AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 124 notes
5
7 avis
4
14 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un petit livre, fait de courts chapitres. de ceux qui en quelques lignes t'attrapent dès le début, ne te lâchent plus et te retournent encore à la fin quand tu ne t'y attends pas. Un nouveau rappel pour qui en doutait encore, qu'une centaine de pages puissantes au rythme allant crescendo suffisent parfois à faire un bon livre.

Vie animale de Justin Torres – traduit par Laetitia Devaux – est le récit de l'enfance du narrateur et de ses deux frères aînés, dans une famille où les parents, Paps et Ma, ont abandonné leur rôle. D'une certaine manière ils s'aiment, certes, autant qu'ils se haïssent, marquant physiquement et régulièrement ces sentiments contrastés. Parents trop tôt, ils sont inaptes à l'éducation et à la vie normale. Jusqu'à l'innommable parfois.

Dans ce foyer hors norme, éternel cirque où les clowns tristes sont plus souvent en piste que les augustes, les enfants ont vite appris l'autonomie et la démerde. À l'extérieur, ça n'est pas mieux, leur ascendance portoricaine et leur vie misérable les mettant au ban de leurs contemporains.

« En général, on gardait nos distances, on était trois métis dans leur propre univers, et les sales blancs restaient dans le leur. On se méfiait autant d'eux qu'ils se méfiaient de nous, et on n'avait pas besoin d'eux. On se suffisait à nous même pour jouer, chasser, se battre. On était soudés. »

Grandissant dans cette jungle souvent hostile, les trois frères - « poignée de graines que Dieu a jetées dans la boue et le crottin de cheval » - ont développé leurs propres repères et pris leur destin en main. Des repères qui n'empêchent aucunement les sentiments de germer. Différemment des autres, ce qui finira par exacerber les animalités familiales déjà surdéveloppées.

Vie animale est un témoignage poignant de construction dans l'adversité, dont le cri d'espoir final sonne comme une bienvenue lueur d'espoir dans ces existences si sombres : « “Bombe le torse, bombe le torse“, je dis, je murmure, je me jure ».
Commenter  J’apprécie          340
"Oui tu as des droits ce que tu n'as pas c'est le pouvoir" aboie Paps, le chien fou de cette horde de sauvages. Chien, ce Portoricain? Même pas, les chiens sont moins bestiaux que ce dur de dur, né dans "le ghetto", qui casse les dents de "Ma" pour un rien, corrige ses gosses à la ceinture, les met en danger. Les chiens sont moins pervers que cet exhibitionniste qui "baise" sa femme sous l'oeil des gamins rigolards,qui les lave trop longuement, surtout le petit qui a droit à des rituels obscènes à un âge avancé.
Âmes sensibles, s'abstenir!
J'ai failli laisser tomber Vie animale dont le sujet tabou est ignoble, surtout lorsqu'un ado dit le "cinglé" leur montre sur une cassette porno amateur un père sodomisant son fils.
Justin Torres, dont c'est le premier roman, tape fort et jette le lecteur, sans sommation dans une fosse aux lions, celle de miséreux élevés comme des animaux sans amour, ni respect,ni exemple,ni repères sûrs. On en ressort sali par les images que l'auteur grave dans notre inconscient.Et la mère? Ne peut-elle protéger ces "trois petits rois unis", ces métis livrés à eux-mêmes, qui hurlent,cassent,piétinent,saccagent,imbibés de la violence ambiante.La mère "déracinée de Brooklin", souvent ivre ou la gueule en piètre état, se rend complice par son silence qui en dit long sur son irresponsabilité.
Justin Torres, avec des mots durs qui castagnent, sait émouvoir,dire l'indicible,faire réagir le lecteur révolté. Il sait rendre la tension et l'horreur palpable,explique les raisons du pourquoi sans excuser et surtout démontre l'avenir de folie et de corruption réservé à une enfance saccagée, celle des deux ainés (Manny celui qui contourne les lois et Joël celui qui se protège) et surtout celle du narrateur "Mijo" ( trop beau danseur pour "Paps", "brillant" et autodestructeur pour "Ma'" et "le blanc,l'elfe,l'avorton","la tapette" pour ses frères). A moins que l'intelligence ou l'écriture ne laissent une porte de sortie? Boris Cyrulnik parlerait alors de résilience. "Mijo", lui, de son zoo, se promet: "bombe le torse"! Un torse bardé de cicatrices alors!
L'auteur effectue ici une fine analyse psychologique des abus de pouvoir d'un père sur sa famille,des effets nocifs de la perversion et des relations fraternelles (où la jalousie prévaut lorsque l'un est trop différent). On est bien loin ici de le fils de l'homme invisible, le roman autobiographique de François Berléand, pourtant bien choquant.
Vie animale est un livre fort, qui remue car il sonne vrai mais un livre déstabilisant que j'ai fermé avec soulagement!
Commenter  J’apprécie          150
Ils sont trois. A moitié laids, à moitié noirs, à moitié sauvages. Ils ont les cheveux bouclés, la peau mate et le corps maigre. Ils, se sont des frères. Il y a Manny, 10 ans, Joel, 8 ans, et le narrateur, le cadet, âgé de 7 ans. Leurs parents étaient des ados quand Manny est né. Ils ont abandonné l'école avant l'accouchement. Aujourd'hui, Ma travaille à l'usine et Paps navigue entre les petits boulots. A la maison, ils s'aiment, s'engueulent et se battent. Les gamins, eux, en veulent toujours plus : plus de bruit, plus de cris, plus de jeux, de sang, de chair et de chaleur. le père les corrige à coup de fouet mais il peut aussi se montrer étonnamment complice avec ses fils. La mère quant à elle se désole de voir ses enfants grandir et lui échapper. Une vie de misère, animale, sauvage, où le drame n'est jamais bien loin…

