AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,31

sur 18 notes
5
6 avis
4
6 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Savoir cultiver son jardin intime même si les fleurs, de verre, se font dangereux et douloureux tessons…Coup de coeur pour ce livre moldave à mi-chemin entre le conte fantastique et le conte gothique, entre le roman noir et le roman historique!

La petite Lastotchka, moldave, est adoptée dans un orphelinat par Tamara Pavlovna, ramasseuse de bouteilles, à Chișinău, en Moldavie. Adoption motivée davantage pour s'en servir et augmenter son butin que par charité et compassion semble-t-il de prime abord. Tamara fait en effet de la petite une ramasseuse de bouteilles comme elle, pouvant la seconder alors qu'elle vieillit. Ce n'est pas vraiment un métier mais pas rien non plus, une activité, sur l'échelle des activités « située en-dessous des postiers mais au-dessus des vendeurs de kvas ». Elles ramassent, inlassablement, les mains raides de froid, l'estomac retournée par la nausée au contact des bouteilles d'ivrognes nauséabondes, les échangeant ensuite comptant contre des sous sur un terrain vague, au fond d'une ravine. La fortune à partir de rien. Une vie en machine continue qui est source de coupures, de blessures à l'épaule tant la charge peut devenir lourde, de morsures du froid, de moqueries des autres enfants aussi, d'insultes de la part des ivrognes sur le dos desquels elles gagnent leur vie. C'est là que la petite fille a appris le russe entre les bouteilles et les ivrognes, le russe prenant le dessus sur le moldave, les langues se mêlant, bilinguisme source d'hésitations, de compromis. Par ailleurs, leur tâche ne se limite pas à faire la collecte des bouteilles, il faut aussi les laver pour qu'elles soient plus chères et ce n'est pas une mince affaire…elle a toujours les épaules pleines de pus et les mains bouillantes ou coupées…

« La première année, les bandes de savon sortaient rouges, mélangées aux morceaux de doigts. Mais avec le temps, j'ai appris à ne plus me tromper, à ne pas poser de questions, et surtout, à répondre comme il fallait.

Tiraillée entre la reconnaissance que Lastotchka doit à Tamara de l'avoir sorti de l'orphelinat, la colère qu'elle ressent aussi pour l'exploitation qu'elle fait d'elle, pour ses méthodes éducatives très sévères et uniquement guidées par l'appât du gain - « Son coeur réclamait de l'or ; le mien des étoiles » - et par ailleurs la haine vouée à ses parents biologiques à qui elle destine ce récit, la petite fille décrit sa vie, son ressenti, son monde, ainsi que l'histoire de ce territoire. C'est une vie faite de bric et de broc, une vie qui m'a fait penser par moment à la vie des enfants dans les bidonvilles où la débrouille, les vols et autres combines, les dangers que courent surtout les petites filles face aux hommes, et l'insécurité les fait grandir plus vite.

« Peut-être, en me jetant dans la fosse, comme vous l'auriez fait d'un déchet, avez-vous pu voler dans la vie, comme vous l'avez rêvé : haut, libre. Peut-être, peut-être, peut-être. Pendant toutes ces années, ce qui m'a perturbé le plus, c'est de penser que vous avez bien fait de m'abandonner. Que cela valait le coup. Même le mensonge, vous n'avez pas su le choisir comme des humains. Vous avez été des chiens, du début à la fin. Et vous avez voulu que je sois une chienne, moi aussi. A Bucarest, il neige sans discontinuer, et dans ma tête les langues s'embrouillent et m'engourdissent le cerveau. Dans quelle langue dois-je vous chercher ? Dans quelle langue puis-je vous pardonner ? ».

Elles habitent un immeuble vétuste disposant d'une cour défoncée dans lequel vivent des personnages haut en couleur, marginaux, pauvres, qui marqueront son enfance. La description qu'elle fait, soit à hauteur d'enfant, soit une fois adulte lorsqu'elle ressasse ses souvenirs, de cette communauté cosmopolite est emplie d'humanité. C'est par moment très touchant.

