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3,3

sur 181 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une Assemblée Générale de femmes au coeur d'une colonie mennonite…

Pour écrire ce livre, l'autrice se base sur un fait réel: une série de viols collectifs survenue en 2009 dans une colonie mennonite de Bolivie (un petit article pour en savoir plus).
L'autrice imagine que les hommes incriminés sont dénoncés, arrêtés, puis transportés en ville pour être jugés. Les autres hommes de la communauté entendent les faire revenir dans la colonie. Ils partent ainsi pendant 48h.
Les victimes décident alors de se réunir pour décider, pour une fois, ensemble et entre femmes, de leur destin. Vont-elles décider de ne rien faire, de se battre ou de partir?

Le roman est imaginé comme le procès-verbal légué par l'instituteur du village, seul homme à avoir assisté à l'Assemblée, en spectateur et greffier uniquement. le récit en ressort très vivant et cinématographique. Les femmes convoquées à l'Assemblée et y prenant la parole ont chacune leurs aspirations, leur passé et leurs questionnements.
Nous sommes tenus en haleine jusqu'à la fin par ces trois propositions qui s'offrent à elles (ne rien faire, se battre, partir), alors que le temps est compté et que les hommes risquent à tout moment de revenir au village!

Bien que prenant place dans une colonie mennonite de Bolivie, ce roman est ouvert sur l'extérieur et l'actualité. En effet, le discours de ces femmes fait écho à nos propres réflexions et peurs de femmes occidentales.

Un livre donc terriblement actuel, féministe, inquiétant, et surtout à lire impérativement! Bien qu'angoissant par la domination masculine présente jusque dans le discours et la pensée féminine et par l'imminence du retour des hommes, ce roman nous offre de bons moments de divertissement avec ces femmes sur la voie de l'émancipation! de quoi faire réfléchir!
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Hello, allez je vous parle d'un livre de la rentrée littéraire : "Ce qu'elles disent" de Miriam Toews (éditions Buchet Chatel, 240p., sortie aujourd'hui). Un livre qui part d'un fait réel. On pourrait croire à la lecture du livre qu'il s'agit d'une histoire qui se passe il y a très longtemps; il n'en ait rien ce fait s'est produit en 2009 en Bolivie : voilà ce fait divers :Huit hommes de la communauté mnémonite sont actuellement en détention, accusés d'avoir violé plus d'une centaine de femmes, dont des mineures. Ils auraient utilisé un aérosol rempli d'un produit soporifique pour endormir les futures victimes dans leur propre maison avant de passer à l'acte.
L'auteur part de ce fait divers pour raconter l'histoire de ces femmes, qui sont tenues dans une ignorance absolument incroyable. Elles ne savent ni lire, ni écrire, ne sortent pas de leur communauté et sont sous le joug de cette société patriarcale et très religieuse. le groupe de femmes que nous suivons va se rebeller et tenter de savoir comment agir à la suite de ces viols. Elles se réunissent dans un petit local et invitent l'instituteur (qui même s'il est actif ne travaille pas à la production et est considéré par les autres hommes comme un moins que rien) afin qu'il retranscrive leurs débats. Nous sommes avec ces femmes, et nous voyons le poids de la religion, le poids de ce mode de vie sur leurs choix. le livre raconte le cheminement de leurs réflexions pour échapper au viol et s'enfuir. J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous montre qu'il y a encore beaucoup de progrès à faire dans de nombreux domaines.
quatrième de couv.Colonie mennonite de Manitoba, Bolivie, 2009. Alors que les hommes sont partis à la ville, huit femmes – grands-mères, mères et jeunes filles – tiennent une réunion secrète dans un grenier à foin. Depuis quatre ans, nombre d'entre elles sont retrouvées, à l'aube, inconscientes, rouées de coups et violées. Pour ces chrétiens baptistes qui vivent coupés du monde, l'explication est évidente, c'est le diable qui est à l'oeuvre. Mais les femmes, elles, le savent : elles sont victimes de la folie des hommes.
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1 Ne rien faire.2 Rester et se battre. 3 Partir. Telles sont les solutions qui s'offrent aux femmes , parfois très jeunes, qui ont été violées et rouées de coups durant plusieurs années dans une communauté mennonite en Bolivie.
Le diable est-il le responsable ?,comme l'affirme l'évêque Peters. La vérité finit par éclater: ce sont des hommes de la communauté qui, usant d'un anesthésiant en pulvérisateur ,abusent de celles qu'ils côtoient au quotidien.
Analphabètes, totalement coupées du monde extérieur, les femmes se réunissent et choisissent comme rédacteur du procès-verbal de cette assemblée August Epp, qui vient de réintégrer la collectivité.
Pied à pied, se construit une réflexion féministe universelle qui déborde du cadre de ce groupe de femmes pour englober toutes celles qu'on maintient volontairement dans l'ignorance et la servitude, que ce soit par le biais d'une quelconque religion ou par le truchement de biens commodes traditions.
Se dessinent aussi au fur et à mesure les personnalités de ces femmes, riches d'humanité et d'intelligence laissée en jachère. le roman traduit au plus près leurs aspirations ,"Nous voulons pouvoir penser", leurs déchirements aussi (faut-il emmener si elles partent les enfants mâles et si oui jusqu'à quel âge ?), sans pour autant négliger l'aspect romanesque, tendu par une romance en sourdine, ainsi que par un vrai suspense.
Inspiré de faits réels, écrit par une femme née dans une communauté mennonite canadienne, ce roman, bouleversant, piqueté de marque-pages, file à toute allure sur l'étagère des indispensables.
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Reçu dans le cadre d'une rencontre avec l'auteure le 26 juin 2019, pour une publication lors de la rentrée littéraire d'automne 2019, je remercie les Éditions Buchet et Chastel et Babelio pour m'avoir adressé cet ouvrage.