La prose est sèche comme un coup de trique. Pas d'emphase, pas de grandiloquence, tout est gratté jusqu'à l'os. Les chapitres courts et percutants donnent un rythme saccadé, proche de la poésie ou du slam. Les scènes marquantes s'enchaînent et le lecteur est en apnée jusqu'au dénouement final qui le laissera groggy, sonné par cette terrible nuit où la vie de la famille a basculé.

Premier roman et coup de maître pour Justin Torres. Sa voix raisonne avec force et emporte tout sur son passage. Sans concession, Vie animale est un récit féroce qui ne plaira pas à tout le monde. Pour moi, ce fut un vrai plaisir de lecture !


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          120
Ils sont trois frères, et ils vivent intensément, se mordent, se battent, se heurtent à leurs parents, à leur métissage, à leurs pulsions animales qui ne les préparent pourtant pas à la brutalité du monde. La langue de Torres est vive, rythmée, elle scande avec virtuosité les années qui brisent sans relâche la meute soudée par l'enfance. Dévoré en une soirée, ce texte est d'une beauté triste et fracassante. Vivement la sortie du second roman de Torres!
Commenter  J’apprécie          40
Critique :Vie animale -Justin Torres (édition de l'olivier,2012)

Le ton est ici singulier : il parle de l'homme comme d'un petit animal qui se résout à ses instincts pour mieux s'éloigner de ses rêves puis y revenir. La conscience minérale du temps qui jaillit de l ‘état enfantin du monde nous est ici parfaitement restitué avec des mots qui demeurent en nous telles des évocations où des impressions de ce que nous avons perdu et que nous recherchons sans cesse :une réalité candide et barbare qui s'apparente à l'état naturel , à ce qui survit particulièrement de cette relation harmonieuse avec la terre, les arbres et les animaux.
Qu'est qui fait que nous perdons peu à peu cette osmose avec le réel ? C'est bien ce à quoi tente de répondre d'un manière assez radicale Justin Torres et ses trois petits effrontés, Mani, Joël et le narrateur (jamais nommé), sujets de son roman.
Constitué de phrases courtes, incisives, l'univers du roman s'incarne dans un humour ravageur et sentimental :
« on était assis tous les trois à la table de la cuisine avec nos imperméables. Joël écrasait des tomates à l'aide d'un petit maillet en caoutchouc. On avait vu faire ça à la télé :un homme avec une grosse moustache et un maillet qui massacrait des légumes et des gens en poncho de plastique transparent qui se recevaient tout et s'amusaient comme des fous. On avait envie d'avoir le même sourire qu'eux»page14.
Ce « on » envoûtant secrète un monde opaque constitué de variations quasi photographiques sur des moments accordés par la grâce de l'existence :la leçon de natation avec Paps (le père),les embardées sauvages dans un pick up ,les gloutonneries sur le tapis du salon alors que Ma se repose. Parfois on s'endort la nuit à même le sol d'un cagibi d'hôtel parce que le père est veilleur de nuit et que la mère travaille ; ce sont les lois des affligés de la terre perdus au milieu des hommes et au-delà de leurs lois.
Il faut parfois éviter les coups du père, ses errements de violence sans concession, et jouer avec la nourriture ou jeter des pierres sur n'importe quoi-des carreaux, des bêtes ou des murs, sur n'importe qui, parfois un quidam qui s'enfuit dans le vent. Peut à peu ce « on » devient trois mais comme une entité unique confrontée au quotidien avec déjà comme le début d'une nostalgie du lien tissé :
« Quand on était frères, on était des mousquetaires…Alors on était le nombre sacré de Dieu »page 36
Le vent fait tourner les pages du temps originel et l'auteur progresse dans sa narration entre jeux brutaux et instants de tendresse puis peu à peu comme les horloges molles ou disloquées de Dali nous donne à voir le moment de la séparation sans que rien ne soit vraiment pressenti ;à moins que les images « des suicidés » des chutes du Niagara, ou le film que « le cinglé »laisse entrevoir n'imprègnent l'esprit déjà préparé du petit dernier, plus fragile, plus sensible, plus doué. le temps est venu de la singularité et du détachement mais dans l'hostilité évidemment des siens. Ce qui devait rester secret par l'écriture est dévoilé. Alors dans la grande apocalypse d'un homme piégé par ses mots le rêve d'une unité première s'effondre.

