Tout voleur de profession qu’il était — car on ne pouvait pas appeler vannier quelqu’un qui juste de temps en temps tressait un panier pour se distraire — Faustino dès qu’il buta sur la chapelle, eut un coup au cœur. Et il s’arrêta. Jamais il n’avait cambriolé un lieu saint. S’agissait malgré tout de voler la Vierge !
Mais l’hésitation ne dura qu’une minute. Trempé de la tête aux pieds, son corps le poussa en avant, vers l’abri d’un toit. Pas de temps à perdre, pas le moindre. Ni le corps ni l’esprit ne pouvaient se permettre de faiblesse, en pareille occasion. Fallait aller de l’avant !
Mensonge. Le prêtre avait raison. C’était dommage de voir tant d’autorité, de vocation, d’habileté innée, au seul service d’animaux. On n’avait pas idée ! Le bélier le plus têtu, le plus bête, le plus mauvais, entre les mains de Gabriel changeait de nature. Il ne lui manquait plus que la parole.
– Qu’est-ce que tu fais aux bêtes, petit ! On dirait que tu les ensorcelles !
– Rien. Je les mène au pré, comme tout le monde.
Il souriait. Et continuer d’éduquer les agneaux avec des mots et des gestes que personne ne savait dire et faire.
Ils riaient aux éclats. Et, une fois la messe dite, ou accomplie quelque autre fonction de son sacerdoce, il sautait sur le dos de sa mule, plein de saudade de ses champs et des âmes fraternelles qu’il gouvernait.
Parmi elles, une seule lui donnait des cheveux blancs : Firmo. Ce diable d’homme était un oiseau migrateur. Et pour quelqu’un comme lui, dont les racines plongeaient dans le sol de Vilarinho, cette réalité était une souffrance.