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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Peardale, banlieue lointaine de NYC, dans les années 50. le Patron, un homme avec lequel il vaut mieux ne pas être en désaccord, charge Charlie Bigger, alias Little Bigger, 1m50 avec talonnettes, bigleux, dents pourries et une tuberculose collée aux poumons, d'exécuter une balance en toute discrétion. le procès où la Cible doit témoigner se tenant dans quelques semaines, il ne faudrait pas éveiller les soupçons. Little Bigger débarque donc à Peardale sous le pseudonyme de Carl Bigelow, soit disant auditeur libre dans l'université du coin, où il réussit à se faire passer pour un étudiant et louer une chambre au sein même du foyer de l'homme qu'il doit exécuter. Ce sera sa vie où la sienne, le Patron n'étant pas enclin a tolérer l'échec. Commence alors un huis clos entre les habitants de cette auberge espagnol à l'américaine. Chacun semble prendre part au complot, du vieil homme proposant son assistance dans la vie quotidienne à la petite cuisinière qui le file de près, sans compter sur l'épouse excentrique et entreprenante, inévitable femme fatale du bouquin. Little Bigger se demande qui sont les alliés potentiel du Patron, placés là pour le surveiller ; à moins qu'il ne sombre dans la paranoïa ...

Roman noir extrêmement maîtrisé dans lequel l'angoisse monte peu à peu en intensité jusqu'au bouquet final, quasi burlesque, qui peut décevoir c'est vrai, voire même sembler bâclé, mais qui sonne comme une explosion, un défouloir de toute cette violence restée canalisée pendant tout le roman. A lire de toute urgence, comme tous les Jim Thompson.
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Le dernier contrat d'un sicaire tubard, retors et alcoolique. Manipulateur et manipulé, dans une Amérique hypocrite, obsédée par l'argent et le sexe. le polar virera au cauchemar. Puis au fantastique avec la traversée du tueur, des neuf cercles de l'enfer avec son double féminin, démon difforme et découpeur. Une oeuvre sombre et dérangeante, mais une oeuvre majeure du grand Jim Thompson.
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J'ai adoré ce roman noir. La part belle est donnée à la psychologie du personnage principal, si bien qu'il n'y a pratiquement pas d'action ou de meurtres, contrairement aux deux autres romans que j'ai pu lire de cet auteur. J'ai pris un réel intérêt à suivre cet anti-héros pour qui j'ai ressenti beaucoup d'empathie. Mon troisième livre de Jim Thompson et pas mon dernier !
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Le Patron, dont on sait seulement qu'il possède des hippodromes, mais soutient les projets de loi contre les courses de chevaux, dirige des distilleries mais finance des ligues anti-alcooliques, est à la tête d'organismes de crédit mais fait campagne pour les lois contre les requins de l'usure, paye les cautions de membres du Ku Klux Klan, confie à Carl Bigelow une mission.


Il doit se rendre à Peardale, suffisamment distant de New York pour en faire un bled paumé, afin d'y tuer Jake Winroy, un bavard qui a balancé ses complices à la police et attend leur procès pour témoigner. Carl doit se montrer astucieux dans la méthode d'élimination choisie, car personne ne doit soupçonner un règlement de compte. Il faut qu'il trouve quelque chose qui pourrait logiquement arriver à Jake dans son état, celui d'une épave alcoolique. Une arme est trop conventionnelle, et puis à chaque fois que quelqu'un est tué avec un objet fait pour ça, ça attire la curiosité du shérif. Vous voyez ce que je veux dire ? Demande régulièrement Carl au lecteur, comme pour chercher son approbation.


Carl n'est pas n'importe qui. Dans une vie antérieure, il s'appelait Little Bigger, tueur recherché mais jamais appréhendé. Il est pourtant repérable, mesure 1,50 m, possède une dent en bon état tous les 8 mètres de gencive, porte des lunettes à verres très épais, crache du sang toutes les cinq mètres à cause de sa tuberculose. Fûté comme il est, il réussit cependant à modifier son apparence, en portant quatre talonnettes, en ayant fait remplacer ses chicots par deux dentiers haut et bas, et en utilisant des verres de contact. Il démarre chaque journée en avalant une demie-pinte de whisky, faute de quoi il vomit son petit-déjeuner, et quand il tousse, il allume une cigarette pour calmer la quinte. Il est aussi paranoïaque, se croit suivi quand il ne s'imagine pas au milieu d'un troupeau de chèvres.