« Nous nous sommes demandé plus d'une fois, à la suite de quel naufrage nous nous étions retrouvés, au petit bonheur, ici. Moldave, Ukrainiens, Juifs, Russes. Militaires démobilisés. Braves femmes seules. Hommes en pleine force mais dont personne ne voulait. Et il y avait moi. Gosse effrayée et seule qui, à l'instar des oiseaux, a entrepris de construire son nid avec des saletés et des restes. Ils m'appelaient tous Lastotchka (« hirondelle ») et il n'y avait aucun couteau au monde qui puisse décoller ce nom de moi ».

Leur activité de ramasseuses de bouteilles va un peu diminuer pour Lastchocka lorsqu'elle va rentrer à l'école puis s'arrêter pour toutes deux, suite à la « période sèche » mise en place par Gorbatchev durant la Pérestroïka, réglementant strictement la consommation d'alcool. Intéressante la manière d'aborder l'histoire de ce territoire et de voir comment la grande Histoire a des conséquences directes sur les petites histoires de ces pauvres hères. Il faut dire que la Moldavie a été quelque peu tiraillée, héritière de deux histoires, celle de l'ancienne Principauté de Moldavie fondée au 13ème siècle et dont le passé local est aussi celui de la Roumanie et celle de la République socialiste soviétique moldave dont le passé est soviétique. Chacune de ces histoires a laissé dans le pays des populations et des identités, dont les aspirations et les cultures n'ont pas encore trouvé de compromis pleinement satisfaisant pour toutes les parties et ce tiraillement se sent vraiment dans le récit, cette petite fille se considère moldave par les racines mais elle tombe totalement peu à peu sous le charme de l'âme russe, de sa langue notamment, tiraillement joliment mis en valeur. On vit dans ce récit l'arrivée de Gorbatchev alors que la Moldavie fait encore partie des Etats membres de l'Urss puis son indépendance, on entrevoit la catastrophe de Tchernobyl, le tremblement de terre venant de Roumanie…

La poésie est omniprésente, renforcée par le fait d'avoir un récit à hauteur d'enfant. de ces bouteilles qui envahissent leur logement, leur bras, leur esprit sans relâche, l'enfant en fait un jardin : lorsqu'elle est seule, ce qui est rare, elle ouvre largement la porte afin de faire entrer la lumière. Alors les bouteilles se mettent à vivre. Leurs couleurs simples se mêlent et en produisent d'autres, plus surprenantes :

« un rang couleur cerise, un rang blanc : rose
Un rang couleur brique, un rang marron : couleur miel
Un rang vert, un rang blanc : couleur turquoise.
Les blanches seules : couleur argent.
Mon jardin de verre »


Roman sur les traumatismes de l'enfance, sur la douleur de l'abandon, sur l'absence de douceur maternelle, sur la quête d'identité dans un environnement, qui plus est, multiculturel, « le jardin de verre » de Tatiana Tibuleac, auteure moldave mais qui a écrit ce livre en roumain, m'a marquée par sa poésie, sa dureté, sa cruauté par moment, étant narré tantôt par une enfant, tantôt par l'enfant devenue adulte, une coriace fleur de bunker, une fleur toute fissurée cependant, qui semble certes aller bien, réussir même (elle va devenir gynécologue) mais brisée à l'intérieur à l'image de ce jouet rêvé, ce kaléidoscope, ramassé – à quel prix - sous les roues d'une voiture…des tessons provoquant des cicatrices qui ne se referment jamais.


Commenter  J’apprécie          9323
Des bouteilles de verre de couleurs différentes forment un arc-en-ciel.
Mais il faut bien les récurer les bouteilles parce que la ramasseuse les ramasse dans la rue ou dans les poubelles mais les bouteilles des poubelles sont plus belles une fois lavées et on peut les revendre et convertir les déchets de verre en argent ... le jardin de verre de l'orpheline se forme dans ce quartier sordide de Moldavie à partir de ces bouteilles accumulées, stockées au fur et à mesure ... Et le verre se brise, parfois, et la blesse ... Mais des tessons de bouteille, elle en fait des composants pour son kaléidoscope ... Et les éclats de verre attirent sur elle la lumière ... Et l'orpheline en a besoin de lumière pour s'épanouir, elle qui moisit dans l'humidité, le froid, dans la nuit ... Car elle voit le monde à travers un hublot, à travers une fenêtre, l'orpheline, car la souffrance, la honte, l'ont comme retranchée du monde ... Et elle se retrouve comme la peinture de la couverture de ce livre, elle se retrouve comme une bouteille vide ... comme une fillette maladive, chétive, fragile, comme une enfant qui serait atteinte de la maladie des os de verre ... Oui, c'est un récit de misères et de petits bonheurs, aussi, de malheurs qui se convertissent par le miracle de l'écriture fragmentée, par cette écriture si particulière en éclats de verre.
Commenter  J’apprécie          110
Lastotchka est seule, seule dans un monde réduit aux grilles de l'orphelinat de Moldavie qui est son foyer, si l'on peut appeler ce lieu ainsi. Maltraitance, pénurie, la vie est une épreuve quotidienne.

