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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les Collines d'Eucalyptus peut également faire office de couteau suisse.
Outre le plaisir procuré à sa lecture, il permet également de se muscler rapidement les avant-bras.
Pavé de près de 900 pages qu'on attaque fébrilement, il se révèle finalement d'un abord ultra plaisant, mixant les émotions au gré des nombreux chapitres évoquant la vie tumultueuse de notre jeune héros, Thanh, bien loin d'être un long Mékong tranquille.

Certaines trajectoires sont gravées dans le marbre dès la naissance.
Gamin issu des classes bourgeoises et affichant de réelles prédispositions pour les études, ce petit canaillou n'aura pourtant de cesse de se torturer les méninges quant à la tournure des évènements futurs qu'il pressent funeste.
Confronté très rapidement à son homosexualité, il prendra rapidement le taureau par les cornes en optant...pour la fuite plutôt que le déshonneur familial.
Alors totalement sous la coupe de son compagnon manipulateur, Thanh entrevoit lucidement la solitude et la tristesse journalière dont il va devoir rapidement se draper, loin de ses proches et de sa terre natale.

C'est long mais c'est beau.
Duong Thu Huong, écrivain au souffle puissant et épique non dénué d'une certaine poésie, relate ici la destinée d'un homme qui se sera construit à la force des poignets, n'y voyez aucune malice, faisant fi des terribles aléas rencontrés au gré de ses nombreuses pérégrinations et traçant son sillon, peut-être pas le plus droit qui soit, mais suffisamment profond pour pouvoir y semer les quelques graines d'espoir nécessaires à sa survie.
Raillé, maltraité, répudié, ce jeune homosexuel aura su trouver une force vitale, impérieuse, le poussant toujours un peu plus à s'affirmer et s'accepter en ce Vietnam pétri de préjugés et souvent prompt à condamner la différence.

C'est parfois long, certes, mais jamais barbant.
Duong Thu Huong manie la plume avec une grâce et une précision digne des plus illustres calligraphes qui officièrent sous la dynastie des Jin orientaux. Ce qui ne nous rajeunit pas.
Intelligence du propos, style flamboyant, profonde humanité, autant de facettes que le lecteur se fera un plaisir de découvrir en soupesant ce diamant brut d'un fort beau gabarit, ma foi, et qui suscite au final moult émotions diverses exceptée celle d'avoir enfiler des perles.

Alors, t'as ton Thanh ?
Si non, dépêche-toi vite de le commander, la rentrée approche...

4,356/5
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Le roman Les collines d'eucalyptus s'ouvre sur Tranh, chétif, qui regarde à travers les barreaux de sa prison au Vietnam. Les pages qui suivent donnent un aperçu des dures (et parfois inhumaines) conditions dans lesquelles se trouvent les prisonniers. Puis, on a droit à l'histoire de quelques uns d'entre eux, à ce qui les a menés dans ce trou à rats. Sur le coup, c'était un peu déstabilisant, j'avais l'impression que ça allait dans tous les sens. Puis, après une centaine de pages, peut-être un peu plus, la narration revient – enfin! – sur Tranh et elle reste concentrée sur lui jusqu'à la fin. Ce type qui semble si poli, si sage, qu'on se demande bien comment il a pu se retrouver en prison. C'est alors que commence réellement l'histoire. Sa jeunesse puis l'adolescence, où il découvre les émois de son homosexualité, dans un Vietnam de l'époque où les écarts à la norme, les «déviances» ne sont pas tolérées. Ces moments comptent parmi mes préférés. Bref, une belle histoire d'amour se dessine entre le jeune homme et Phu Vuong, le fils du poète-itinérant, un amour intense et destructeur qui le conduit vers sa perte.

