Je suis né un 24 décembre et cette coïncidence conjuguée avec la débordante piété de ma mère m'a gratifié du prénom de Noël. Je ne m'en plaindrai pas. Quatre jours de plus et j'étais bon pour m'appeler Innocent.
Rien n'est anodin dans la vie, et les aléas du hasard, dès qu'ils sont extravagants, m'invitent à croire à une conspiration d'angéliques gardiens des reliances humaines.
Dis-moi que rien n'a changé entre nous, ma Luise.
Dis-moi qu'il est possible d'arracher toutes les pages qui nous ont éloignés l'un de l'autre et de reblanchir le papier pour donner une nouvelle suite à notre histoire.
Même si le vide n'en demeure pas moins sous nos pieds, mon coeur est là qui nous appelle à renaître.
Il y a dans notre famille un attachement à la fête de Noël qui va bien au-delà de tout ce qu'on peut rencontrer à des lieux à la ronde. Noël est l'événement majeur de l'année, le jour phare où la lumière se décide à ressortir de la nuit, où, pour les femmes très chrétiennes de la tribu, l'enfant-Dieu prend corps parmi les hommes pour leur insuffler l'espoir d'une vie aux accents d'éternité.
Quant à toi Luise, tu ne m'as jamais été inconnue. Tu revenais à moi d'une histoire plus ancienne que moi-même, d'un lien intime remontant à la nuit des âges.
Quel moment de l'année est plus approprié que cette fin décembre pour reconquérir minute après minute,d'un jour à l'autre,la lumière prise par la nuit?
Et quand il m'arracha à ta contemplation pour me présenter à ma nouvelle petite sœur qui trônait toute en rondeur dans son beau berceau enrubanné de rose,je parus presque indifférent.A peine avais-tu débarqué dans cette vie que quelque chose en toi m'appelait.
Les vrais contrats de la vie, on les passe avec soi-même. La plume pour les écrire se trempe dans l'encrier du coeur. (p.250)
Il est des êtres que les souffrances affalent, d'autres que les épreuves sculptent. Tout dépend s'ils sont faits d'argile ou de pierre. (p.20)