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3,3

sur 181 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Laisser sortir la voix. Parler. Prendre les mots, même avec la langue rugueuse d'une parole confisquée. Rompre le joug, ouvrir la gorge pour que la vie prenne verbe, qu'elle prenne corps, rétablir le mouvement, commencer à lutter.
Inspirée d'un fait réel, l'histoire se déroule en 2009 dans une colonie mennonite de Molotoschna, Canada, où des femmes sont régulièrement retrouvées au petit jour inconscientes, battues comme plâtre et violées. Pourquoi et par qui ? L'affaire est entendue, c'est l'oeuvre du malin qui, comme on le sait, rode la nuit. Alors, un jour, des femmes décident de se réunir en secret pour dire les violences que les hommes leur font subir et tenter de changer la donne. Leur langue est difficile, elles parlent à peine, elles n'ont pas l'habitude de s'exprimer. Celles qui vivent en autarcie, tout en bas de l'échelle, n'ont pas le langage du maître.
Tour de force romanesque, Ce qu'elles disent est sans complaisance mais non sans une touche d'humour. Miriam Toews, qui ne nous met jamais dans une position de voyeur, chose suffisamment rare par les temps qui courent pour qu'on le souligne, nous rappelle que l'oppression peut cesser dès lors que des personnes isolées décident de s'unir."
Pierre-Romain Valère in DM
Lien : https://doublemarge.com/ce-q..
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Vivant dans les préceptes de l'Ancien Testament, dans la crainte de Dieu et du Diable, les Mennonites espèrent le paradis et redoutent l'enfer. En communauté loin du monde moderne, ils parlent le bas-allemand, une langue qu'eux seuls comprennent.

Le quotidien est géré par les hommes qui travaillent dur aux champs, les femmes toutes illettrées s'occupent de la maison sans aucun contact avec l'extérieur. Les enfants vont à l'école jusqu'à douze ans où ils étudient des textes religieux. Une société bloquée au XIXème siècle, loin des vices et de la corruption du monde moderne ?

Pourtant dans cette communauté mennonite Bolivienne, entre 2005 et 2009, de nombreuses femmes âgées de trois (oui vous avez bien lu) à soixante-cinq ans ont été victimes de viols à répétitions pendant leur sommeil. Des hommes, après les avoir droguées avec un anesthésiant pour chevaux, les battaient et les violaient durant la nuit. Au matin les victimes se réveillaient le corps en sang et couvertes de bleus, sans aucun souvenir.

Pour les mennonites, les femmes sont une sorte de chainon manquant entre l'homme et l'animal, soit les victimes mentent pour masquer leurs turpitudes, soit elles sont victimes des attaques de Satan qui les puni de leurs pêchés. Lorsque les bourreaux seront reconnus par une femme qui se réveille en plein viol, une question se pose alors, les mennonites peuvent-ils reconnaitre la justice des hommes ?


« Salomé poursuit : Et quand nos hommes nous ont usées jusqu'à la corde, quand ils ont fait de nous des femmes qui, à trente ans, ont l'air d'en avoir soixante, des femmes avec un utérus qui, littéralement, menace de tomber sur le sol immaculé de notre cuisine, des femmes finies, ils se tournent vers nos filles. Et s'ils pouvaient nous vendre à l'encan ils le feraient sans hésiter. »

Elles sont huit femmes, dans un fenil, cachées du regard des hommes, elles ont quarante-huit heures pour décider de leur avenir. Se venger est un passeport pour l'enfer, pardonner serait un accès direct pour le paradis.

« Ceux qu'elles disent » est un livre rare, un précipité philosophique sur des vies contrôlées par la peur. Une conversation profonde sur la culpabilité, la résilience et le possible pardon. Que peut l'innocence face à la barbarie ordinaire et institutionnelle ?