Les collines d'eucalyptus est un roman agréable à lire, quoique un peu long. Il eut certes gagné à être raccourci, ne serait-ce que les parties concernant les autres prisonniers, même si elles étaient intéressantes. (Peut-être qu'elles auraient pu constituer un recueil de nouvelles?). D'autres parties auraient pu être abrégée, aller à l'essentiel, je pense à l'épisode de Dalat, à l'histoire de Tïen Lai, etc. Pour tout le reste, je suis preneur. Toutefois, ces parties, elles permettent au lecteur de voir différents portraits, de se faire une tête plutôt juste du Vietnam communiste des années 1980. Un Vietnam à mi-chemin entre traditions et travail, tristesse et espoir, résignation et résilience. Bref, un joli roman. À la fin se trouve l'épilogue, dans lequel l'auteure Thu Huong Duong explique que ce roman est une tentative d'expliquer la disparition de son neveu. Il me semble que, avoir su cette information dès le début, cela aurait eu un impact sur ma lecture. Dans tous les cas, je l'aurais entrepris différemment.
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Ma première incursion en territoire vietnamien. Mais quelle immersion ! Duong Thu Huong appartient à cette catégorie d'écrivains dont j'avais entendu tant de bien qu'il m'était presque impossible d'en aborder l'oeuvre. Peur d'être déçue sans doute qui m'a longtemps tenue à l'écart et fait manquer un talent évident ! Quel regret, j'aurais dû ne pas écouter cette petite voix sceptique et me plonger à corps perdu dans l'oeuvre de cet auteur talentueux qui a tant su parler à mon coeur de lectrice.
Les collines d'eucalyptus ou itinéraire d'un enfant gâté, tel pourrait être le résumé de ce roman. Thanh est un jeune homme à qui la vie n'a octroyé que chance et bienfaits : chance d'avoir des parents aimants et cultivés, professeurs émérites et respectés (au Vietnam le corps enseignant est la force vive de la révolution communiste, pilier du système), chance d'être leur fils unique, choyé et chéri dans un village paisible du nord Vietnam, chance d'être beau et intelligent, sensible et honnête, bref l'enfant puis le jeune homme modèle. Mais comme dans tout conte, une mauvaise fée s'est penchée sur le berceau du jeune Thanh. Car notre enfant gâté aime les hommes et au Vietnam comme partout ailleurs, si elle ne condame pas à la prison, l"homosexualité jette l'opprobe sur toute la famille du "coupable". Thanh, séduit charnellement par un mauvais garçon, le fils du poète maudit du village, à qui il s'abandonne sans retenue car persuadé de ne trouver mieux, décide de quitter son cocon aimant pour préserver les siens, suivant ainsi son compagnon d'infortune. D'exil en exil, de ville en ville, Thanh fait le dur apprentissage d'une vie de vagabond, de paria, loin du cercle protecteur : confronté à la pauvreté, au rejet et à la peur du regard d'autrui, vidé de sa substance par un amant manipulateur, fainéant et fourbe qui vit à ses crochets et le retient par le sexe, Thanh commettra l"irréparable. Les collines d'eucalytpus retrace ce parcours, du terrible bagne dans lequel végète Thanh, à son enfance choyée et préservée, en passant par son éveil charnel, des faubourgs de Saigon à la chambre d'hôtel dans laquelle il vivra sa seule véritable histoire d'amour avec un homme plus âgé, ce roman brasse les destins d'hommes et de femmes pris au piège, partagés entre l'envie folle de vivre pleinement leurs désirs au grand jour et le poids des traditions et du régime qui les annihilent.
Ce roman polyphonique est à la fois roman d'amour, roman d'enfance, récit d"initiation mais aussi chronique sociale d'un pays, le Vietnam, déchiré entre ouverture et tradition, Orient et Occident. Duong Thu Huong m'a embarquée le temps de 900 pages sur des rives inconnues, à la fois paisibles et tortueuses. Ne soyez pas effrayés par l'ampleur de la tâche car les mots glissent si aisément, emportant le lecteur dans un tourbillon poétique. Quelle puissance derrière tant de douceurs ! Ne vous y méprenez pas. Tout y est excès caché sous l'apparence d'une prose sensible. Ce combo littéraire est exactement ce qui parle à mon âme de lectrice. Et si mon enthousiasme n'a pas fini de vous convaincre, je vous encourage à lire le prologue qui à lui seul donne tout son sens au roman et vous laissera sans voix.
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« Monsieur et madame Rô étaient aussi heureux que les deux garçons. Pour le couple, l'amitié entre les garçons était un cadeau inespéré du destin. Pouvoir confier leur fils à maître Thy et maîtresse Yên était un grand honneur, aussi gâtaient-ils Thanh en tout, façon pour eux de rembourser d'avance une sorte de dette. Durant ces deux semaines, madame Rô se lança dans la démonstration de son talent culinaire, tandis que monsieur Rô promenait les deux jeunes dans toute la région des Vertes Collines. »

C'est dans ces collines du nord du Vietnam que Thanh passe les plus belles de ses journées d'enfance, en compagnie de Petit Canh, un autre garçonnet de son âge, et de ses parents. Mais c'est aussi à cet endroit qu'il verra pour la première fois un autre enfant, Phu Vuong, qui se révèlera dix ans plus tard être son premier amant et, plus tard, après trois années d'enfer, la cause de son emprisonnement dans un bagne effroyable.