Sa vie change lorsqu'elle est adoptée par Tamara Pavlovna, une ramasseuse de bouteille.

Pour autant pas d'effusion de tendresse au programme. Une vie toute aussi rude l'attend, à récupérer des bouteilles vides, les récurer à l'eau bouillante. Apprendre le russe. À la dure. Tamara souhaite que sa Lastotchka ait une belle vie, sans soucis d'argent et si pour y arriver elle doit la cogner, elle le fera.

Autour d'elles deux, c'est tout un microcosme qui s'organise autour de la cour de leur immeuble. Ancien soldat, femme « légère », famille… les saisons s'égrènent et notre petite héroïne grandit.

Les années défilent, pourtant le vide intérieur de Lastotchka ne se comble pas.

Comment grandir avec un vide de parents, sans savoir si l'on a été abandonné par choix ou par nécessité.

Comment devenir mère lorsque l'on se sent seule et méchante ? Lorsqu'en prime le père de l'enfant est parti – ne supportant pas la maladie incurable du nouveau-né ?

Autant de questions qui tourmentent la jeune puis la moins jeune Lastotchka…

Ce roman est un immense coup de coeur pour moi, par son histoire mais aussi par le style, si magnifique de Tatiana Tibuleac.

Sa plume demande des efforts, les chapitres se succèdent, plutôt brefs, sans forcément de contexte, parfois avec des sauts dans le temps, sans forcément d'explications et portant il ressort une beauté âpre de ces pages.

Moi qui dévore les romans, je me suis obligée à une autre temporalité avec celui-ci, pour en savourer les pages et prendre le temps de comprendre ce que voulait nous dire l'autrice.

Ce roman interroge la maternité, l'amour, deux thèmes si chers à la littérature, mais pas seulement. Tatiana Tibuleac interroge la langue, la langue maternelle et celle que l'on doit adopter, les liens qui nous unissent à elles, qui retranscrivent également, dans le cadre de la Moldavie, une réalité politique complexe.

En bref, un coup de coeur pour ce roman magnifique et son héroïne si touchante dans ses doutes et ses échecs, vous l'aurez compris, je vous le conseille !
Commenter  J’apprécie          90
L'écrivaine roumaine Tatiana Țîbuleac vit actuellement à Paris. le jardin de verre est son deuxième roman traduit en français par Philippe Loubière et paru aux éditions des Syrtes. La collaboration de ce trio de succès connait la même réussite qu'en 2018 lorsque paraissait la version française de son premier roman L'été où maman a eu les yeux verts.

Mais, à nouveau défi, nouvelle énergie pour réussir à offrir aux lecteurs francophones une nouvelle histoire d'une pureté diamantine. Il faut rappeler que le jardin de verre a obtenu en 2019 le Prix de l'Union européenne de littérature.

Lire la suite :
Lien : https://lettrescapitales.com..
Commenter  J’apprécie          30
Encore un roman de la rentrée qui m'avait tapé dans l'oeil, illustré par une belle couverture de l'artiste Iulia Schiopu. Mais enfin avec les éditions des Syrtes, il y a toujours peu de chance de faire fausse route dans ses choix de lecture. le Jardin de verre a obtenu le prix de l'Union européenne de littérature 2019. Organisé tous les ans, ce prix récompense les meilleurs écrivains émergents en Europe. Il a été lancé par la Commission Européenne. L'auteure, Tatiana Tibuleac a la double nationalité roumaine-moldave et vit à Paris aujourd'hui.

