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3,91

sur 4266 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Voilà une lecture exigeante qui ne ressemble à aucune autre. L'auteur nous plonge dans le burlesque, voire flirte avec la comedia dell'arte.

Le personnage principal, Ignatius Reilly est le personnage ubuesque par excellence. Caricature de ce qu'on appellerait aujourd'hui le beauf américain, il est raciste, misogyne, fainéant, égoïste, malpoli, prétentieux... en un seul mot, exécrable, jusque dans les tous petits détails. Un anti-héros que j'ai détesté du début à la fin mais dont le cynisme m'a parfois fait bien rire.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste, tous plus loufoques les uns que les autres; par moment, ils sont drôles à mourir, et à d'autres énervants au possible. C'est incroyable comme l'auteur est parvenu essentiellement à travers les dialogues et donc les propos tenus par chacun à croquer à merveille chacun d'entre eux. Leur identité est parfaitement construite et aucun ne manque de consistance.
Et que dire du travail de traduction qui a pu rendre cet esprit sans lequel ce roman ne serait pas grand chose tant l'intrigue en elle-même est inconsistante.

Bref un roman dérangeant, qui nous titille dans notre rôle de lecteur, qui ne se laisse pas facilement appréhender, qu'on est presque content de terminer et que, pourtant, on n'oubliera pas si facilement. Ca ne ressemble à rien d'autre, je vous disais...
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Le style de John Kennedy Toole est unique en son genre, tant dans l'écriture, que dans la création de personnages haut en couleur. Celui qui retient particulièrement l'attention est Ignatius Reilly. Don Quichotte américain des temps modernes, préoccupé constamment par son anneau pylorique, Ignatius Reilly brandit son sabre en plastique aux yeux du monde. Il semble en total décalage par rapport au monde et en a une conception très singulière, voire paranoïaque.
Plein d'humour ( noir), ce roman nous entraîne dans une épopée complètement burlesque, qui en même temps, n'est pas sans dénoncer le monde d'aujourd'hui.
Un grand merci à @ninosairosse pour cette découverte littéraire.
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J' ai été comblé par les aventures gargantuesques du "gros enfoiré à casquette verte qui cause comme un bouquin " , génial pourfendeur du rêve américain. le type d' humour particulier de John Kennedy Toole, pour le moins politiquement incorrect et assurément en avance sur son temps pourrait expliquer l' incompréhension dont cet auteur à la trop courte carrière, a fait l' objet de son vivant.Un roman à ranger parmi les classiques de la littérature américaine au rayon humour décapant.
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Ce livre est vraiment unique et inclassable (comme son héros d'ailleurs). Hors norme, hors catégorie, c'est un véritable OVNI.
Ignatius est horripilant, insupportable autant qu'il est brillant. Complètement décalé, totalement à la masse.
Les rapports que le héros entretien avec sa mère me font inévitablement penser au combat, long de dix années que la mère de l'auteur a mené pour voir enfin le livre de son fils publié.
Franchement, je conseille, c'est le livre dont on se souvient, même longtemps après l'avoir lu.




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Ignatius est en guerre contre la société qui l'entoure, celle de l'Amérique des années 60, où il ne voit que vulgarité et décadence. Il n'y a pas forcément de mauvaise intention dans cette démarche. Encore faut-il s'y prendre correctement.
C'est là que tout pèche : Ignatius est un gros fat, encombré de son corps, égoïste, empoté et hautain avec les autres, incapable de compassion, hypocondriaque obsédé par son anneau pylorique, j'en passe. le lecteur voudrait l'aimer, mais ne peut pas. Dans ces conditions on n'arrive à rien sinon à des catastrophes.
Voilà un livre drôle et grinçant, une farce rocambolesque, un pavé qui se lit avec aisance dans l'hilarité. À noter la qualité des dialogues et de la traduction.
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Le brillant et détestable, répugnant, méprisable Ignatius J. Reilly est un pur produit américain, un véritable anti-héros à la sauce US comme on n'en fait plus: à la fois déconnecté d'une réalité tangible et parfaitement ancré dans les valeurs matérialistes du capitalisme, il rejette avec passion tous les composants de la société qui l'empâte et le rassure. Parfaitement heureux, au fond, d'être contre, Ignatius est drôle par sa franchise et sa vanité, si innocente et si décalée.

La Conjuration des Imbéciles est à la fois le roman le plus absurde et le plus lucide que j'ai lu sur l'Amérique du XXème siècle. John Kennedy Toole était un génie car une telle maturité de réflexion et de points de vue, de tels niveaux de lecture sur un milieu pourtant si familier, sont des qualités rares chez de si jeunes auteurs. Il dénonce avec grâce et humour, il appuie là où l'Amérique saigne avec sarcasme et cynisme, il épate de bon sens et l'enrobe dans une écriture complexe et variée, grâce à des personnages hauts en couleurs, réjouissants par leur absurde anormalité.
 
