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Citations sur Les forêts du Maine (5)

Il nous est difficile de concevoir une région inhabitée par l'homme. Nous tenons partout pour acquises sa présence et son influence ; on n'a pourtant pas vu la pure Nature si, même au cœur des villes, on ne l'a pas vue de la sorte, vaste, terrible et inhumaine. La Nature était là sauvage et terrifiante mais belle.
(P.79)
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Les sommets des montagnes comptent parmi les parties inachevées du globe, où c’est un peu comme insulter les dieux que d’y grimper, de s’immiscer dans leurs secrets et d’éprouver l’ascendant qu’ils exercent sur notre humanité. Les hommes audacieux et insolents sont sans doute les seuls à y aller. Les races simples, come les sauvages, n’escaladent pas les montagnes : leurs cimes sont des endroits sacrés et mystérieux qu’ils ne visitent jamais.
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Les sommets des montagnes figurent au nombre des parties inachevées du globe : c’est un peu insulter les dieux que d’y grimper, c’est s’immiscer dans leur secrets et éprouver leur ascendant sur notre humanité. Les audacieux, les insolents sont les seuls à monter là-haut. Les races simples, tels que sont les sauvages, ne gravissent pas les montagnes, dont les cimes sont des lieux mystérieux et sacrés qu’ils ne visitent jamais. Pomola se fâche invariablement contre ceux qui montent au sommet du Ktaadn.

Selon Jackson, qui en sa qualité d’inspecteur géologue d’Etat l’a mesuré précisément, le Ktaadn a une altitude de cinq mille trois cent pieds, soit d’un peu plus d’un mille au-dessus du niveau de la mer. Et il ajoute : « C’est donc à l’évidence le point culminant de l’Etat du maine et la montagne granitique la plus escarpée de la Nouvelle-Angleterre. » Les particularités du vaste plateau où je me trouvais, tout comme le remarquable précipice semi-circulaire de son versant est, m’étaient totalement cachés par la brume. J’avais apporté là tout mon barda, pour le cas où il me faudrait redescendre seul jusqu’à la rivière ou même jusqu’à la partie habitée de l’Etat par un autre chemin, et parce que je tenais à avoir avec moi un équipement complet. Au bout d’un certain temps, pourtant, craignent que mes compagnons ne veuillent rejoindre la rivière avant la nuit et bien conscient que les nuages pouvaient rester des jours sur la montagne, je fus forcé de redescendre. En cours de route, le vent m’ouvrait de temps en temps une échappée, à travers laquelle je pouvais voir la région du côté de l’est, avec ses forêts sans limites, ses lacs et ses cours d’eau miroitant au soleil – certains se déversant dans la branche Est. On apercevait aussi de nouvelles montagnes dans cette direction. Parfois un petit passereau, jaillissait devant moi, incapable de maîtriser son vol, comme un morceau de rocher gris emporté par le vent.
Je retrouvais mes compagnons là où je les avais laissés, à flanc de montagne, en train de cueillir les airelles (…)
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* »Chaos and ancient Night, Chaos, antique nuit,
I come no spy Je ne viens pas comme un espion
With purpose to explore or to disturb Pour percer ni pour déranger
The secrets of your realm, Les secrets de votre royaume…
But. . . . . as my way Mais parce que mon chemin vers la lumière
Lies through your spacious empire up to light. » Traverse votre vaste empire
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Au matin, après nous être aiguisé l’appétit sur du porc cru, une tranche de biscuit microscopique et une louche de nuage condensé (ou d’eau de la conduite forcée), nous nous mîmes tous ensemble à remonter le scoutes que j’ai décrites, en choisissant cette fois la pointe à main droite – la plus haute – et non pas celle que j’avais approchée la veille. Mais rapidement mes compagnons disparurent de ma vue, cachés par une arête qui était dans mon dos et qui semblait toujours reculer devant moi – de sorte que sur plus d’un mille j’escaladai seul d’énormes rochers en équilibre instable, jusqu’à la bordure des nuages; car si l’air était clair partout ailleurs, la brume masquait le sommet. la montagne semblait formée d’une énorme accumulation de rochers bien distincts les uns des autres, comme si à une époque il y avait eu une pluie de rochers, restés depuis sur le penchant de la montagne, à l’endroit même où il avait chu – nulle part véritablement en repos, mais accotés les uns sur les autres; des pierres branlantes, en somme, avec les cavités dans l’intervalle mais presque pas de terre ni aucun endroit plat. C’étaient les matériaux constitutifs d’une planète, tombés de quelque carrière invisible, que la vaste chimie de la nature transformeraient dans l’avenir en plaines verdoyantes et riantes vallées. On tenait là un bout inachevé du globe, comme nous voyons dans la lignite un charbon en cours d’élaboration.
