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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce texte à la première personne, la journaliste Claire Touzard nous parle de son chemin, semé de difficultés, vers la sobriété.

Retour sur les années trash, embuées d'alcool et de drogues, pleines de lendemains qui déchantent... La journaliste, baroudeuse, boit pour de multiples raisons : connaître l'étincelle et se sentir puissante, être au dessus des autres, différente, mais avant tout pour annihiler sa féminité, ne plus penser, ne plus souffrir. Mais l'alcool la détruit et alimente ses névroses. Un cercle vicieux, une spirale infernale.

Quand elle explique à son père breton et alcoolique qu'elle souhaite arrêter de boire, il lui rétorque qu'elle n'y arrivera pas. «C'est dans ton ADN» !

En France, l'alcool est encensé et les non-buveurs sont souvent mal vus. Un certain art de vivre se développe autour de la dégustation du vin, justifiant ou masquant l'alcoolisme. Sauf que l'alcool est le même chez un bon petit caviste que sur le zinc du PMU.

La seconde moitié du livre est plus personnelle.
Elle se rend compte que la sobriété est bien plus que d'arrêter de boire de l'alcool. C'est expérimenter le manque, vivre enfin dans la lucidité, quasiment changer de paradigme psychologique. Elle est bien plus calme mais se retrouve aussi face à une crise identitaire. Qui est-elle vraiment ? L'alcool la définissait, son côté rock'n roll faisait partie d'elle. Elle doit apprendre à vivre et à aimer sans la boisson.

Grâce au soutien de son compagnon et des préceptes des Alcooliques Anonymes, elle franchit les étapes, comptant les jours sans boire et petit à petit arrive à trouver sa place dans le monde plus serein et heureux de la sobriété.

Un livre sur l'alcool mais aussi sur le corps des femmes et sur ce qu'il peut subir de l'extérieur ou ce qu'on peut lui infliger.

J'ai apprécié le courage de l'auteure de tout dire ainsi, sans tabou. Certains ont trouvé que c'était nombriliste mais le livre se présente sous la forme d'un témoignage et c'est justement son expérience personnelle qui nous intéresse ici. Je n'ai aucun commentaire à faire sur le fait que Claire Touzard soit «riche», c'est pour moi un état de fait, rien de plus.

Un récit courageux qui peut aider d'autres personnes dans la même situation.Très intéressant et sans doute nécessaire !


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On est dans la mouvance actuelle de laver son linge sale au pressing de l'édition, comme le dit Éric Chevillard dans son blog L'Auto-fictif, pour le bonheur des éditeurs de la littérature confinée. Et des voyeuristes que nous sommes. Mais contrairement aux autres enfants du siècle dans leur confession, l'auteur n'accuse personne du malheur qui lui arrive, elle n'impute qu'à elle-même son état de dépendance, et s'évertue de trouver les racines du mal-être qui en est à l'origine.
On tourne un peu en rond (si je puis dire) dans les méandres de son parcours linéaire égrené au fil des jours de sa rédemption, mais on ne peut qu'admirer son courage de se mettre à nu.

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Claire Touzard est alcoolique. Enfin… était ! Elle a décidé d'arrêter et ce livre suit son parcours à la manière d'un journal.

Aidée par une rencontre et l'amour elle raconte ses prises de conscience, ses difficultés, les doutes, les interactions sociales et familiales, les alcooliques anonymes, les amis et les fêtes, l'alcool mondain, la pression sociale, la vie d'avant et la vie retrouvée… Puis vint la pandémie et l'isolement et le couple qui s'y confronte et…

J'avoue que je l'ai lu de façon un peu malsaine en attendant une rechute… Un témoignage d'une grande franchise et qui posera plein de questions à qui s'en est déjà posées sur sa propre consommation.
Lien : https://www.noid.ch/sans-alc..
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« Chaque jour, suivant un rituel implacable, je vais chercher ma bouteille chez le caviste. Parfois, souvent, je lui mens, en prétextant un dîner avec des amis, tout en sachant qu'elle m'est destinée.