Surtout j'ai trouvé jouissifs les nombreux passages parodiant l'engagement politique et social chez les personnages d'Ignatius et Myrna: quelle justesse dans le propos, quelle aisance dans l'hyperbole ! le personnage de Miss Trixie également, qui ne verra jamais sa retraite par la bienveillance de sa patronne est une idée si absurde qui pousse le patronnat capitaliste tant et tant au bout de sa philosophie, qu'à répétition, elle en devient hilarante. Enfin, l'anti-communisme populaire de l'époque, probablement à peine caricaturé, est vraiment très amusant.

C'est un livre exceptionnel, résolument américain, qui flatte l'intelligence du lecteur (j'ai même lu certains critiques qui semblaient s'en enorgueillir), qui a des longueurs certes, mais est un objet unique (même si j'y ai reconnu des relents de Burgess, Kerouac ou Nabokov), et parvient même sur la fin à émouvoir ! Une lecture forcément marquante.
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Ignatius Reilly est la personnification même du hors-norme. Il est subversif, nonchalant, oisif, nihiliste, excentrique et réactionnaire à souhait. A cela s'ajoutent des descriptions pour le moins dégoûtantes et nauséabondes sur son physique et sa santé carrément peu ragoûtants.

Il agace, il énerve, il nous pousse à bout, il nous donne envie de l'étrangler avec son anneau pylorique, duquel il s'en sert pour éviter les contrariétés… il nous contrarie sans cesse et on en redemande, car caché sous les couches de graisse et un caractère abominable, il y a un esprit brillant, une plume des plus justes et une intelligence supérieure...

L'ironie pratiquée en seconde nature tout au long du récit, nous « accapare » dans un vase clos où les personnages satellites qui gravitent autour sont tous atteints de défaillances psycho-morales et complètement barrés. Un régal
L'écriture de John K. Toole est drôle, acerbe, jeune et éveillée.

Je finis sur une citation drôle, puisqu'on sait que la maman de J.K Toole s'est battue comme une lionne pour réussir à faire publier l'oeuvre posthume de son fils :
Pouvoir de prémonition ?

« -Tu ne veux rien emporter ?
-Oh, mais si, bien sûr. Il y a toutes les notes que j'ai jetées sur le papier. Il ne faut pas les laisser tomber entre les mains de ma mère. Elles pourraient lui rapporter une fortune. L'ironie serait trop amère. »



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J'ai longtemps hésité à lire ce chef d'oeuvre de la littérature américaine, car je ne suis pas amatrice des personnages caricaturaux, dont le manque de nuance peut m'agacer rapidement. Mais à ma grande surprise, il aurait été très dommage de passer à côté de la plume de John Kennedy TOOLE qui est drôle, savoureuse et délicieusement imagée. Comment décrire ce livre ? Oscillant entre farce et drame, il transcende les genres pour imposer son sens propre.

Tout le roman se construit autour de son personnage principal : Ignatius Reilly. Eléphantesque et d'apparence asocial et grossier, Ignatius a en réalité passé 10 ans à l'université, où l'amas de culture qu'il s'efforçait d'y ingurgiter compensait probablement, comme la nourriture, tout un tas de manques ou complexes divers. Mais surtout, malin, il trouve dans ce qu'il apprend toutes sortes d'arguments qu'il tourne à son profit en toutes circonstances.

On a le sentiment qu'Ignatius se sent rejeté par la société et cherche divers prétextes pour la rejeter à son tour. Qu'à cela ne tienne, il se sert de sa culture pour critiquer la société de manière à justifier sa volonté de ne pas vouloir en faire partie, et préférer rester en marge, isolé.
Revenu habiter chez sa mère à la fin de l'université, Ignatius utilise son intelligence pour ne rien faire, attendant que tout lui tombe tout cuit : Il fait de sa mère son esclave, laquelle tombe la boisson et a un accident nécessitant qu'Ignatius trouve un travail pour survivre.

Lui qui, plein de son savoir, préfère se vautrer dans l'inaction, la critique, la facilité, bref : son lit, doit s'efforcer de se faire embaucher dans une entreprise puis, plus dur encore, accepter de travailler pour garder son job. Or, persuadé que sa supériorité intellectuelle peut lui servir à manipuler tout le monde pour faire le travail à sa place, ou qu'elle peut lui servir à accomplir de plus grandes choses que juste travailler, il se place à chaque fois dans des situations ubuesques, pour notre plus grand plaisir : qu'il soit assistant de direction pour une grande marque de Jeans, vendeur de saucisse ambulant, simple client dans un bar ou encore leader d'un nouveau parti politique, toutes ses initiatives virent à la farce... Et pour cause, vous verrez ! Mais au passage, on croise toute une galerie de personnages hauts en couleur.

*****

Si le personnage semble imbuvable et trop caricatural pour fonctionner, c'est là que la plume de l'auteur met son personnage et les situations en relief, rendant à Ignatius un peu d'humanité et au « bas peuple » qu'il est forcé de côtoyer, toutes les qualités mélangées qui font tout simplement de la vie une fête.

