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Critique de PatriceG
Les Récits de Sébastopol (1855)
Léon Tolstoï (1828-1910)
Il y a une histoire en creux tout au long de la vie de Tolstoï dans son rapport à la guerre qui donc n'a pas été écrite par l'écrivain russe, mais qui apparaît néanmoins dans son oeuvre s hachée, sous divers aspects qu'on dira romancés. Elle n'est pas bien comprise d'abord parce qu'elle va évoluer sensiblement et deuxio parce que l'intéressé lui-même estime par une parade finale pour le public avoir réglé définitivement la question en manifestant son hostilité farouche à la guerre par la publication d' anathèmes d'émanation religieuse , c'est le Tolstoï radical qui signera cela. Mais de 1855 aux années 1880, la guerre va le poursuivre comme une obsession en passant par des péripéties où il ira même jusqu'à se tromper sur elle. Dans le fond, il aurait bien aimé rassembler dans un seul livre toute sa doctrine, tous les attributs de la guerre à laquelle il fut mêlé car il s'est passionné pour elle comme il l'a démontré dans Guerre et Paix, mais Guerre et Paix ne résume pas toute sa vie, elle n'est qu'un point d'orgue du romancier. C'est sans compter sur sa souffrance morale, une douleur lancinante qui fait de chaque individu à forciori chez l'artiste quelque chose qu'on aimerait vaincre, apprivoiser qui va tour à tour se jouer de vous, vous tourmenter dont on essaie de tordre le cou dans un roman par exemple, et puis on s'aperçoit des interférences hyper-lourdes avec la société, son propre pays qui devient de temps à autre votre propre ennemi : en bref la réflexion de Léon Tolstoï sur la guerre fut longue comme une compagne de vie infidèle, affligée par presque des crises vécues en silence, en solitaire qui vont certainement abreuver ses angoisses existentielles qu'il révèlera peu ou prou dans sa Confession. C'est Jankélévitch qui parlait de l'oeuvre de Tolstoï comme un journal unique de sa vie qui se déroule. Mais Tolstoï qui a écrit tant et tant, se dépêchant même parfois au terme de sa vie de sortir des tiroirs de vieux projets qui lui paraissaient devoir relever de l'exhaustivité d'une oeuvre d'écrivain-artiste digne de ce nom ou pris du désir subit de toujours entreprendre sur la base d'une idée géniale qui venait effleurer son esprit, sera pourtant dans le sillon des géants en ce sens que seule comptait la vérité et la lumière de ce monde Peut-on dans ces conditions charger la mûle encore sur des aspects de sa créativité qui sont pendants dans votre vie, qui vous perturbent et qui resteront probablement irrésolus dans le sens du rapport au lecteur auquel Tolstoï était immensément attaché. Les biographes, les critiques se sont la plupart du temps attachés, sauf peut-être les universitaires à analyser l'oeuvre du romancier génial à partir de ce que son oeuvre, sa vie inspirent et prospectent, sans avoir la présence d'esprit de chercher à savoir tout ce qui a fait naître sa création, sa genèse, tout en sachant que lui-même n'était pas le dernier à fendre son travail par des jugements auto-mutilants, sur son oeuvre fictionnelle en particulier. La connaissance, la recherche seule permet de déceler une trame fantomatique ainsi repérée qui apparait comme sous l'effet d'un drone d'aujourd'hui faisant la découverte d' empreintes dans la montagne dont on pensait à jamais enfouies dans l'oubli. le regretté George Steiner avait travaillé cela aussi par un autre point de vue comparatif , une autre échelle de valeurs, lui qui était sur la piste secrète des géants littéraires et qui nous a révélé tant de choses !..
Pour s'arrêter à 1855, Léon Tolstoî est alors lieutenant d'artillerie et combat en Crimée contre la coalition composée des turcs, des français et des anglais.