C'est un drame au long cours que nous propose Duong Thu Huong dans ce roman émouvant et sombre. La relation toxique entre Thanh et Phu Vuong n'est pas le seul horizon de ce récit car, comme dans tout vaste roman un peu ambitieux, bien d'autres personnages se placeront au premier plan et détailleront eux aussi leurs vies à la fois fugitivement heureuses et le plus souvent tristes, marquées par les affres de la passion amoureuse, hétérosexuelle ou homosexuelle.

J'ai dévoré ce livre, qui, malgré son ampleur, est captivant. Je regrette seulement, parfois, l'usage d'un style un peu trop fleuri à mon goût, un peu trop grandiloquent. Mais n'oublions pas que c'est un mélodrame…
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Thanh s'enfuit de chez lui alors qu'il n'a que 16 ans et qu'il vit heureux auprès de ses parents tous deux professeurs. Pourquoi ?
Dans « Sanctuaire du coeur » Duong Thu Huong nous le présentait fuyant un amour incestueux et devenant gigolo.
Dans ce nouvel opus, « les collines d'Eucalyptus », Duong Thu Huong, lui imagine un autre destin.
Nous le retrouvons derrière les barreaux se remémorant l'engrenage fatal qui l'a conduit à commettre l'irréparable.
Lorsqu'il découvre son homosexualité, accablé par la honte il tire un trait sur tout ce qui faisait son bonheur dans ce village paisible et part à l'aventure avec son amant, un jeune voyou.
Très sensibilisée par l'ambiance à la foi tragique et poétique qui émane de cet ouvrage de Duong Thu Huong, je salue le talent du traducteur Phuong Dang Tran qui a si bien su la restituer.

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Au Vietnam, dans un lieu reculé, au bord d'une falaise entourée de brumes tenaces, le jeune Thanh est emprisonné dans un bagne parmi les forçats, la catégorie la plus féroce de prisonniers, la lie de la société. Qu'a fait pour arriver là, ce jeune homme qui semble cultivé, doué d'intériorité, sensible ? Par alternance, les chapitres s'éloignent de la prison pour revenir sur l'enfance et la jeunesse de Thanh. Enfance heureuse, notamment lorsque ses parents deviennent proches d'une famille qui habite le hameau des eucalyptus, permettant à Thahn, resté enfant unique, de découvrir une autre vie de famille, et la nature environnante. Les très belles descriptions des lieux donnent envie de partir séance tenante au Vietnam.
La vie de Thahn prend un tour plus dramatique pendant ses années de lycée, lorsqu'à la fois, il découvre son homosexualité, est rejeté par son meilleur ami, et craint de perdre l'amour de ses parents. Il décide alors de tout quitter avec la complicité d'un autre jeune homme plus roué que lui, et d'aller vivre dans une autre ville, de petits boulots mal payés.
Il faut savoir à propos de ce roman, que Duong Thu Huong l'a écrit en pensant à un jeune homme de sa famille disparu en 1987 au Vietnam, sans plus donner aucune nouvelle. Elle a donc écrit un premier roman où elle imagine ce qui a pu lui arriver, c'est Sanctuaire du coeur, et un deuxième, celui-ci, où elle échafaude un second scénario très crédible.
Alors, vous avez sans doute remarqué la longueur du roman. Globalement, une fois habituée aux digressions qui se tournent vers des destins de personnages secondaires, pour retrouver ensuite des passages qui éclairent l'évolution de Thanh, je n'ai pas trouvé le temps long. Ces histoires parallèles ou imbriquées sont heureusement intéressantes à plus d'un titre, entre autres le récit de son ami Tien qui donne à voir d'autres aspects de la vie des homosexuels au Vietnam, où, s'ils ne sont pas poursuivis par les lois, ils le sont par des préjugés tenaces, ça oui…
[...]
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Un détenu, dans des conditions terribles, se remémore les instants qui ont marqué sa vie, une vie passée à se punir pour son homosexualité ; se punir en quittant sa famille, en acceptant une liaison toxique, en refusant l'amour quand il apparait.
J'avais été très, très impressionnée par la très grande beauté de l'écriture et sa dimension universelle dans Au zénith, et surtout Terre des oublis.
Les collines d'eucalyptus est très différent : l'écriture est tout aussi belle, mais on y sent moins le souffle de l'Histoire. C'est beaucoup plus intimiste, on entre davantage dans l'esprit du personnage principal. J'ai compris pourquoi en lisant l'épilogue ; en effet, ce roman raconte la vie imaginaire d'un neveu réel, disparu un jour sans plus jamais donner de nouvelles. Duong Thu Huong explique que c'est l'une des "hypothèses les plus vraisemblables pouvant expliquer la fugue de [son] neveu."
On entre donc dans l'âme délicate, idéaliste et tourmentée de Thanh, en faisant sa connaissance dans une atroce prison vietnamienne, plutôt un camp de travaux forcés. Par la minuscule fenêtre il s'émerveille des fleurs, à la saison ; du beau vert des feuilles, quand il n'y a pas de fleurs ; et de la beauté des bancs de brume lorsque la végétation n'est pas visible...
Dans la narration de la détention s'intercalent les épisodes qui ont marqué sa vie, ainsi que celle d'autres prisonniers, un peu à la façon d'un recueil de nouvelles. Peu à peu son histoire personnelle prend le dessus, et on mesure toute sa difficulté à trouver une âme-soeur, tout son courage et toute sa résilience.
Un très beau personnage pour un très beau roman, dont les 800 pages se lisent avec aisance.
Traduction parfaite de Phuong van Tran.
Challenge Globe-Trotter (Vietnam)
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Ce roman porte en lui une puissance poétique magistrale.
Comment vivre son homosexualité au Vietnam.
Depuis sa cellule, Thanh se souvient et raconte son enfance aimée et choyée, son premier amour, ses premières transgressions dans un pays où l'amour n'est pas libre, ses premières oppressions jusqu'au drame.
Un roman vibrant comme le vent dans une forêt d'eucalyptus.
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Thanh adolescent au sein d'une famille aimante, découvre son homosexualité. Dans un pays où pèse le poids des traditions culturelles et religieuses ainsi et que le poids de l'idéologie communiste et nationaliste, l'homosexualité est un sujet tabou, tout juste toléré qui doit être caché. Thanh est déboussolé, perdu, seul face à ses interrogations et désirs. Se laissant entraîner et manipuler, il plonge dans une longue fuite en avant qui le mènera aux travaux forcés dans un bagne au plus profond de la jungle vietnamienne.