Je me fais une bière au préalable. Parfois deux. Cela dépend du niveau de désolation de la journée, si je suis un peu agitée, ou carrément démente, possédée par l'envie de boire, de m'écraser la gueule pour mieux m'écarter du monde.

J'ai commencé à boire quand j'avais seize ans, j'en ai trente-sept : l'alcool a toujours été là pour moi, un oreiller mental, une soupape, le liant entre moi et le reste du monde. Il vampirise mes nuits, noyaute mes dîners entre amis, quand il n'est pas là, je l'attends, quand il est là, je me sens vivante. Il est mon rempart, le centre de ma vie.

Plus depuis le 31 décembre.

J'ai arrêté l'alcool. »

C'est une décision qu'il fallait prendre. Pour le corps, pour l'esprit. Pour la dignité. À 37 ans, Claire Touzard a arrêté l'alcool. Terminé l'apéro, la bouteille de vin qu'on entame pour un verre et qu'on vide avant le repas. Fini les oublis, de sac à main, de rendez-vous, de prénoms. Adieu, la pépie du matin, le sable dans les yeux jusqu'au soir et l'entreprise de démolition qui fanfaronne entre les oreilles.

Rapidement, un fossé se crée entre elle et les autres. C'est déchirant de regarder s'éloigner sa meilleure amie sans pouvoir faire un geste, le geste, le seul qu'elle attend sans l'avouer : lever le coude. Mais dans les yeux amoureux d'Alexandre, l'homme qu'elle vient de rencontrer, Claire Touzard est fière de cette résolution. Face à certains de ses proches, en revanche, ce nouveau choix de vie est plus douloureux : « Tu n'y arriveras pas. La boisson, c'est dans ton ADN. » Personne n'a dit que c'était facile… Parce que l'alcool est partout. Les « sobres » passent pour des gens moroses, des emmerdeurs en quête de perfection, animés par un besoin de tout contrôler. Un préjugé bien illustré par l'auteur, avec des références très pop culture qui font quelquefois sourire, mais tellement vraies.

Sorte de ciment social qui liquéfie à l'ingestion, signe de reconnaissance, les verres qui tintent comme cri de ralliement, la consommation d'alcool est à ce point ancrée dans les moeurs qu'outre le manque strictement personnel, le buveur régulier craint de se marginaliser s'il gagne le camp des abstinents et de perdre sa gloire d'appartenir aux alcooliques mondains :

« […] Les marginales, les tarées, les émancipées, les brisées, les célibataires torchées et les dépressives beurrées. Je les aimais pourtant bien, ces filles cassées. Je pensais même avoir inventé le statut.

Qui suis-je désormais ?

Une sainte, une psychorigide, une mal-bourrée, une cul-serré, une rabat-joie, une Marie-la-morale ?

Je ne colle plus au rôle de femme que j'avais écrit pour moi. »

Si l'ensemble est parfois redondant (« défaut » typique du journal intime), le propos, demeure intéressant. L'analyse est poussée, trop pour être rapportée ici en quelques lignes, sans excès de féminisme. L'introspection interpelle. Sans alcool est un portrait de femme qui ne suscitera pas forcément l'identification, mais plutôt que d'imputer son addiction à la société qu'elle autopsie dans ses comportements, Claire Touzard assume pleinement son mauvais aiguillage et réfléchit sur les origines du mal – son honnêteté est louable. Tout comme son parcours. Qui lui permet de dire aujourd'hui :

« J'ai passé vingt ans à boire, et franchement, j'ai accompli bien plus en un an qu'en vingt. Je suis une bien meilleure version de moi-même, nuit comme jour. La vraie ivresse, la vraie transe, c'est bête à dire, mais c'est d'être heureux[1]. »

[1] Sylvain di Cristo (28 janvier 2021), Arrêter de boire par Claire Touzard : « Faire la fête ne veut pas dire que l'on ne souffre pas ». TSUGI. https://www.tsugi.fr/arreter-de-boire-par-claire-touzard-faire-la-fete-ne-veut-pas-dire-que-lon-ne-souffre-pas/



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L'alcool reste Ze Prisme pour comprendre l'humanité. le "piège" existentiel dans lequel elle est plongée. Qui montre tellement fort que la construction des systèmes, des organisations du monde rend ou provoque du malsain, du tronqué, qui éloigne de la nature, du naturel... Laissant trop souvent un humain perdu. Pensez donc encore plus qu'il est un être sensible... Un être humain perdu donc, qui se noie dans l'alcool. Cet alcool valorisé encore et toujours, dans un déni d'une puissance fantastique.