Outre l'envie que j'avais de lire ce roman, ce fut aussi l'occasion d'avoir une première approche de ce petit et mystérieux pays qu'est la Moldavie, imbriquée entre ses deux grands voisins, l'Ukraine et la Roumanie, et qui est l'un des pays le plus pauvre d'Europe. En revanche, au point de vue culturel, c'est un pays riche et complexe, composé notamment de la Transnitrie une région peuplée par des russophones s'est proclamée indépendante en 1992 mais qui reste non reconnue par la communauté internationale. C'est donc un pays géopolitiquement scindé entre identité roumaine, ukrainienne et russe, et gagaouze, bulgare et tsigane, dont même le nom pose problème : on l'appelle République de Moldavie en français alors que les Nations Unies ont choisi de l'appeler République de Moldova (le Moldavie faisant référence au pays historique, amputé depuis de territoires récupérés par la Roumanie et l'Ukraine). Avant d'avoir pris connaissance de cela, l'une des premières choses qui m'ait intriguée, c'est que la langue de rédaction est le roumain alors même que l'auteure est moldave. Mais une note du traducteur, Philippe Loubière, nous révèle qu'il s'agit de la même langue à quelques éléments près, dont l'alphabet car le moldave s'écrit en cyrillique. L'épigraphe du roman, incisif, brute, percutant, donne un bon aperçu du texte que l'on s'apprête à lire « Vous m'avez dit que j'étais une chienne sentimentale / Je vous mords jusqu'au lait« . le ton est donné, Un récit à la première personne, contre le reste du monde, contre sa violence, la brutalité froide de son inimité, c'est un combat qui s'annonce, ou les coups seront rendus comme ils ont été donnés, avec ses blessures, dans la capitale moldave, Chisinau. La défiance et l'animosité comme art de vivre quand on est l'enfant abandonnée, adoptée, puis maltraitée.


Née de rien, ni de personne, l'orphelinat reste une première expérience douloureusement acérée comme préparation à la vie de Lastotchka. Une vie douloureuse qu'elle va mener cahin-caha. Comme sa vie, qui n'est pas un long fleuve tranquille, ce texte est découpé en de multiples partie, le phrasé est haché, rendu au minimum, parce que dans cette existence-là on ne s'embarrasse pas de faux-paraître et de fioritures ; Il faut travailler, apprendre, grandir et surtout survivre. Avec ces phrases la plupart du temps concises, il semble que les coups qu'encaisse la toute jeune fille qu'elle est au début prennent ainsi corps et âmes dans l'esprit du lecteur.


Récit âcre et acerbe d'une vie brisée en mille morceaux dès le départ, guidée par un instinct de survie plutôt bien ancré, au beau milieu d'un petit monde qui forme cette microsociété dans cette cour, Chourotchka où elle réussit à se creuser sa place. Pavlik, Bella Isssakovna, Roza, Zahkar Antonovitch, cette petite compagnie, un ersatz de famille qui se réunit tantôt autour du châtaignier. Récit d'une jeune orpheline qui trouve à force' d'années passées et qui tisse les liens avec les gens du quartier. En dépit de cette langue froidement aiguisée, il y a quelques épisodes de bonheur fugace, quelques moments de beauté pure, pendant lesquels Lastotchka exprime la beauté qu'elle est parvenue à trouver dans sa situation, à travers ce cercle de femmes qui l'ont entourée, chacune à leur manière, qui l'ont élevée finalement à leur manière, qui l'ont entourée tant bien que mal dans ce jardin inhospitalier, cette nouvelle forme de famille qui l'a finalement adoptée.


L'un des nombreux points de ce roman dont j'ai envie de parler, c'est cette volonté farouche d'imposer le russe comme langue nationale, d'une minorité ethnique à s'imposer dans un pays ou se côtoient différentes cultures, à rabaisser cette langue moldave, du roumain adapté en cyrillique. le russe la langue de l'intelligentsia, le moldave, la langue du peuple. À travers ce texte adapté du roumain, et mâtiné de nombreux termes qui sont restés en russe dans la traduction française, s'observe l'identité d'un pays tiraillé entre deux identités culturelles. Un peu comme la narratrice finalement qui ne sait pas vraiment d'où elle vient et qui elle est.