Au travers de l'histoire de Thanh, l'auteur nous livre une peinture terrible de l'univers des camps de travail vietnamien et d'une société très inégalitaire et totalement corrompue, ou pour une majorité de la population la débrouille, l'entraide familiale ou entre voisin sont les seuls moyens de survie.

Je ne connaissais pas cette auteure, et je connais très mal ce pays, le Vietnam, et cette société mélangeant la culturea ancestrale fortement imprégnée de bouddhisme, la culture occidentale suite à la colonisation française et la présence américaine, et une culture politique communiste s'appuyant sur le souvenir des guerres victorieuse anticoloniale et de libération. C'est aussi la description d'un parcours d'un adolescent devant mener sa vie, basculer dans l'âge adulte, balloter entre la nostalgie de la sécurité du cocon familiale et de la protection amoureuse de sa mère et se laisser aller par le destin ou en assumer ses choix et décisions.

Malgré un style agréable, l'histoire de Thanh ne m'a pas captivée. Ses incessantes introspections écrit en italique, comme une voix off, relèvent parfois de la psychologie de comptoir et d'un romantisme fleur bleu qui m'a souvent agacé.
"Destin", "sort", deux mots qui reviennent de manière récurante dans le texte de ce roman. Au fil des pages, je n'ai pas compris si ce rappel permanent était une véritable croyance de Thu Huong Duong en la fatalité et la prédestination, philosophie et conception de la vie qui me dérange, ou un tic de style, comme les termes "biche" et "faon" qui reviennent sans cesse pour parler de la mère et de son fils. Au fil du texte, on balance sans cesse entre deux conceptions de la vie, deux philosophies. Notre vie est-elle régie par le destin ou est-elle soumise à notre volonté et nos choix ?