En tant que "professionnel" du sujet (sujet est le mot juste) (sujet et juste sont des anagrammes, en plus) (bref) c'est chaque fois un plaisir d'entendre, de lire, de voir un témoignage d'un être humain qui prend son essor, qui s'en sort, qui découvre la face trop cachée d'une vie sans substance, des possibilités retrouvées de mettre du sens, un autre rythme, un autre pas. le sien.
Chaque témoignage (quand il est véritable et authentique) est absolument unique et singulier, non reproductible. Dès lors celui-ci, d'une femme occidentale parisienne d'adoption, bretonne, avec un père lui-même alcoolique, un compagnon lui-même abstinent, etc etc, peut vous parler à des degrés très variables. Tout dépend des similitudes avec votre propre situation. Cela dit, elle pointe aussi des éléments qui sont des communs absolus, et d'autres éléments plus larges, sociétaux. Ceux-ci sont justes, observables, indéniables. Mais que le déni institué cache encore ! (Ces éléments-là si vous êtes dans une démarche active de reconquête de vous-même vous donneront envie de hurler.) (Mais devenir un.e ayatollah n'est pas un bon plan.)

Si certains éléments du témoignage pourraient vous faire abandonner sa lecture (parce que bobo, parisienne, etc.), ce serait dommage, parce qu'il s'agit d'une soeur de souffrance et de joie, une soeur de sort, et que... il ne coûte rien de s'en réjouir, de s'en inspirer. Peut-être. 
Avec le voeu que vos yeux se dessillent.

Comme je retrouve en même temps cette phrase de Christian Bobin, je la colle, ça ne mange pas de pain : 
"Une femme sur un banc priait, mourait ou rêvait - impossible à préciser."
Impossible à préciser, alors à vous d'en décider.
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Un témoignage intéressant car l'autrice a le courage de se mettre à nue, de détailler les émotions profondes, son anxiété sociale et forte, son manque de confiance, malgré son travail de reporter, qui l'ont amenée peu à peu à devenir malade de l'alcool. de ne pas voir la réalité, sauf à travers un filtre.

Mais de ne pas vouloir l'affronter non plus. Jusqu'au jour où, une rencontre et le trop-plein de son corps, lui donne la volonté profonde d'arrêter et de devenir abstinente.

C'est alors un monde nouveau, une réalité abordable, qui s'ouvre à elle, et elle se rend alors compte, de tout ce que l'alcool lui a détruit dans sa vie personnelle, professionnelle, sociale, en lui faisant croire qu'elle était plus forte que tout, et surtout plus forte que l'alcool et les drogues.

C'est le récit d'un sevrage et d'une résilience, où l'autrice, ancienne alcoolique, trouver dans la création littéraire, une dépendance saine.