Ce personnage atypique, dont le volume corporel grossit en même temps que son rejet par la société, prend appui sur la culture que ses études lui ont offerte pour trouver les raisons de la mépriser à son tour, se sentir supérieur à elle, au risque de se rendre encore plus insupportable et original aux yeux des gens qui la composent. Ces gens, qu'il juge incultes, grossiers et indignes de son intérêts, le trouvent au mieux intriguant puis bien souvent insupportable et grossier sous son vernis de prétention, à tel point que, toutes les parties de sa personne combinées, on le prend souvent pour fou pour oser d'avoir l'air fier de ce qu'il est.

Espérant échapper aux contraintes de la vie, et notamment à trouver l'amour et un travail, se confronter aux autres qui le rejettent, il s'épuise à se faire détester pour justifier ses malheurs et avoir des raisons de se plaindre de tout et tout le monde.
Ignatius est un inadapté social qui mange pour compenser et se rend détestable pour ne pas être déçu de ses relations.

Et contre toute attente de ma part, essayer ce roman, ce fut l'adopter !
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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La création par J.K.Toole du personnage d'Ignatius Reilly est un événement majeur dans l'histoire de la littérature américaine. Misanthrope inadapté à la vie sociale, porteur de théories spécieuses et vaines, Monsieur Catastrophe en toutes choses, monstre vivant d'absurdie, Ignatius ne ressemble à personne. Mais quand on le connaît, il s'impose à nous, comme Bardamu, comme le soldat Schweik, comme certains personnages d'Erskine Caldwell, comme le capitaine Haddock, comme Don Quichotte, comme Oliver Hardy….
Les aventures d'Ignatius sont souvent désopilantes: ses deux tentatives pour occuper un emploi nous conduisent dans des univers formidablement drôles. Mais il y a aussi une certaine gravité, car Ignatius n'est pas un idiot: il est inadapté à notre société, c'est sa principale caractéristique.
Ce roman est à lire, absolument. Et s'il a quelques faiblesses (la réunion du club que veut fonder Ignatius traîne en longueur, et là, ce n'est pas drôle), si je l'aurais préféré avec 100 ou 150 pages de moins, il est clairement un grand et inoubliable roman.
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Voici un roman singulier à au moins deux titres. le premier c'est sa genèse : écrite au début des années soixante, l'oeuvre n'est pas publiée, ce qui conduit son auteur au suicide en 1969 ; c'est finalement sa mère qui y parvient en 1980 par le biais d'une petite maison d'édition universitaire ; et contre toute attente le roman obtient le prix Pulitzer l'année suivante. le second c'est son histoire, John Kennedy TOOLE mettant en scène un personnage grotesque à bien des égards mais doté d'une intelligence rare.

A 30 ans Ignatius J. Reilly est remarquablement érudit en littérature médiévale. Il vit à La Nouvelle-Orléans en véritable pacha chez sa mère arthritique et alcoolique. Il abhorre son époque et s'obstine à vivre en décalage constant avec le reste de la société, ce qui lui permet d'exprimer son mépris envers ses contemporains dans tous les actes de sa vie quotidienne. Il est d'ailleurs particulièrement odieux et égocentrique et rêve d'un monde libéré des « dégénérés » et « mongoliens » qui le peuplent. Il aime d'ailleurs parler de sa vision du monde dans son journal, sa seule véritable occupation. Or Ignatius se voit bientôt contraint de trouver un emploi pour la première fois de sa vie ; au-delà de l'horreur de la situation, c'est peut-être aussi l'occasion de rendre la société conforme à ses attentes.

C'est sur cette intrigue que TOOLE nous propose une peinture surréaliste de la Nouvelle-Orléans et de ses habitants, de nombreux personnages hauts en couleur croisant la route d'Ignatius Reilly. C'est par exemple Myrna Minkoff, l'étudiante contestataire convaincue que les problèmes de notre héros sont sexuels, Jones le balayeur noir d'un bar louche tenu par une patronne dictatoriale, Mr Levy qui ne pense qu'à une chose, se débarrasser des Pantalons Levy créés par son père, ou encore l'agent de police Mancuso, incompétent notoire qui arpente les rues de la ville dans les déguisements les plus improbables.

Tout ce petit monde prend vie dans le cadre d'une véritable farce qui joue à merveille du contraste entre la préciosité du langage et des idées d'Ignatius, et le langage populaire des personnages qui gravitent autour de lui ; on peut d'ailleurs saluer à ce niveau le travail de traduction effectué pour les lecteurs francophones. Et au-delà de la farce, le roman est structuré de la même façon que la Consolation de la philosophie de Boèce, philosophe latin du VIème siècle qui dialogue avec sa Muse au sujet de sa condition de prisonnier politique de Théodoric le Grand, roi des ostrogoths. C'est d'ailleurs le livre favori d'Ignatius J. Reilly et la preuve que La conjuration des imbéciles est une oeuvre à lire à des degrés multiples.

Ce qui demeure à la fin de cette lecture c'est néanmoins le caractère comique du roman. TOOLE sait parfaitement nous montrer les contradictions du monde moderne grâce à un sens de la dérision hors norme, les situations cocasses se succédant à un rythme effréné et le lecteur riant bien volontiers de situations plus absurdes les unes que les autres.
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