J’entrai enfin dans les franges du nuage qui paraissait flotter éternellement sur le sommet : il semblait ne devoir jamais passer, comme si l’air pur le générait aussi vite qu’il s’écoulait. Quand, un quart de mille plus loin, j’atteignis le sommet de la chaîne, que ceux qui l’ont vue par temps clair disent mesurer quelque cinq milles de long et qui représente un plateau d’un bon millier d’âcres, j’étais en plein milieu des rangs hostiles de nuages qui obscurcissaient tout. Tantôt le vent m’envoyait un carré de clair soleil dont je cherchais à profiter, tantôt il ne parvenait à produire qu’une clarté grise comme l’aube, la ligne de nuages montant et s’abaissant continuellement selon l’intensité du vent. Parfois, on pouvait croire que le sommet allait se dégager dans peu de temps et resplendir dans le soleil, mais ce qu’on gagnait d’un côté, on le perdait de l’autre. C’était un peu comme être assis dans une cheminée et à attendre que la fumée se disperse. C’était en fait d’une usine à nuages, que le vent extrayait des rochers froids et nus. De temps à autre, quand les colonnes du vent se brisaient contre moi, j’apercevais, à droite ou à gauche, un rocher escarpé, sombre et couvert d’humidité, le brouillard défilant sanie cesse entre lui et moi. Cela me rappelait les créations des anciens poètes épiques et dramatiques, Atlas, Vulcain, les Cyclopes et Prométhée. Le Caucase avec le rocher auquel était enchaîné Prométhée ressemblait à ça. Eschyle avait sûrement visité un paysage comme celui-ci : immense, titanesque, et où pas un homme n’habite jamais. A croire qu’une partie – et même une partie vitale – de celui qui l’embrasse s’échappe entre ses côtes au fur et à mesure qu’il monte. Et il est plus seul qu’on ne peut l’imaginer. Là-haut, la pensée est moins riche, l’esprit moins clair que dans les plaines où habitent les hommes; la raison s’y disperse, indécise – plus rare et plus ténue, comme l’air. la vaste, la titanesque, l’inhumaine nature l’a pris au dépourvu, alors qu’il était seul, pou lui escamoter un peu de son talent divin. Elle ne lui sourit pas comme dans les plaines, mais elle semble lui dire d’un ton sévère : « Pourquoi vient-tu ici avant ton heure ? Ce lieu n’est pas pour toi. Ne te suffit-il pas que je sourie dans les vallées ? Jamais je n’ai conçu ce terrain pour tes pieds, cet air pour que tu respires, ni ces rochers pour être tes voisins. Je ne puis ici ni te plaindre ni te cajoler; il me faut au contraire te chasser sans retour ni pitié vers les lieux où je suis aimable. Pourquoi me chercher là où je ne t’ai pas appelé et te plaindre ensuite de moi comme d’une marâtre ? Mourrais-tu de froid ou de faim, ou rendrais-tu ta vie dans un frisson, il n’y a ici ni autel ni temple et ne compte pas que je t’entende ».
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