Pour moi
la Goutte d'Or est un conte philosophique car il me semble être " l'habit" que Tournier a trouvé pour parler de quelques thèmes qui l'intéressent, principalement de la différence fondamentale entre une société de l'image et une culture du signe abstrait et les dernières pages du livre sont l'occasion de définir la calligraphie de l'Islam. Ici il semble déplorer la profusion des images en Europe et louer la sagesse des signes abstraits mais son rapport à l'image devait être beaucoup plus complexe car il était lui-même assez photographe et a contribué à créer le festival de photo d'Arles..
Comme il connait assez bien le désert, le Maghreb, il est à l'aise pour nous le décrire, en montrant qu'il connait aussi beaucoup de mots arabes ou berbères.
Il émaille - comme souvent aime le faire le conteur qu'il était - son récit, assez fantaisiste et décousu, de contes. Sont-ils de son invention ? Je n'en sais rien.. et, comme le une autre critique sur Babélio l'écrit, c'est presque ce qu'il y a de plus réussi.
Le conte de la Reine Blonde, qui décrit le passage et le lien entre le figuratif et l'abstrait, entre la peinture classique de portrait et la calligraphie, est intéressant je trouve.
Mais en fait tout le récit est comme un conte car ce qui arrive au personnage principal est assez peu plausible.
Je trouve qu'on est loin du souffle épique et lettré du Roi des Aulnes mais c'est bien écrit quand même (c'est du Tournier !) et se lit très facilement.