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Lori Saint-Martin (Traducteur)Paul Gagné (Traducteur)
EAN : 9782283035955
288 pages
Buchet-Chastel (05/10/2023)
3.97/5   16 notes
Résumé :
Tout juste renvoyée de l'école, Swiv, neuf ans, écrit à son père absent pour lui raconter son quotidien hors du commun avec sa mère et sa grand-mère.
Pas facile de trouver sa place face à ce duo où l'amour cohabite avec le conflit. D'un côté, les sautes d'humeur et l'état émotionnel de sa mère, de l'autre l'excentricité de sa grand-mère Elvira, qui approche la fin de sa vie avec un humour qui n'appartient qu'à elle.
Alors que sa mère attend un nouvel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
++++++++ NUIT DE COMBAT ++++++++


L'histoire commence par une gentille lettre de la petite Swiv, 9 ans, à son papa pour lui annoncer qu'elle a été renvoyée de l'école, parce que sa maîtresse n'avait pas apprécié le ton qu'elle avait adopté pour lui signifier qu'elle avait tort. Elle explique que maman, qui est sérieusement en ceinte avec Gord coincé dans son ventre, lui avait pourtant donné raison. Elle ajoute que grand-maman, qui a déjà un pied dans la tombe, vit maintenant avec elles et que grand-papa lui manque. Elle craint que le temps qu'elle arrive au paradis, il sera probablement déjà parti. Les hommes, elle conclut, ils viennent et ils ...

La "Nuit de combat", le neuvième livre de l'auteure canadienne Miriam Toews, est un roman émouvant, plein d'humour et une ode merveilleuse au troisième âge, qui n'est pas par hasard introduit par une belle citation de John Steinbeck, trouvant "curieux que la tristesse n'augmente pas nécessairement avec l'âge".

Bien que manifestement moins sombre que son best-seller "Ce qu'elles disent", adapté à l'écran avec succès par Sarah Polley sous le titre "Woman Talking" en 2020, le style, les considérations et la langue sont indubitablement de la même qualité dans son dernier roman. Comme le personnage central, "Grandma", a vécu avant dans une communauté mennonite aux règles strictes, le parallèle avec l'histoire de la colonie mennonite de Bolivie, racontée dans l'ouvrage précité, s'en trouve renforcé.

La narratrice du roman, Swiv, est une gamine marrante, malgré la situation peu plaisante dans laquelle elle est supposée grandir, entre une mère fatiguée à cause de sa grossesse à son âge et une grand-mère spéciale, qui a besoin d'aide physique à son âge avancé, mais a gardé un sacré esprit indépendant et combatif.
Le trio vit dans une modeste habitation en sous-sol et, en l'absence du générateur de Swiv comme source de revenu, doit faire gaffe à ses dépenses.

À ce propos, à la question de Swivchen (son nom diminutif) où est donc passé son père, Grandma répond qu'il s'agit là d'une question à soixante-quatre mille dollars !

Dans cet univers plutôt chaotique, la petite Swiv est chargée de tâches qui ne conviennent guère à ses 9 ans, comme par exemple s'occuper de la longue liste de médicaments de Grandma ou l'accompagner aux États-Unis, à Fresno en Californie, où elle veut visiter ses cousins hippies.

J'arrête ici ma présentation d'un livre qui m'a beaucoup plu et fort impressionné, quoi qu'il m'a fallu à plusieurs reprises avoir recours aux dictionnaires pour bien saisir la finesse des conversations entre ces 3 générations de femmes s'exprimant parfois en ce que je présume être un argot de Toronto.

Pour finir, je tiens à souligner la sagesse de Grandma qui apprend à sa petite-fille chérie le combat et la force des femmes face à la faiblesse humaine. Un combat très dur qu'il ne faut jamais arrêter et un devoir que Swiv se dépêche, à son tour, de transmettre à Gord dans le ventre de sa maman.

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Se battre, c'est le quotidien de Swiv, mais sa bagarre à l'école n'a pas été apprécié, elle a d'ailleurs été renvoyé. 

Swiv n'a que neuf ans et pourtant quand découvre sa vie, on lui donnerait bien davantage. 

Elle vit avec sa grand-maman à la santé fragile et sa maman qui attend un bébé, trois générations sous le même toit. 


Son père est parti, alors elle se confie à lui à travers une longue lettre et couche sur le papier, leur vie au quotidien, remplie d'amour, de joie de rire, d'inquiétudes et parfois de conflits. 

Très fusionnel avec sa grand-maman, elle va l'accompagner en voyage afin de veiller sur elle, un voyage qui va les rapprocher davantage et amener son aïlleule à lui révéler Ce que combattre veut dire à travers des secrets familiaux. 

Grâce aux Éditions Buchet.Chastel, qui publient depuis 2019, les romans de Miriam Toews, j'ai eu la chance de découvrir cette auteure qui ne cesse de me surprendre à travers ses récits toujours très touchants. 

À travers ce dernier qui donne la voix à une enfant de neuf ans, on découvre son combat quotidien dans cette famille fusionnel qui partage la même habitation pour le meilleur et parfois pour le pire, notamment pour Swiv contrainte quelque peu de porter cette famille à bout de bras.

Un récit drôle, vivant, bouleversant qui nous donne une belle leçon de vie, et nous offre une vision de ce que combattre veut dire, pour cette enfant qui apprend vite malgré les traumatismes de sa fale chemin de la résilience.
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critiques presse (1)
LeDevoir
22 mai 2023
Miriam Toews aborde la maladie mentale, le suicide et le deuil avec la candeur de l’enfance.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J’ai fait exprès de marcher trop vite pour essouffler grand-maman. Puis j’ai eu envie de pleurer parce que j’étais fâchée contre moi et le reste du monde. J’ai ralenti pour que grand-maman ne meure pas. Trop occupée à survivre, elle n’a pas remarqué les larmes dans mes yeux. C’est trop dur de se battre, même s’il ne faut jamais arrêter !
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Se battre ne veut pas dire la même chose pour tout le monde. Tu vas découvrir ce que ça signifie pour toi. Grand-maman m’a dit que se battre, c’est parfois faire la paix. Elle a aussi dit que c’est parfois en regardant derrière qu’on avance, et qu’avancer, c’est parfois savoir quand s’arrêter. Tu la connais ! On a tous un feu à l’intérieur de nous, même toi. Grand-maman dit que tu verses tellement d’alcool sur ton feu intérieur qu’il ne va jamais s’éteindre.
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Une tragédie est tolérable ou intolérable pour la même raison: la vie continue.
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Au fait, tu as été à la selle ? Je n’ai rien dit. Elle a dit Si vous laissez venir à la lumière du jour ce qui est en vous, vous serez sauvé. Si vous ne laissez pas venir à la lumière du jour ce qui est en vous, cela vous détruira. L’Évangile selon Thomas. Elle a éclaté de rire et j’ai presque été obligée de lui faire le truc de Heimlich.
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Quand elle va casser sa pipe, dit-elle, j’aurai seulement à la mettre vite vite en saumure comme un cornichon et à sortir jouer dehors.
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