Vie animale Justin Torres Roman (broché). Paru en 01/2012
Commenter  J’apprécie          40
Au tout début de ma lecture, j'ai cru que je n'allais pas aimer, puis je me suis laissée happer par ce roman percutant, intense et cru où on suit le quotidien de trois frères au sein d'une famille dysfonctionnelle.

À travers des chapitres courts et rythmés, on découvre des enfants enragés qui ont soif de vivre - mieux - et des parents qui aiment fort, mais mal. Un quotidien où les enfants sont livrés à eux-mêmes parfois, dorlotés un peu, et maltraités souvent, malgré les efforts de leurs parents immatures et inconscients.

Le plus jeune des frères est celui qui se démarque, car plus sensible, plus studieux, plus doux, promis à un avenir différent.
Seulement, ce livre n'est pas là pour donner de l'espoir, les quelques éclats de lumière ne font qu'accentuer le contraste avec cette vie animale que nous dépeint l'auteur, et il le fait avec talent.

Une lecture marquante.
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre est plus un recueil de tranches de vie qu'un véritable roman. Les chapitres sont courts et d'intensité assez inégale. Néanmoins l écriture est poignante et puissante. On suit l'enfance difficile d'un jeune garçon, petit troisième d une fratrie où règne la violence et le manque d'amour.
Commenter  J’apprécie          20
un court roman constitué de courts chapitres pour nous raconter l' enfance de 3 frères marquée par une violence continuelle.
Et surtout, c'est un roman sur la volonté inaliénable du plus jeune de s'affranchir de son milieu d'origine.
Un véritable uppercut au menton, dans un ivre pourtant très poétique.
Derrière la classique perte de l'innocence, on voit transparaître les beaux moments du passé (cache-cache, ...) qui rappelle la beauté d'être un enfant sans occulter sa brutalité.
Une sacrée découverte d'un auteur dont je ne sais même pas si un autre ouvrage a été publié en France


Commenter  J’apprécie          20
Le narrateur de Vie animale est un fils et un frère.
Dernier d'une fratrie de 3 garçons, il nous fait le récit de sa famille.

Il nous raconte sa mère, une femme travailleuse qui travaille de nuit. Son père, un homme massif, portoricain en proie à des accès de violence. Ses frères, des garçons sauvages, abandonnés.

Dans ce roman, l'ambiance est poisseuse, la tension présente à chaque page. En tant que lecteur, on s'attend à voir arriver l'horreur à tout instant tant cette famille est dysfonctionnelle et pourtant, parfois, il y a du beau, de l'émotion, des rires et de l'amour.

La chute est brutale, personnellement je ne l'ai pas vu arriver. Je m'attendais à une tragédie mais je ne pensais pas qu'elle prendrait cette forme là.

Concernant cette chute, celle-ci m'a en partie mise mal à l'aise. En effet, j'ai trouvé sa révélation maladroite.

En dehors de ça, j'ai trouvé ce roman bien écrit et rythmé.
Commenter  J’apprécie          20
L'enfance de trois frères autour d'un couple instable et immature. Trois petits sauvageons qui se tiennent à la marge d'une société qui leur prête peu d'attention. Des enfants dévorés par l'amour charnel dans leur petite enfance et écartés une fois devenus grands. La fratrie soudée se désolidarise quand l'un d'eux s'avère plus intelligent, différent et peut-être un peu plus aimé. L'animalité est proche d'un zoo ou l'on dresse des animaux sauvages à devenir dociles. Des animaux qui restent des animaux et qui à tout moment expriment leur instinct parfois dangereusement. Drôle de fin mais livre bien mené dans l'intrigue avec une écriture saccadée réussie.
Commenter  J’apprécie          20



Autres livres de Justin Torres (1) Voir plus

Lecteurs (298) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1431 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}