Il va en produire des textes qui se déclinent en 3 nouvelles. C'est le siège de Sébastopol. Il va décrire les horreurs de la guerre. Ce livre va frapper l'opinion russe, y compris la sensibilité de la Tsarine ; il va se révéler comme un pionnier en matière de reportage de guerre. . le jeune auteur a déjà sa renommée avec Enfance, puis Adolescence d'inspiration intimiste et semi-autobiographique ; avec Les Récits de Sébastopol il hausse le ton en s'imposant cette fois sur un nouveau thème : celui de la guerre de Crimée.(...PG 17 septembre 2023)
Léon Tolstoï (1828-1910)
Il y a une histoire en creux tout au long de la vie de Tolstoï dans son rapport à la guerre qui donc n'a pas été écrite par l'écrivain russe, mais qui apparaît néanmoins dans son oeuvre s hachée, sous divers aspects qu'on dira romancés. Elle n'est pas bien comprise d'abord parce qu'elle va évoluer sensiblement et deuxio parce que l'intéressé lui-même estime par une parade finale pour le public avoir réglé définitivement la question en manifestant son hostilité farouche à la guerre par la publication d' anathèmes d'émanation religieuse , c'est le Tolstoï radical qui signera cela. Mais de 1855 aux années 1880, la guerre va le poursuivre comme une obsession en passant par des péripéties où il ira même jusqu'à se tromper sur elle. Dans le fond, il aurait bien aimé rassembler dans un seul livre toute sa doctrine, tous les attributs de la guerre à laquelle il fut mêlé car il s'est passionné pour elle comme il l'a démontré dans Guerre et Paix, mais Guerre et Paix ne résume pas toute sa vie, elle n'est qu'un point d'orgue du romancier. C'est sans compter sur sa souffrance morale, une douleur lancinante qui fait de chaque individu à forciori chez l'artiste quelque chose qu'on aimerait vaincre, apprivoiser qui va tour à tour se jouer de vous, vous tourmenter dont on essaie de tordre le cou dans un roman par exemple, et puis on s'aperçoit des interférences hyper-lourdes avec la société, son propre pays qui devient de temps à autre votre propre ennemi : en bref la réflexion de Léon Tolstoï sur la guerre fut longue comme une compagne de vie infidèle, affligée par presque des crises vécues en silence, en solitaire qui vont certainement abreuver ses angoisses existentielles qu'il révèlera peu ou prou dans sa Confession. C'est Jankélévitch qui parlait de l'oeuvre de Tolstoï comme un journal unique de sa vie qui se déroule. Mais Tolstoï qui a écrit tant et tant, se dépêchant même parfois au terme de sa vie de sortir des tiroirs de vieux projets qui lui paraissaient devoir relever de l'exhaustivité d'une oeuvre d'écrivain-artiste digne de ce nom ou pris du désir subit de toujours entreprendre sur la base d'une idée géniale qui venait effleurer son esprit, sera pourtant dans le sillon des géants en ce sens que seule comptait la vérité et la lumière de ce monde Peut-on dans ces conditions charger la mûle encore sur des aspects de sa créativité qui sont pendants dans votre vie, qui vous perturbent et qui resteront probablement irrésolus dans le sens du rapport au lecteur auquel Tolstoï était immensément attaché. Les biographes, les critiques se sont la plupart du temps attachés, sauf peut-être les universitaires à analyser l'oeuvre du romancier génial à partir de ce que son oeuvre, sa vie inspirent et prospectent, sans avoir la présence d'esprit de chercher à savoir tout ce qui a fait naître sa création, sa genèse, tout en sachant que lui-même n'était pas le dernier à fendre son travail par des jugements auto-mutilants, sur son oeuvre fictionnelle en particulier. La connaissance, la recherche seule permet de déceler une trame fantomatique ainsi repérée qui apparait comme sous l'effet d'un drone d'aujourd'hui faisant la découverte d' empreintes dans la montagne dont on pensait à jamais enfouies dans l'oubli. le regretté George Steiner avait travaillé cela aussi par un autre point de vue comparatif , une autre échelle de valeurs, lui qui était sur la piste secrète des géants littéraires et qui nous a révélé tant de choses !..
Pour s'arrêter à 1855, Léon Tolstoî est alors lieutenant d'artillerie et combat en Crimée contre la coalition composée des turcs, des français et des anglais.
Il va en produire des textes qui se déclinent en 3 nouvelles. C'est le siège de Sébastopol. Il va décrire les horreurs de la guerre. Ce livre va frapper l'opinion russe, y compris la sensibilité de la Tsarine ; il va se révéler comme un pionnier en matière de reportage de guerre. . le jeune auteur a déjà sa renommée avec Enfance, puis Adolescence d'inspiration intimiste et semi-autobiographique ; avec Les Récits de Sébastopol il hausse le ton en s'imposant cette fois sur un nouveau thème : celui de la guerre de Crimée.(...PG 17 septembre 2023)
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