Manipulateur de génie, il s'intègre parfaitement à la vie de Peardale. Il loue incognito une chambre chez Jake, financièrement aux abois, et se présente comme un étudiant à l'école normale, soucieux d'apprendre. Il accepte un job dans une fabrique, répare les portails défectueux, papote jardinage avec les voisines âgées.


Mais chez les Winroy, il y a deux femmes. Or, les femmes, le sexe, sont la faiblesse addictive de Carl : Fay, l'épouse de Jake, “dès qu'on croisait son regard, on devinait qu'elle était capable de vous débiter plus d'insanités qu'on n'en trouverait sur un kilomètre de murs de pissotières” (p. 20). Et Ruth, la bonniche de service qu'on exploite pour le ménage, la cuisine et qui est affligée d'une infirmité que la pudeur m'empêche de décrire ici. Pour faire simple, il lui manque une jambe, elle slalome sur une béquille et “si on regardait son postérieur sans s'occuper du reste, on aurait pu croire qu'il appartenait à un poney des Shetlands. […] Ce qui était fascinant, c'était l'allure qu'il avait, chez elle, la façon dont il se mariait avec son ventre plat et sa taille fine. C'était comme si on lui avait fait un cadeau, de ce côté-là, pour compenser les endroits où elle avait été lésée.” (p. 45). C'est ainsi que Carl décrit les deux femmes qui partagent son quotidien, et du sexe, jamais serein, jamais joyeux ni solaire.


En voilà une lecture qu'elle est éprouvante et grandiose ! Car Jim Thompson décline jusqu'au dégoût sa fascination morbide pour les monstres en tous genres : alcooliques, sadiques, handicapés, malades mentaux, dégénérés, déviants, pour tous ceux qui ne pourront jamais échapper à leur destin ni à leur héritage génétique ou social, quoi qu'ils puissent faire. Il décrit ses personnages crûment, avec un humour cynique mais non sans bienveillance ni une poésie troublante. Il ne faut pas dans ces conditions, s'attendre à une fin trop joyeuse, mais davantage à une descente aux enfers qui entraînera Carl jusqu'au bout de sa folie.


Presque tout le monde connaît Jim Thompson grâce aux adaptations cinématographiques de ses romans, le mythique The killer inside me, avec Casey Affleck (hum !), Adieu ma jolie, Coup de torchon, Guet-apens ou les Arnaqueurs, qui ont été reconnus par les professionnels de la profession comme de bons films. Lire l'un de ses romans est une autre expérience, sans le filtre de la caméra, sans l'interprétation du cinéaste ou les nuances du jeu des acteurs, sans édulcoration. On est de plain pied dans son monde tourmenté, torturé et violent. Est-ce la lucidité de cet auteur visionnaire qui met mal à l'aise et choque le lecteur ?


Chaque phrase percute, et même uppercute ! C'est rude mais c'est grand.
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Avec Thompson, noir, c'est noir.
Imaginez (mais si vous le pouvez, il est temps de consulter) la scène : une ville paumée du Nevada où vit Jake Winroy, un témoin gênant qui doit être éliminé. Débarque un tueur à gages…
oui, jusque-là, ça va...qui mesure à peine plus d'un mètre cinquante, qui a trente ans mais qui en paraît dix-sept, qui a la vue (très) basse, plus trop de dents et qui est tuberculeux…avouez que c'est peu commun.

Toujours est-il que l'improbable Carl Bigelow décide de jouer les étudiants, de loger dans la pension de famille tenue par la femme de la victime potentielle et de chercher à s'intégrer pour rendre l'issue accidentelle, qu'il envisage, crédible.

Rien ne va se passer comme prévu. La pension abrite aussi un prof retraité (méfiance obligatoire !) et une femme de ménage qui semble sortie tout droit de Freaks.
Carl finit par perdre toute maitrise sur les éléments, passe au fil des pages, de tueur impitoyable à martyre résigné. Alors qu'il croit tout contrôler, son plan se retourne contre lui qui se révèle finalement, le moins pervers du lot.

C'est la force du livre : prendre les clichés habituels du genre et les tordre pour les transformer en une sorte de long cauchemar baroque et/ou surréaliste. Au niveau ambiance, dialogues, construction...c'est du grand Thompson. Les pages poissent.

J'ai trouvé par contre, que la fin était un peu abrupte, totalement dingue et s'enfonçant dans un délire à base de chèvres qui m'a laissé perplexe. Quand on passe qu'un récit aussi inconvenant date de 1953 !

La traduction de Jean-Paul Gratias est irréprochable, comme d'habitude.
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