Miriam Toews, qui connait parfaitement ces femmes, leur donnent la parole pour la première fois de leur vie dans un roman bouleversant. Une lecture qui marque.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Bolivie, 2009. Dans la colonie mennonite de Manitoba, huit femmes - trois générations - se réunissent en secret pour décider de leur destin. Au sein de cette communauté autarcique ultra-conservatrice, elles ont toujours vécu au service des hommes, sous le joug de la religion, et subissent quotidiennement viols et agressions sexuelles. Parmi elles, il y a Ona, la seule femme célibataire, enceinte de ses agresseurs, sa soeur Salomé, la révoltée, et leur mère Agata, affaiblie mais volontaire ; dans l'autre famille, il y a Greta, forte et pleine de sagesse, sa fille Mariche, soucieuse de la morale, sa petite-fille Mejal, impulsive et fataliste ; les deux plus jeunes de la tribu se nomment Autje et Neitje. Ensemble, elles ont deux jours pour statuer sur leur avenir : ne rien faire, rester et se battre, ou partir. Analphabètes, elles confient leur serment à un homme excommunié.
Au fil de la parole singulière de ces femmes, de leurs aspirations et de leur rage, Miriam Toews nous immerge au coeur de la communauté impénétrable des Mennonites, dont elle est elle-même issue. Dans ce récit puissant, loin de tout misérabilisme, elle nous donne à ressentir le quotidien de ces femmes et l'amour qu'elle porte à ses “soeurs”. On mesure la force incommensurable qui les pousse à renoncer à tout ce qui était leur vie, pour accéder à une liberté dont elles ignorent tout. Avec ce livre, Miriam Toews rend un bel hommage aux courage de ces femmes, et en fait une ode à la sororité.
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Ce roman est tiré de faits réels intervenus au début du XXIe siècle. Des viols accompagnés de violences durant plusieurs mois par 8 hommes de cette même communauté, sur plusieurs dizaines de femmes d'une communauté mennonite établie en Bolivie. Pères, oncles, grands-pères, frères, neveux, fils de ces femmes âgées de 3 ans à 65 ans agressées alors qu'elles étaient droguées par leurs agresseurs. La communauté a été bâtie par 2 familles, c'est ainsi que tous ces membres aient des liens de parenté. Cette secte anabaptiste née au moment de la Réforme s'est formée au XVIe siècle au Pays-Bas et a gardé un vocabulaire de cette origine qu'elle que soit la région de son établissement elle ne parle pas la langue vernaculaire et vit en autarcie. Les garçons seuls apprennent à lire et écrire et peuvent ainsi avoir des contacts avec le « monde » qui les entoure. Les femmes sont un cheptel, gardé dans l'ignorance du monde qui l'entoure. Bonnes à faire une ribambelle d'enfants et à trimer comme des bêtes de somme mariées dès l'adolescence, les hommes et particulièrement le chef de la communauté, transmet la parole de la Bible principalement celle qui permet aux hommes de garder le pouvoir absolu sur leurs biens, il les maintient dans la culpabilité intrinsèque de tout ce qui arrive, même les agressions !
C'est dans ce contexte que ce groupe de filles et de femmes se rebellent en profitant de l'absence des hommes, partis négocier avec les autorités, la libération des leurs, embastillés suite aux viols.
C'est la retranscription de réunions de huit femmes qui remettent en cause leur statut et toute leur vie, elles se posent la question de savoir que choisir de faire après la découverte de ces crimes horribles commis par leurs pères, frères, oncles, maris et fils. Rester et reprendre leur vie comme ci de rien n'était, rester et se battre pour obtenir entre autres, le respect et le droit d'apprendre à lire et écrire ce qui leur apporterait la possibilité de se défendre, ou s'en aller avant le retour des hommes en emmenant les filles et les garçons de moins de 12 ans (âge auquel les mâles font partie intégrante de la communauté et ont autorités sur les femmes). Elles abandonneraient une partie de leur famille, c'est l'élaboration de cette prise de décision qui nous est relatée dans ce roman par une auteure qui connaît cette secte de l'intérieur. L'instituteur de la communauté, mal considéré par les autres hommes car ses parents ont été exclus pour avoir regardés des livres d'art, revenu récemment rejoindre les siens après bien des années d'errance, il est chargé par le groupe de femmes de prendre note des débats et de la décision prise.
Très bien construit et très intéressant, ce roman est passionnant et nous fait découvrir de l'intérieur le fonctionnement d'une secte similaire à celle des amish qui que l'on a parfois tendance à admirer car elles ont réussi à vivre en marge en gardant les us et coutumes des siècles passés dans des sociétés qui s'autodétruisent dans le modernisme et la consommation à tout crin.
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Colonie mennonite de Manitoba en Bolivie, 2009. Brutalisées et violées, huit femmes doivent prendre une décision : Rester ? Partir ? Ou rester et lutter ? Illettrées, asservies et coupées du monde, comment faire le bon choix pour échapper à ces hommes et sauver leurs enfants. Autant de questions auxquelles elles tenteront de répondre lors de réunions secrètes pendant deux jours alors que les hommes sont en ville.

