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Citations sur Premier Amour. Nouvelles et poèmes en prose (113)

[…] je n'étais plus simplement un jeune garçon, j'étais amoureux.
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Mai 1879 – Oh ! comme chaque jour qui passe est vide, morne et fastidieux ! Comme il laisse peu de traces ! Et que la course des heures est stupide !
Pourtant, l’homme est avide de vivre ; il y tient ; il a foi en lui-même, dans son existence, dans son avenir... Ô, combien d’espoirs il fonde sur demain !
Mais pourquoi s’imagine-t-il donc que le jour qui s’annonce ne ressemblera point à celui qu’il vient de vivre ?
Il n’y songe même pas. D'ailleurs, il n’aime pas réfléchir – et il fait bien.
« Demain, demain ! » se console-t-il jusqu'à ce que ce demain le jette dans la tombe.
Et, une fois qu’on y est, l’on ne réfléchit plus – qu’on le veuille ou non.

104 – [Le Livre de poche n° 497, p. 271]
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Qui est heureux a raison.
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Sentiments timides,douce mélodie,franchise et bonté d'une âme qui s'éprend,joie languide des premiers attendrissements de l'amour,où êtes vous?
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Nos deux visages se trouvèrent tout à coup isolés du reste du monde,enveloppés dans une obscurité étouffante,opaque,parfumée;ses yeux brillaient comme deux étoiles dans cette pénombre;ses lèvres entrouvertes exhalaient leur tiédeur,découvrant ses dents blanches;ses cheveux me frôlaient,me brûlaient.Je me taisais.
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[ Incipit ]

Les invités avaient pris congé depuis longtemps. L'horloge venait de sonner la demie de minuit. Seuls, notre amphitryon, Serge Nicolaïevitch et Vladimir Pétrovitch restaient encore au salon. Notre ami sonna et fit emporter les reliefs du repas.
- Nous sommes bien d'accord, messieurs, fit-il en s'enfonçant dans son fauteuil et en allumant un cigare, chacun de nous a promis de raconter l'histoire de son premier amour. A vous le dé, Serge Nicolaïevitch.
L'interpellé, un petit homme blond au visage bouffi, regarda l'hôte, puis leva les yeux aux plafond.
Je n'ai pas eu de premier amour, déclara-t-il enfin. J'ai commencé directement par le second.
- Comment cela ?
- Tout simplement. Je devais avoir dix-huit ans environ quand je m'avisai pour la première fois de faire un brin de cour à une jeune fille, ma foi fort mignonne, mais je me suis comporté comme si la chose ne m'était pas nouvelle : exactement comme j'ai fait plus tard avec les autres. Pour être franc, mon premier - et mon dernier - amour remonte à l'époque où j'avais six ans. L'objet de ma flamme était la bonne qui s'occupait de moi. Cela remonte loin, comme vous le voyez, et le détail de nos relations s'est effacé de ma mémoire. D'ailleurs, même si je m'en souvenais, qui donc cela pourrait-il intéresser ?
- Qu'allons nous faire alors ? se lamenta notre hôte... Mon premier amour n'a rien de très passionnant, non plus. Je n'ai jamais aimé avant de rencontrer Anna Ivanovna, ma femme. Tout s'est passé le plus naturellement du monde : nos pères nous ont fiancés, nous ne tardâmes pas à éprouver une inclination mutuelle et nous nous sommes mariés vite. Toute mon histoire tient en deux mots. A vrai dire, messieurs, en mettant la question sur le tapis, c'est sur vous que j'ai compté, vous autres, jeunes célibataires... A moins que Vladimir Pétrovitch ne nous raconte quelque chose d'amusant...
- Le fait est que mon premier amour n'a pas été un amour banal, répondit Vladimir Pétrovitch après une courte hésitation.
C'était un homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux noirs, légèrement mêlés d'argent.
- Ah ! Ah ! Tant mieux !... Allez-y ! On vous écoute !
- Eh bien voilà... Ou plutôt non, je ne vous raconterai rien, car je suis un piètre conteur et mes récits sont généralement secs et courts ou longs et faux... Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais consigner tous mes souvenirs dans un cahier et vous les lire ensuite.
Les autres ne voulurent rien savoir, pour commencer, mais Vladimir Pétrovitch finit par les convaincre. Quinze jours plus tard, ils se réunissaient de nouveau et promesse était tenue.
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Que ne m’a-t-elle pas fait faire durant les trois semaines où je la vis chaque jour ! Il était rare qu’elle vînt chez nous, et je ne m’en plaignais pas outre mesure, car, à peine entrée, elle prenait ses airs de demoiselle, de princesse, et je me sentais terriblement intimidé.

Je craignais de me trahir devant ma mère : Zinaïda lui était très antipathique et elle nous épiait avec aigreur. Je redoutais moins mon père : celui-là affectait de ne pas faire attention à moi ; quant à Zinaïda, il lui parlait peu, mais avec infiniment d’esprit et de pénétration.

Je n’étudiais plus, ne lisais plus, n’allais même plus me promener aux alentours de la villa et avais oublié mon cheval. Comme un hanneton qui aurait un fil à la patte, je tournais autour du petit pavillon, prêt à y passer toute mon existence… mais cela ne me réussissait pas : ma mère ronchonnait sans arrêt et Zinaïda me chassait parfois elle-même. Alors, je m’enfermais à clef ou m’en allais tout au fond du parc ; là, je montais au faîte d’une serre délabrée et restais des heures durant à contempler la rue, les jambes ballantes, regardant sans rien voir. Des papillons blancs voltigeaient paresseusement sur des orties poussiéreuses, tout près de moi ; un pierrot enjoué se posait sur une brique décrépite, piaillait d’une voix irritée, sautillait sur place et étendait sa petite queue ; encore méfiants, les corbeaux croassaient parfois au sommet d’un bouleau dénudé ; le soleil et le vent jouaient en silence dans ses branches clairsemées ; morne et serein, le carillon du monastère Donskoy résonnait au loin. Et moi, je restais toujours là à regarder, à écouter, à me remplir d’un sentiment ineffable, fait à la fois de détresse et de joie, de désirs et de pressentiments, de vagues appréhensions… Je ne comprenais rien et n’aurais pu donner aucun nom précis à ce qui vibrait en moi… Ou plutôt si, j’aurais pu l’appeler d’un seul nom — celui de Zinaïda…

Quant à la jeune princesse, elle continuait à s’amuser de moi comme le chat d’une souris. Tantôt elle était coquette, et je me sentais fondre dans une allégresse trouble, tantôt elle me repoussait, et je n’osais plus l’approcher ni même la contempler de loin.
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