Quand un parent tente de cacher un événement douloureux qui le préoccupe - soit qu'il l'ait vécu lui même, soit qu'il ait imaginé que ses ancêtres l'avaient vécu -, son enfant le pressent toujours.
..., les parents porteurs de traumatismes graves non résolus, qui font souvent alterner des émotions et des comportements extrêmes et inexplicables, ont plus de risques d'avoir un enfant ayant un attachement désorganisé. (p. 47)
Le secret est comme l’inconscient. Il risque toujours d’être ailleurs que là où nous avons cru le repérer !
On n’a jamais guéri un paranoïaque en lui disant qu’il souffre d’avoir dû idéaliser son père qui le persécutait, ni un phobique en lui expliquant la configuration de ses choix œdipiens !
Ce qui blesse le plus gravement un enfant, c’est en effet de se sentir exclu de sa propre famille et de croire qu’il est lui-même la cause de cette exclusion ou, pire encore, qu’il est lui-même la cause de la souffrance de ses parents.
il vaut mieux parler maladroitement des choses que de ne pas en parler du tout. Et il vaut mieux, à la limite, dire que quelque chose de grave nous affecte et que nous ne pouvons pas en parler encore, plutôt que d’essayer de cacher à l’enfant notre angoisse ou notre tristesse, ainsi que l’événement qui les a produites.
Garder un secret, c’est contredire ce désir primitif et essentiel. C’est pourquoi celui qui porte un secret éprouve le besoin constant de s’en délivrer. Ce besoin n’est pas lié en premier lieu à la nature douloureuse en soi du secret, bien que celui-ci puisse être parfois pénible. C’est l’existence d’un clivage à l’intérieur du psychisme et la souffrance l’accompagnant qui déterminent l’apparition de constructions névrotiques d’où découlent les diverses formes de « suintements du secret ».
Le secret – tout secret – a une force isolatrice. Toute relation de proximité amoureuse ou même seulement affective est au contraire guidée par un désir de transparence et d’osmose parfaite.
Le secret est la meilleure des choses. Il protège notre intimité psychique et physique, notre vie privée et celle de ceux que nous aimons. Mais il devient la pire des choses lorsque, pour une raison ou pour une autre, il est vécu comme une contrainte.
Un psychothérapeute n’est pas un devin. Et il serait bien présomptueux de croire qu’il puisse un jour « deviner » un secret familial par lequel la vie psychique d’un patient a été marquée. Le travail du psychothérapeute est plus modeste et plus… réaliste.