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Critique de Fanny1980


La mort d'Ivan Ilitch raconte sa progression de la vie à la mort. Fils de fonctionnaire devenu à son tour fonctionnaire puis juge, vivant dans une relative opulence, marié à une femme de moins en moins agréable, ayant deux enfants vivants, Ivan Ilitch va tomber malade, avec des maux diffus de l'appareil digestif, sans doute en lien avec une chute, et finira par en mourir.

J'ai lu cette nouvelle en même temps qu'un essai intitulé Croire sur les pouvoirs de la littérature de Justine Augier, qui a sans doute influer sur ma manière d'appréhender le texte de Léon Tolstoï. J'ai notamment retenu de l'essai que les livres naissent au point de frottement entre l'intime, l'autre et l'universel et je trouve que La mort d'Ivan Ilitch illustre parfaitement cette analyse.

A l'aube de la mort, Ivan Ilitch se pose la question universelle du sens de sa vie et fait le constat désespérant que « C'est toute ma vie, ma vie consciente, qui n'était pas ce qu'elle aurait dû être ». Il est rejeté de ses proches, les autres, qui continuent leur vie « Elle voulait cacher ce que tous éprouvaient, mais ses paroles la trahirent – Alors, si on veut y aller, il est temps ». Et, dans son intimité, « Il pleurait sur son impuissance, sur son affreuse solitude, sur la cruauté des gens, sur la cruauté de Dieu, sur l'absence de Dieu ».

Ce court texte, en moins de cent pages, développe parfaitement les trois aspects. A mon sens, comme souvent dans les « classiques », peu de mots suffisent pour exprimer beaucoup. Sur la réflexion sur le sens de la vie qui aurait dû être plus intensément et différemment vécue, je continuerai à préférer le désert des Tartares de Dino Buzzati (qui reste sur mon île déserte). Sur le détachement face au malade, allant progressivement au dédain, je conserverai en première place la métaphore de la métamorphose de Franz Kafka. En revanche, sur la description du poison de la maladie, du mensonge connu mais nécessaire, des souffrances physiques et morales, de la solitude de fin de vie, cette première lecture de Léon Tolstoï m'a donné envie d'aller plus loin. Il transmet un texte intemporel qui décortique cette phase dans ses moindres détails.

Ce texte est poignant, mais peut aussi être très éprouvant pour ceux qui seraient en phase de deuil.

Cette découverte a été faite dans le cadre d'une lecture commune. Un grand merci aux participants (avec une mention spéciale pour Sandrine qui avait proposé cette nouvelle) !

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