Inspiré d'un fait réel, ce roman retranscrit la voix de ces femmes décidées à ne plus subir la violence des hommes de la communauté. Une belle oeuvre sur la condition féminine et la possibilité pour elles de choisir leur destin.
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Une communauté mennonite particulièrement dure envers les femmes en les maintenant ignorantes du monde et analphabètes. Des hommes sont arrêtés et mis en prison pour avoir violé et torturé pendant la nuit plusieurs femmes en les droguant avec du spray à la belladone. Pendant l'absence des hommes partis pour faire libérer ces monstres en payant une caution, August jeune instituteur, les écoute et dresse un procès-verbal. Elles ont peur du retour des hommes et de la punition qui les attend pour les avoir dénoncés, elles ont peur de partir dans le monde mais le font pour sauver leurs enfants. Cette histoire vraie m'a profondément choquée, qu'il existe encore au 21ème siècle ce genre de communauté abjecte croyant aux interventions de Satan et des femmes obéissant aux hommes, car c'est écrit dans la bible. L'auteur elle-même ammonite élevée dans la tolérance a tout de même dû rompre avec sa communauté pour aller à l'université. JB
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Pendant quatre ans plus d'une centaine de femmes de la communauté de tous âges, 3 ans pour la plus jeune fillette, issues de différentes familles, ont été successivement droguées, violées, battues, et laissées inconscientes au petit matin. La seule explication donnée par les hommes est que le diable a pris possession de leurs corps, de leurs âmes, elles sont donc coupables. La place de la religion est tellement énorme dans cette communauté chrétienne anabaptiste et pacifiste (crée au XVIe siècle) pour tous et toutes qu'elles sont paralysées face au poids de ces évidences. Jusqu'au jour où elles démontrent que ce sont certains hommes de cette même communauté qui les endorment et abusent d'elles.

Cette lecture est à la fois un choc et une énorme surprise. Comment imaginer que des femmes vivent aujourd'hui dans de telles conditions, et surtout, comprendre ce qui leur est arrivé et comment elles ont été traitées pendant si longtemps.
lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/10/16/ce-quelles-disent-miriam-toews/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Quand une écrivaine qui a connu dans sa jeunesse la vie dans une colonie identique mais heureusement plus moderne, s'inspire d'un fait divers réel absolument dramatique, cela donne un récit puissant et déchirant, même si sa lecture est parfois assez déroutante.

Afin de l'apprécier davantage, j'ai pris parti de le lire comme un témoignage et non comme un roman, car les discussions recueillies par August, qui fut un temps banni de la communauté, nous sont retranscrites avec précision mais de nombreuses personnes interviennent et j'ai parfois eu du mal à rester concentré, toutes ont tellement à dire.

Car, ce qu'elles disent est loin d'être anodin et c'est leur avenir qui se joue.

Trois solutions s'offrent à elles : Ne rien faire, rester ou partir.

Analphabètes, et pourtant pertinentes et éclairées même si elles ne connaissent rien du monde extérieur à la colonie. Elles vont devoir s'unir pour survivre ici ou ailleurs.