MA NOTE : 3.5/5
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Sans alcool de Claire Touzard. le récit d'un combat contre une drogue en vente libre. Comment déclarer la guerre à l'alcool lorsqu'on vit au sacro-saint pays du pinard ?
C'est en tout cas ce que tente de faire l'autrice dans son premier roman. Claire Touzard a 37 ans, elle est journaliste et grand reporter, elle avoue et sans doute s'avoue son alcoolisme. Sa rencontre avec Alex, l'amour de sa vie, va lui permettre de pointer du doigt son addiction. Un 31 décembre, sa décision est prise, elle décide d'arrêter l'alcool, de peur de le perdre.
Elle nous conte ses premiers jours d'abstinence en retraçant son parcours et en analysant toute la symbolique que notre société française cache derrière le grand vin patrimonial ! Comment s'affranchir de ce dogme lorsque toute une éducation repose sur la consommation d'alcool ?
Elle met en exergue le fait qu'elle s'est construite dans la consommation d'alcool. La première preuve est la réaction totalement incrédule de sa famille face à son choix ! Elle devient réac' Claire ! avec tout le côté péjoratif et condescendant que cela suppose. Elle va même jusqu'à interroger la notion d'atavisme. Grand reporter, elle couvre des évènements et tisse des liens partout dans le monde, elle explique que sa consommation d'alcool sert de terreau à la construction de son tissu de relations.
Elle met par ailleurs en évidence l'hypocrisie de l'alcool mondain. Comme si consommer des grands crus entre CSP+ était moins délétère que du blanc limé au PMU du coin. Quelle mascarade !
La société française semble sans cesse trouver des excuses à ses consommateurs effrénés. Les tragiques évènements de 2015 n'ont fait que renforcer cette idée ; la riposte aux terroristes a été la fête, l'alcool ! l'excès ! Et lorsque certains osent s'interroger sur cette consommation à la française, les lobbies s'en mêlent et tuent dans l'oeuf toute tentative de remise en question.
Claire Touzard analyse également le rapport que les femmes d'aujourd'hui entretiennent avec l'alcool. Il y a une question de statut social en jeu : « la fille qui boit trop est devenue une marque culturelle, un statut social ». Les femmes souhaitent sans doute à notre époque prendre la place de ceux qui font du bruit, de ceux qui boivent ! Elles souhaitent enfin être sur le devant de la scène, l'alcool est ici facilitant.
La sentence de l'autrice est claire et sans appel : l'alcool n'est pas subversif, c'est une pratique normative. Rien n'est jamais né de grand avec l'alcool, il n'attise pas la créativité, il n'aide pas à mieux penser le monde. Il n'est que l'anesthésiant de nos vies trop étriquées. Sans doute…
Elle livre cependant dans son roman un parcours semé de multiples excès en tout genre. L'alcool n'en est qu'une composante. Je rejoins l'autrice dans son analyse sur le côté anesthésiant mais la vie serait-elle vraiment supportable sans une once d'évasion, toute artificielle soit-elle ? L'invitation à la modération n'est-elle pas moins radicale ? Chacun trouvera certainement un début de réponse dans les lignes de Claire Touzard

Sans alcool de Claire Touzard. le récit d'un combat contre une drogue en vente libre. Comment déclarer la guerre à l'alcool lorsqu'on vit au sacro-saint pays du pinard ?
C'est en tout cas ce que tente de faire l'autrice dans son premier roman. Claire Touzard a 37 ans, elle est journaliste et grand reporter, elle avoue et sans doute s'avoue son alcoolisme. Sa rencontre avec Alex, l'amour de sa vie, va lui permettre de pointer du doigt son addiction. Un 31 décembre, sa décision est prise, elle décide d'arrêter l'alcool, de peur de le perdre.
Elle nous conte ses premiers jours d'abstinence en retraçant son parcours et en analysant toute la symbolique que notre société française cache derrière le grand vin patrimonial ! Comment s'affranchir de ce dogme lorsque toute une éducation repose sur la consommation d'alcool ?
Elle met en exergue le fait qu'elle s'est construite dans la consommation d'alcool. La première preuve est la réaction totalement incrédule de sa famille face à son choix ! Elle devient réac' Claire ! avec tout le côté péjoratif et condescendant que cela suppose. Elle va même jusqu'à interroger la notion d'atavisme. Grand reporter, elle couvre des évènements et tisse des liens partout dans le monde, elle explique que sa consommation d'alcool sert de terreau à la construction de son tissu de relations.
Elle met par ailleurs en évidence l'hypocrisie de l'alcool mondain. Comme si consommer des grands crus entre CSP+ était moins délétère que du blanc limé au PMU du coin. Quelle mascarade !
La société française semble sans cesse trouver des excuses à ses consommateurs effrénés. Les tragiques évènements de 2015 n'ont fait que renforcer cette idée ; la riposte aux terroristes a été la fête, l'alcool ! l'excès ! Et lorsque certains osent s'interroger sur cette consommation à la française, les lobbies s'en mêlent et tuent dans l'oeuf toute tentative de remise en question.
Claire Touzard analyse également le rapport que les femmes d'aujourd'hui entretiennent avec l'alcool. Il y a une question de statut social en jeu : « la fille qui boit trop est devenue une marque culturelle, un statut social ». Les femmes souhaitent sans doute à notre époque prendre la place de ceux qui font du bruit, de ceux qui boivent ! Elles souhaitent enfin être sur le devant de la scène, l'alcool est ici facilitant.
La sentence de l'autrice est claire et sans appel : l'alcool n'est pas subversif, c'est une pratique normative. Rien n'est jamais né de grand avec l'alcool, il n'attise pas la créativité, il n'aide pas à mieux penser le monde. Il n'est que l'anesthésiant de nos vies trop étriquées. Sans doute…
Elle livre cependant dans son roman un parcours semé de multiples excès en tout genre. L'alcool n'en est qu'une composante. Je rejoins l'autrice dans son analyse sur le côté anesthésiant mais la vie serait-elle vraiment supportable sans une once d'évasion, toute artificielle soit-elle ? L'invitation à la modération n'est-elle pas moins radicale ? Chacun trouvera certainement un début de réponse dans les lignes de Claire Touzard


