditeurs tenteront de satisfaire en adaptant à ce public nouveau les formes plus anciennes de l'imprimé.
Dans le secteur de l’édition aussi, la rémunération de l’actionnaire et l’augmentation de la valeur de l’action indispensables pour le fidéliser sont peu compatibles avec la prise de risque pour un premier livre d’un auteur encore inconnu. Un tel pari sur l’avenir relève alors des petites maisons dans lesquelles il arrive souvent que l’éditeur ait une autre source de revenu qui le fait vivre .
Lien entre deux univers, longtemps réservé aux plus favorisés puis universellement répandu, refuge et consolation pour ceux qui en ont été privés, le livre est comme la rose que l'on offre à ceux qu'on aime. Elle a besoin d'une enveloppe et de ses pétales pour révéler son parfum le plus secret, comme la couverture, le papier, le caractère - l’œil typographique - sont indispensables au poème, au roman ou à l'essai.
Les effets de la concentration dans la distribution et la librairie, par l’installation de barrières de plus en plus infranchissables pour les "nouveaux entrants", entraînent nécessairement une concentration dans l’édition ; et donc, à terme, une raréfaction de l’offre au profit des plus grosses structures . (Antoine Gallimard)
Enfin, en Uruguay, ce sont des dames patronnesses de Montevideo qui sont parvenues à faire modifier les programmes des théâtres. "La censure est devenue la terreur des imprésarios", se réjouit la correspondante locale en expliquant que , pour ne pas perdre leur clientèle, les directeurs de salles de spectacle refusent de monter "les pièces pernicieuses" et leur préfèrent "les pièces inoffensives".
"Nous voilà devenues plus ambitieuses, poursuit Maria de Harley. Nous voudrions voir notre censure prendre racine partout; nous voudrions former avec nos listes de pièces récusées, que nous échangerions avec les commissions de censure qui se formeraient dans d'autres pays, une espèce de filet à mailles si serrées qu'il finirait par étouffer l’immoralité du théâtre."