Une vie décidément aussi tranchante que du verre, une écriture sur le fil du rasoir, la narratrice apprend à ses dépens, au prix de nombreuses entailles, à manier les bouteilles et le verre. Dans ce jardin de verre qu'est la vie de Lastotchka, tout est une question d'équilibre et au moindre faux pas, c'est la coupure assurée, parce verre qui règne sous toutes ses formes : pille, brisé, morcelé. Même la langue russe s'apparente littéralement à un tesson redoutablement affuté. Au milieu de tout cela la reine des glaces fait sa place, doucement. La métaphore soigneusement filée du verre et de la glace qui est là pour souligner toute la rudesse de la vie de Lastotchka, et celle de ses collègues, est parfois interrompu par des moments de pur bonheur, où elle ressent la chaleur de l'affection presque maternelle, amicale. Il est difficile de s'affranchir de la rigueur de ce monde de verre, où la narratrice devient à forcer de farfouiller, ramasser, nettoyer, manipuler, laver ces bouteilles, elle-même la véritable reine de ce monde de glace. Avec une narration elle-même brisée par les changements de chapitre, comme l'est notre jeune orpheline, une vie ébréchée issue d'un d'un monde qui l'est au moins autant.


On ne peut qu'être troublé par le destin de ces laissés-pour-compte qui ont échoué, on ne sait comment, dans un quartier lui-même abandonné par les autorités, et forment cette famille des esseulés de tous, parents, famille, institutions, patries. Dur mais beau, très puissant roman d'orphelin, de l'abandon mais du recueillement, de l'apprentissage à la famille, de la possession de rien, de la perte de tout Lastotchka ; notre héroïne est l'une de jeunes filles à la Oliver Twist de la Moldavie de fin de XXe siècle, sauf qu'elle n'est pas seule. Et c'est bien ce qui se la sauvera. Entre les tessons de verres, plantés, gisant, Lastotchka et ses compagnons de vie, parviennent à zigzaguer entre gravats, débris et tant bien que mal échafaudent leur propre existence ensemble.

Une vie signifiée par le verre qu'elle ramasse incessamment, ce matériau étrangement dur et coupant, froid, mais si lisse et plein de valeur. L'auteure a magnifiquement réussie à cristalliser cette vie hachurée dans ce matériau polychrome, polymorphe qui surgit à tous les coins du roman, Plus qu'un roman, c'est aussi une oeuvre qu'on voit, on touche, les mots de l'auteur deviennent lames de glaces, glacée, coupante, blessante et brulante, dont je suis ressortie l'esprit quelque peu ébréché.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          30
Lastotchka ramasse les bouteilles et les porte, mains blessées, épaule affaissée puis les lave et les vend, soumise à Tamara Pavlovna cette femme au double visage, aimante sans l'être. La vie débute ainsi, à sept ans, sortie de l'orphelinat dans lequel les sévices se cachent ou se taisent. La vie débute au coeur du quartier des exclus, prostituées, blessés de guerre, laissés pour compte, des pauvres, des oubliés du parti, un microcosme où la réalité s'apprend à coups du destin.
Un Kaléidoscope, comme celui ramassé sur la route, avant la torgnole sur le bec. du verre. Des miroirs. Et une multitude de fragments. La vie, c'est ainsi. du passé, du présent, enchevêtrés. On ne se débarrasse pas de ses chagrins. Ni l'abandon. Ni l'orphelinat. Pas plus que l'achat de soi-même ou la cassure. La rage s'en mêle face à l'abus, à la déchirure entre deux mondes, moldave/russe. La perte de soi. de son identité. de ses racines. le kaléidoscope sera ainsi : une succession d'émotions – un sens figuré plaqué au sens propre.
167 paragraphes constituent ce roman – 167 facettes. Collées. Décollées. Hier et aujourd'hui entre petits trésors d'un quotidien difficile et grandes tragédies. Une pépite littéraire. Indescriptible. Un poème.
Ce livre se lit lentement, se pose et se reprend, en avant, en arrière pour en comprendre parfois le sens, passé ou présent, narration ou introspection, des mots qui viennent du coeur sans aucune concession, bruts et tranchants et pourtant si enveloppants.
Une lecture riche qui, lorsque qu'elle s'achève, laisse à l'esprit l'envie de s'y reperdre.

Lien : https://aufildeslivresbloget..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (86) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}