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EAN : 9782264023483
215 pages
10-18 (13/07/1995)
3.85/5   245 notes
Résumé :
Les années 1940. Un jeune garçon, David, grandit dans une petite ville du Sud, dans une maison délabrée juchée sur une colline. Chaque nuit il voit au loin l'immense bible éclairée de néon qui surplombe l'église, symbole de la ferveur religieuse des habitants qui méprisent sa famille. David trouve refuge auprès de sa tante, la douce et ronde Mae. Mais bientôt celle-ci part pour Nashville, et le pasteur décide de placer la mère de David à l'asile... John Kennedy Tool... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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David, un jeune garçon voyageant à bord d'un train vers une destination inconnue, nous raconte son histoire.
C'est les années 30-40, avant-guerre, dans une toute petite ville rurale du sud des Etats-Unis. Un endroit, comme beaucoup, où la religion est omniprésente, puissante. En l'occurrence ici, c'est sous la houlette du pasteur Watkins que se rassemblent les fidèles. Son église est illuminée d'une Bible de néon géante, et sa paroisse est payante. Alors le jour où vous ne pouvez plus payer, vous ne pouvez plus assister aux offices. Et c'est mal vu.
David et sa famille sont forcés d'aller habiter dans les collines, le coin des déshérités. le père, Frank, ouvrier à la seule usine du coin, a été viré, et ne travaille plus qu'à mi-temps dans une station-service. le reste de son temps, il l'occupe à cogiter et s'applique à devenir un père et un mari indigne.
La mère, Sarah, subit, tente de se rebeller, se prend une raclée, puis abandonne.
Et puis il y a tante Mae, qui débarque un jour de printemps, tel le père-noël, et dans sa hotte, un peu de lumière pour illuminer ce monde gris et monotone. Tante Mae qui est devenue la meilleure, et seule, amie de David, avec qui il peut jouer, rire, et faire des tours en ville. Car tante Mae aime les regards sur elle, elle se rêvait actrice, vedette à succès. Mais elle n'a vécu que les mirages des cabarets de Bâton-Rouge à Biloxi. Sa beauté fanée irradie encore, mais ne lui amène que des regards désapprobateurs dans cette petite ville puritaine.
David et Tante Mae ne traineront plus en ville.
Dans les collines la vie n'est pas rose, mais c'est moins laid qu'en ville, même si la maison s'enfonce dans l'argile les jours de grandes pluies. D'ici, à l'abri des pins, on peut observer la ville, toute petite, loin, inoffensive.
Cette drôle de vie, à l'écart des autres, David l'accepte et la recherche, il est comme ça, différent, indifférent. Ce monde n'est pas le sien. Il le subit mais n'attend rien de mieux. Ne connait rien de mieux.
C'est une simple et terrible histoire que nous conte John Kennedy Toole. Un ton, un style, qui a sans doute inspiré bon nombre de cinéastes et d'écrivains.
Les mots simples, presque enfantins, exposent des situations dures et réalistes, et décrivent un univers statique, morne, étouffé par la religion et l'hypocrisie, où l'espoir n'a pas sa place, avec ce sentiment de violence latente puis révélée dans une fin digne des meilleures films noirs réalistes des années 70. (Looking for mr. Goodbar – Badlands – Taxi Driver….)
De John Kennedy Toole je connaissais le délirant et suffocant « La conjuration des imbéciles », et je connaissais bien sûr, son histoire et la cruelle ironie qui avait permis sa publication. Ce premier roman, je l'ai découvert donc tout récemment. Et cela m'émeut de penser à tout ce qu'aurait pu encore nous apporter cet écrivain de génie, capable d'écrire ce roman tellement abouti, tellement mature à l'âge de 16 ans à peine… What a pity ! What a waste…
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Difficile de se dire que ce court ouvrage est issu de l'esprit d'un adolescent de seulement 16 ans. Et pourtant...
Comme dans tous premiers romans, il reste des perspectives à affiner dans des oeuvres ultérieures. Il n'en reste pas moins effarant de constater déjà chez le jeune John Kennedy Toole une remarquable maîtrise de la narration.