Miriam Toews évoque dans ce livre un fait divers relaté dans le journal The Guardian : des femmes mennonites qui ont dénoncé les violences physiques et sexuelles dont elles ont été victimes, de la plus jeune à la plus âgée, par certains membres masculins de leur communauté.
L'auteure a fait partie de cette communauté de chrétiens baptistes très fermée, dans laquelle les droits des femmes sont inexistants. Sa colère à la lecture du fait divers a donné lieu à un livre qui expose, sous forme de compte-rendu écrit par l'instituteur du village, les tergiversations de huit femmes durant quarante-huit heures : ce laps de temps qui permettrait aux hommes de la communauté emprisonnés de voir payée leur caution doit en effet permettre aux femmes de décider si elles vont partir ou rester dans la communauté. 
Trois axes se dégagent ainsi : « Voilà qui nous ramène une fois de plus à nos trois raisons de partir, toutes valables. Nous voulons que nos enfants soient en sécurité. Nous voulons préserver notre foi. Et nous voulons pouvoir penser. »

August, l'instituteur, amoureux silencieux d'Ona, n'est pas considéré comme un homme par les autres. C'est ce qui lui permet d'être intégré par les femmes. Et comme celles-ci sont illettrées, il est le seul qui peut écrire les débats. Il aura également la charge de rééduquer les jeunes garçons et ensuite les jeunes filles pour leur permettre une émancipation des pratiques fondamentalistes de la communauté.

August se réfère fréquemment à Flaubert car il a vécu hors de la communauté et respecte les auteurs classiques. Il s'agit de reprendre le rôle fondamental de l'enseignement par l'amour et non par la violence prônée par les chefs de la communauté. Flaubert n'a-t-il pas écrit « Je suis Madame Bovary »?

Les caractéristiques des huit femmes ont été choisies par l'auteure dans les femmes de son entourage, sa mère, sa soeur, sa meilleure amie, sa fille, la meilleure amie de sa fille, ...
Ce roman-témoignage (je le classe ainsi dans la catégorie des documents pour son apport à la connaissance de la communauté mennonite) est étouffant de violence : on la sent dans les propos tenus, dans les cris de certaines des femmes, dans les silences parfois. Et à certains instants, les jeunes filles apportent un peu de luminosité par leurs rires et leurs facéties, offrant ainsi au lecteur une petite respiration. Pour mieux replonger ensuite dans la discussion animée dont on voudrait extirper très vite ces femmes, les soulager d'un poids trop lourd à porter en prenant la décision à leur place.


Et on souffre aussi pour August et son amour malheureux, mais qui sera sauvé de la dépression par le fait d'avoir été le témoin actif de la discussion et son scribe consciencieux. 
Il s'agit presque également un essai philosophique, avec ce questionnement autour de pardon, du pouvoir et de son exercice, de l'amour et de la connaissance.


J'ai donc lu cet ouvrage par morceaux, en alternance avec d'autres plus légers, car les thèmes abordés sont très profonds et malheureusement d'actualité. Et malgré la difficulté d'appréhension de l'écriture au début, il faut le lire absolument car il dénonce les actes bien connus de l'intérieur mais trop souvent cachés à l'extérieur... pour le malheur des nombreuses femmes qui en sont victimes.


lirelanuitoupas.wordpress.com
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