Un récit touchant, révoltant où l'on s'aperçoit une fois encore de tout le chemin qu'il reste à faire pour certaines femmes pour s'affranchir et se libérer de la tyrannie des hommes.

Ensemble, tout semble possible…

Lien : https://dealerdelignes.wordp..
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Dans une communauté Mennonite isolée de la Bolivie, entre 2005 et 2009, des femmes, jeunes filles, petites filles ont été violées la nuit, après avoir été anesthésiées par un produit vétérinaire. le roman se déroule sur deux jours, pendant l'absence de presque tous les hommes du village : 8 d'entre eux, les violeurs, sont en prison, les autres se rendent à la prison après avoir rassemblé une caution pour les faire libérer.
Pendant ces deux jours, ces femmes meurtries se réunissent pour déterminer de leur avenir. Trois solutions s'offrent à elles : ne rien faire, rester et se battre, ou partir. Ces femmes, considérées comme des animaux par les hommes de la communauté, ne savent ni lire ni écrire : c'est pourquoi elles confient à August Epp, l'instituteur considéré comme un paria par les autres hommes, le soin de retranscrire sur papier leurs débats.
August écoute les femmes avec un respect qui finit par les émouvoir, si bien qu'elles lui font de plus en plus confiance et livrent sans frein leurs états d'âmes.
Ce qu'elles disent est un roman extrêmement touchant. Les souffrances subies par les femmes sont évoquées avec beaucoup de pudeur, sans complaisance. L'atmosphère du roman n'est en rien pesante, car on sourit parfois face aux échanges très spontanés des femmes. Mais on reste terrifié par le traitement réservé à ces femmes à notre époque et le statut complètement honteux dans lequel on les maintient. Glaçant.
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On a déjà entendu parler de la société amish (illustrée par le film « Witness »), mais ici Miriam Toews avec📙📘 "CE QU'ELLES DISENT"📘📙, nous révèle des moeurs anachroniques d'une autre communauté analogue. C'est celle peu renommée en Europe : les mennonites. Venue d'Europe du Nord, elle a été délocalisée à travers le monde ; certains membres arrivés en Bolivie se sont rendus, entre autres, au Canada et notamment dans le Monnitoba. Ce roman marquera vos mémoires quand on sait que ce fait-divers contemporain serait resté sous silence si les autorités locales et officielles étaient restées hors de l'affaire. le choix d'un narrateur comme A. EPP au parcours atypique, donne du relief à la cause féministe bafouée dans cette société.
RESUME : Canada. Entre 2005 et 2009, un phénomène surprenant. Au sein d'une communauté mennonite de Bolivie, nombre de femmes attribuaient au Diable un phénomène inexplicable. En effet, à leur réveil, elles souffraient de grandes fatigues, de saignements et de traces de violences sur le corps. Alors, la seule explication tangible pour elle, était la main du diable.
Cependant, une nuit, une explication plus rationnelle dissout le mystère divin. Des hommes de la communauté Molotscha ont été pris en flagrant délit d'agressions sur les femmes. Leur modus operandi : par les ouvertures de fenêtres des maisons, ils vaporisaient des gaz anesthésiants destinés au bétail. Alors « droguées », leurs victimes se trouvaient ainsi neutralisées. Vilipendés par des maris ou des frères sous l'emprise de la colère, les agresseurs ont été arrêtés par la police pour être jugés. Alors en attendant leur jugement, une poignée de femmes, victimes courageuses à dénoncer les violences, se réunissent pour aviser de mesures adéquates. Et le temps presse car la collecte pour payer les cautions les hommes promet leur retour imminent. Quel choix vont-elles faire ?
Un témoignage bouleversant d'une société méconnue, sclérosée dans ses moeurs. Sur des principes religieux et des modes de vie archaïques, elle instaure pourtant une certaine sérénité entre ses membres. Certes, le calme règne dans le respect d'un ordre bien établi où les femmes se contentent d'une portion congrue d'humanité et de liberté. Ce livre issu d'une histoire véridique ne laissera personne indifférent.
beaucoup de détails sur le blog :
Lien : https://lesparolesenvolent.c..
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