Le récit passe par la bouche du narrateur, David, depuis son enfance jusqu'aux prémices de l'âge adulte, dans l'Amérique des années 1940 et 1950. Il se déroule dans une petite bourgade américaine prise entre des collines, formant une sorte de creuset où mijotent sans trêve bigoterie et commérages. On n'aime pas ce qui sort de l'ordinaire, pas plus que tout ce qui vient d'ailleurs. Cet "ailleurs" aux allures barbares démarrant au-delà des collines environnant ce vase clos. Déjà, les gens des hauteurs apparaissent comme des citoyens de seconde zone car de catégories sociales plus précaires. Ne pouvant payer l'impôt paroissial, ils se retrouvent exclus des registres du pasteur, des célébrations religieuses et, partant, de la communauté. Car c'est bien la religion, ou plus exactement la religiosité, qui cimente le corps social de la commune. Avec toute la censure que cela suppose (cf. notamment ce qu'il advint de l'exemplaire du roman Autant en emporte le vent de la bibliothèque municipale ou les manifestations contre les séances de cinéma).

Dès ce premier roman, Toole démontre une qualité indéniable pour croquer des portraits truculents, procédé qu'il reprendra également dans La Conjuration des imbéciles. La tante Mae est tout particulièrement savoureuse avec ses rondeurs égayées de tenues excentriques, masquant sous des faux airs de Jean Harlow une réalité qui fut trop souvent sordide. J'ai infiniment apprécié ce personnage haut en couleur et d'une attachante profondeur.
Au contraire de l'institutrice sadique, épouse de l'assistant du pasteur qui voit le péché dans chaque activité de la vie. de complexion sèche et osseuse, la professeur offre une parfaite antithèse de la ronde Mae. De ses lèvres minces et pincées ne semblent s'écouler que sarcasmes et méchancetés (et une haleine de fosse d'aisance).


J'ai entrepris cette lecture, attirée par le titre et par les chroniques élogieuses lues sur Babelio. Un merci à tous ces auteurs de critiques pour cette belle découverte. J'ai tout d'abord découvert, dans la préface, la vie si courte de l'auteur et le dévouement sans trêve de sa mère à le voir publié de façon posthume. Et j'ai été emballée dès les premières par ce mélange d'acuité et de candeur, voire de naïveté, que John Kennedy Toole met dans la bouche de son narrateur. Il m'a fait penser par moments à Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee.
Récit d'apprentissage de la vie autant qu'observation d'une communauté rurale, la fin m'a prise par surprise.

Ce roman mérite une attention et des éloges pour le talent de son si jeune auteur.
Je ne puis que le recommander chaleureusement.
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Un vrai bijou et un grand coup de coeur pour cet auteur, qui n'a écrit que 2 romans : ce livre et La conjuration des imbéciles (Prix Pulitzer). Ce premier roman est particulièrement remarquable, surtout lorsque l'on sait que John Kennedy Toole l'a écrit à seulement 16 ans. Ecrivain maudit, il s'est suicidé à l'âge de 31 ans, très certainement car il ne trouvait pas de maisons d'éditions pour publier ces romans. C'est sa mère qui s'est acharnée à le faire publier et connaitre après sa mort.
J'ai retrouvé dans ce récit la même fraicheur et la même intensité que dans le roman "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Harper Lee. Ecrit à la première personne, on suit l'enfance et l'adolescence de David, enfant unique dans une petite ville des Etats-Unis dans les années 1940. Marqué très tôt par la pauvreté et l'isolement, il grandit pourtant dans l'harmonie et l'amour grâce à 2 femmes : sa maman et sa tante Mae, personnage artiste et fantasque. David devra faire face au puritanisme, aux personnes bien pensantes, au conservatisme et aux conséquences de la seconde guerre mondiale. Un peu rêveur et très sensible, David est un enfant solitaire, peu entourée par des enfants de son âge, et sera très tôt confronté à la difficulté d'être différent.
