Citations sur Journal de L. (1947-1952) (94)
Je laisse tomber.
L'amour fait chier,
C'est une maladie.
D'ailleurs, d'ailleurs,
Des gens en meurent.
p146
La nuit tombe, le ciel est orange de plus en plus foncé et, dans le bleu profond qui flotte encore au-dessus des montagnes du côté du désert, une minuscule étoile cligne comme un diamant. Je ne peux pas la toucher mais je peux sentir sa solitude.
p65
La seule supériorité que j'ai sur tout le monde, sur Hum et tous ces gens qui nous regardent passer et ne disent rien, c'est que je sais que je joue un rôle.
p46
C'est fou comme on préfère toujours la souffrance et l'inconfort du quotidien à l'inconnu et au bonheur possible.
Toi tu es sans défauts! le parfait bon goût... inhumain, quoi!
Toi aussi tu es une poupée. Faite pour attendre sur un lit, pour être caressée, habillée et déshabillée par d'autres que toi. Un objet de chair, mais de la mécanique quand même.
Sa queue est folle et je veux qu’il en meure, que son sperme l’étouffe comme le vomi d’un alcoolique.
Il doit bien y avoir une porte quelque part, une sortie secrète. Ou un ange qui vient te sauver.
[...] Il n'y avait pas d'ange ce soir parmi tous ces bonshommes.
De toute façon qu'est-ce qu'ils auraient pu me dire ?
Je suppose que même quand ils parlent de l'amour ou de l'enfer, les hommes parlent technique.
Dans le ciel les étoiles tournent, petits diamants dans un monde de rouille, et comme moi elles ont froid.
« J’aurais voulu la tuer, puis lui dire que dans la vie, on a le droit de lambiner. Si on ne le fait pas à cet âge, on le fait quand ? Après tout s’accélère, je suppose, on a des tas de choses à faire comme Madga et Neil. Des tas de choses absurdes. Vite se lever, se laver, s’habiller, vite prendre le train, travailleur, déjeuner, travailler encore, et puis vite rentrer, faire les courses, le dîner, manger, se coucher et vite, vite, ça recommence. Plus le temps de rien, plus le temps de chanter en évitant les rainures, entre les dalles d’un trottoir. »