J'ai été également perturbé par des petites phrases ponctuant de temps en temps le texte qui rélève au minimum du cliché sinon au pire d'une conception de la société qui me dérange là encore. Exemple : à propos des femmes "mais elles appartenaient au sexe faible, au beau sexe, et leurs terribles frustrations pouvaient se déchaîner en colères terribles,..." (p820) ou bien concernant l'homosexualité et le fait d'assumer à ne pas fonder un couple pour procréer "..on ne se marie pas, on n'a pas d'enfant, on se borne à suivre ses envies, à faire l'amour et à s'amuser" (p444)

En fin de roman, l'auteur écrit " Un auteur même très inventif, n'aurait pu imaginer un tel changement"(p825) et j'ai eu là encore beaucoup mal à comprendre l'intérêt de ce propos. Est-ce du second degré, en tout cas celà vient tout d'un coup cassé l'ensemble du texte et la magie d'un roman. D'autant plus si on le rapproche de l'épilogue de l'auteur laissant entendre qu'à l'origine de ce roman il y a des faits et évènements réels.

En reprenant à plusieurs reprises mes commentaires avant de les publier pour essayer d'argumenter mon appréciation du roman, je découvre petit à petit la subtilité du texte et ce basculement incessant entre ces deux philosophies de vie : une vie de sérénité face aux évènements lié au destin et à la fatalité,"nous ne sommes toi et moi que de pauvres marionnettes actionnées par des puissances invisibles. Nos volontés ne sont qu'illusion, aussi fugace que des feux follets" (p639) ou une vie d'angoisse et de peur lié à la volonté de mené sa vie "la vie se passe à faire des choix, et ce jusqu'à notre mort" (p719). Donc finalement un roman qui me semblait sans grand intérêt mis à part la découverte d'un pays, d'une culture et surtout de personnages qui demeurent attachants et qui finalement s'avère d'une profondeur impressionnant écrit d'une manière discrète et assez subtile.

A retenir ce passage : "l'histoire de l'espèce humaine s'est construite autour d'un verbe unique : utiliser" (p747)
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Lorsqu'elle vivait au Vietnam, Duong Thu Huong avait accepté d'enquêter sur la disparition du fils d'un couple de sa famille. Que deviennent ces enfants qui fuient un foyer chaleureux? Dans Sanctuaire du coeur, elle inventait un destin de ce jeune fugueur. le jeune homme ayant appris la faute de son père avait fui l'amour d'une famille pour se retrouver dans l'errance puis devenir un jeune gigolo.
Ici, autre version, on découvre Thanh en forçat, condamné à vingt cinq ans de prison. En partant toujours d'un récit de la vie en prison, l'auteur va nous conter comment Thanh en est arrivé là.
C'est le roman fleuve du fils prodigue et aimé d'un couple d'enseignants, qui ne peut décevoir cette mère-biche ni ce père contraint d'assurer la lignée familiale. Lorsqu'il découvre son homosexualité, il s'enfuit avec Phu Vuong, jeune voyou brimé par un père poète mais violent. Liaison fatale dont il peinera à se défaire malgré son intelligence et sa volonté.
Duong Thu Huong va alors enchaîner les récits de vie de personnages ayant croisé le chemin de Thanh. Autant de romans successifs qui évoque la jeunesse de Thanh, les mariages d'une jeune femme condamnée à mort, la vie de Tiên Lai, l'amant de Dalat. Chaque fois, elle montre la complexité des relations amoureuses où l'un profite de la faiblesse de l'autre.
" toutes les relations humaines reposent sur l'utilisation mutuelle."
Certains pourront y trouver des longueurs mais c'est sans compter le talent de conteuse de Duong Thu Huong. Elle émaille son récit de l'ambiance du Vietnam. Et l'on y vit presque au quotidien les moeurs, les coutumes. On comprend les contraintes politiques, le poids des valeurs ancestrales. On traîne sur les collines vertes, dans les champs d'ananas ou de pamplemoussiers. le goût du phô ou du thé au lait sucré s'oppose aux mauvais brouet des soupes de prison.
Le personnage principal qui nous fait part bien souvent (peut-être trop souvent) de ses pensées profondes se révèle être un garçon sensible et intelligent, malheureusement il est entraîné dans les méandres d'une vie tumultueuse.
" Chaque vie comporte plusieurs étapes, telle une rivière qui a un amont et un aval, où alternent des cours calmes et des cours torrentiels."
Malgré le nombre des histoires, les 790 pages, l'auteur est parvenu à maintenir mon intérêt grâce à son talent narratif, son pouvoir d'évocation d'un pays riche d'histoire et de coutumes, son style très imagé, son langage naturel et évocateur.

Ce roman est peut-être moins profond que le magnifique Terre d'oubli mais c'est une histoire touchante et passionnante.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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