C'est merveilleusement bien écrit : très simplement écrit, parfois même naïvement, John Kennedy Toole parvient tout de même a évoqué des thèmes difficile comme la violence, le puritanisme, l'intolérance et le racisme latent. La vision par un jeune garçon permet au récit de conserver une certaine innocence et certaines situations, plus suggérées que réellement décrites, donnent à l'écriture une authenticité naïve. le style est fluide et la beauté de l'écriture rend poétique de nombreux passages. L'auteur décrit avec beaucoup de profondeur et de délicatesse les personnalités complexes des personnages principaux. Enfin, la description de la vie quotidienne d'une petite ville américaine est implacable dans sa cruauté et ses contradictions.
C'est vraiment un roman très agréable à lire, une belle découverte.
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The Neon Bible
Traduction : Sophie Mayoux

Selon la mère de John Kennedy Toole, celui-ci écrivit "La Bible de Néon" l'année de ses seize ans. Un an plus tôt, alors qu'il venait de décrocher son permis de conduire, il l'avait emmenée voir une étrange enseigne sur l'Airline Highway de la Nouvelle-Orléans, "une énorme enseigne au néon en forme de livre ouvert, portant sur une page les mots "Sainte Bible" et, sur l'autre, "Eglise Baptiste de Midcity." le fils et la mère avaient ri ensemble de cette horreur prétentieuse et Mrs Toole estimait que c'était probablement là que l'idée de ce premier roman était venue à John.
Beaucoup plus court que "La Conjuration ...", ce roman est une chronique douce-amère, qui vire à la fin au tragique faulknerien. le narrateur, David, un tout jeune homme, y raconte son enfance dans une petite ville écrasée de poussière et de préjugés du Sud des Etats-Unis. Fils de petits exploitants agricoles, il grandit entre un père un peu brutal qui ira finalement se faire tuer en Italie pendant la Seconde guerre mondiale et une mère plus douce, plus gaie qui, malheureusement, sombrera dans la folie à l'annonce du décès de son mari. Fort heureusement pour David, vit aussi avec eux la tante Mae, ex-chanteuse et danseuse de saloon, véritable symphonie de couleurs et d'anticonformisme au sein de toute cette grisaille, soigneusement entretenue par les prêches du pasteur et les fervents "chrétiens" qui, telle Mr et Mrs Watkins, empoisonnent le coin avec leurs idées d'un autre âge.
C'est avec cette férocité lucide, qu'il utilisera à son summum et avec infiniment plus de causticité dans "La Conjuration ...", que Toole, pourtant si jeune, dépeint tous ces vautours religieux qui, dès les premières pages, parce qu'ils estiment "Autant en emporte le vent" un livre "indécent", l'arrachent à la bibliothèque du coin pour en faire un feu de joie. le masochisme foncier et issu en droite ligne de deux mille ans de tradition judéo-chrétienne mal digérée qui constitue la faiblesse majeure des USA en même temps que l'inépuisable fonds de commerce des milliers de charlatans qui y pullulent s'y étale dans ses replis les plus crasseux et les plus inquiétants, d'autant que l'action se situe dans le Sud, ce Sud brisé et vivotant de sa gloire passée auquel Faulkner nous avait habitués.
Quinze ans avant de mettre fin à ses jours en s'asphyxiant au monoxyde de carbone dans sa voiture aux vitres verrouillées, John Kennedy Toole a déjà compris que, pour quiconque naît différent en ce monde, aucun espoir n'est permis. En tous cas, pas au milieu de ceux qui s'autoproclament "la norme." Ne lui restent donc plus que deux voies : où courber l'échine dans la boue, ou relever la tête et risquer de se la faire couper par "les bons croyants", toujours si bien intentionnés.
A moins qu'il ne choisisse de leur tirer une révérence ironique en se la coupant tout seul ... ;o)
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Ce récit, écrit à la première personne, se déroule dans une petite ville du sud des des Etats-Unis au cours des années 40. Nous y suivons le jeune David, fils unique d' un très modeste foyer depuis son enfance jusqu' à son adolescence.La vie de cet enfant naïf, sensible et solitaire va être boulversée par l' arrivée de sa tante Maé, sexagénaire excentrique, par ailleurs ex-chanteuse dans des boîtes mal famées de la Nouvelle Orléans.Cette femme de caractère sera la seule à lui apporter soutien et affection pour affronter drames familiaux, misère quotidienne ainsi que les médisances d' une population semblant dévolue à la bigoterie la plus sectaire qui soit , sous la direction du pasteur évangéliste Watkins .
Avant tout roman d' apprentissage, cette oeuvre poignante, mélancolique mais non dénuée d' humour - lequel n' est pas sans rappeler parfois le style de René Goscinny dans les aventures du Petit Nicolas- possède une force et une maturité remarquables compte-tenu de la jeunesse de l' auteur lors de sa conception.Le seul point faible notable de cette histoire réside peut-être dans son dénouement précipité...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Elles étaient éclairées la nuit, à présent. Ça les rendait encore plus facile à repérer, et le soir, parfois, je m’asseyais sur le rebord de la fenêtre pour les regarder. Mais ça ne me plaisait pas de voir cette partie-là de la colline éclairée. J’aimais y penser telle qu’elle était la nuit où nous étions allés là-bas, mes maisons complètement vides, la colline sans personne d’autre que nous, l’obscurité et rien d’autre, rien que le clair de lune. Je me suis même demandé qui vivait dans la maison où nous étions assis sur le seuil.
Et puis j’ai cessé de me faire du souci pour Tante Mae. Un jour, en rentrant du magasin, je l’ai trouvée assise à la cuisine, à passer les mains sur la toile cirée.
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Le soleil était haut maintenant, il entrait par la fenêtre ouverte, fort et brillant. Je n'avais jamais été nu en plein soleil, alors je me suis mis devant la fenêtre et j'ai laissé la lumière jaune couler sur moi.Mon corps était blanc pâle sauf les bras et la figure, et la brise soufflait sa fraîcheur sur moi.Je suis resté là longtemps à regarder les arbres sur la colline et le ciel bleu où il n'y avait que quelques nuages au-dessus des pins les plus hauts.
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J'ai pris la fleur de Tante Mae, et elle sentait bon mais pas très fort. Cette fleur-là ne lui allait vraiment pas bien. Tante Mae, pour moi, c'était plutôt une grosse fleur de couleur vive, avec un parfum sucré. Une rouge, par exemple, qui aurait senti fort comme le chèvrefeuille, mais en moins innocent.
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Mais je connaissais la façon de penser des gens de la ville. Leur vie à eux leur laissait toujours du temps pour se préoccuper des autres gens et de ce qu'ils faisaient. Ils pensaient qu'ils devaient se rassembler pour aider les autres à s'en sortir, ou parfois à s'en aller, comme la fois où ils s'étaient rassemblés pour expliquer à la femme qui avait prêté sa voiture à un homme de couleur que le meilleur endroit pour elle, c'était là-haut, dans le Nord, avec les autres amis des nègres, ou la fois où ils avaient fait partir les anciens combattants mariés à des femmes d'outre-mer. Si on était différent du reste des gens de la ville, on devait partir. C'était pour cela qu'ils se ressemblaient tellement. Leur façon de parler, ce qu'ils faisaient, ce qu'ils aimaient, ce qu'ils détestaient.
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ça me mettait en rage de voir quequ' un se conduire comme si j' étais à plaindre, demander sans arrêt comment j' allais, me préparer des petites gâteries, me parler comme si j' étais un bébé, faire des yeux compatissants à chaque fois qu' elle me regardait. (p196)
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Quel roman, devenu culte, est l'oeuvre d'un écrivain qui s'est suicidé à 32 ans parce qu'il ne trouvait pas d'éditeur et était persuadé d'être un raté ?
« La Conjuration des imbéciles », de John Kennedy Toole, c'est à lire en poche chez 10/18.
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