Sans alcool de Claire Touzard. le récit d'un combat contre une drogue en vente libre. Comment déclarer la guerre à l'alcool lorsqu'on vit au sacro-saint pays du pinard ?
C'est en tout cas ce que tente de faire l'autrice dans son premier roman. Claire Touzard a 37 ans, elle est journaliste et grand reporter, elle avoue et sans doute s'avoue son alcoolisme. Sa rencontre avec Alex, l'amour de sa vie, va lui permettre de pointer du doigt son addiction. Un 31 décembre, sa décision est prise, elle décide d'arrêter l'alcool, de peur de le perdre.
Elle nous conte ses premiers jours d'abstinence en retraçant son parcours et en analysant toute la symbolique que notre société française cache derrière le grand vin patrimonial ! Comment s'affranchir de ce dogme lorsque toute une éducation repose sur la consommation d'alcool ?
Elle met en exergue le fait qu'elle s'est construite dans la consommation d'alcool. La première preuve est la réaction totalement incrédule de sa famille face à son choix ! Elle devient réac' Claire ! avec tout le côté péjoratif et condescendant que cela suppose. Elle va même jusqu'à interroger la notion d'atavisme. Grand reporter, elle couvre des évènements et tisse des liens partout dans le monde, elle explique que sa consommation d'alcool sert de terreau à la construction de son tissu de relations.
Elle met par ailleurs en évidence l'hypocrisie de l'alcool mondain. Comme si consommer des grands crus entre CSP+ était moins délétère que du blanc limé au PMU du coin. Quelle mascarade !
La société française semble sans cesse trouver des excuses à ses consommateurs effrénés. Les tragiques évènements de 2015 n'ont fait que renforcer cette idée ; la riposte aux terroristes a été la fête, l'alcool ! l'excès ! Et lorsque certains osent s'interroger sur cette consommation à la française, les lobbies s'en mêlent et tuent dans l'oeuf toute tentative de remise en question.
Claire Touzard analyse également le rapport que les femmes d'aujourd'hui entretiennent avec l'alcool. Il y a une question de statut social en jeu : « la fille qui boit trop est devenue une marque culturelle, un statut social ». Les femmes souhaitent sans doute à notre époque prendre la place de ceux qui font du bruit, de ceux qui boivent ! Elles souhaitent enfin être sur le devant de la scène, l'alcool est ici facilitant.
La sentence de l'autrice est claire et sans appel : l'alcool n'est pas subversif, c'est une pratique normative. Rien n'est jamais né de grand avec l'alcool, il n'attise pas la créativité, il n'aide pas à mieux penser le monde. Il n'est que l'anesthésiant de nos vies trop étriquées. Sans doute…
Elle livre cependant dans son roman un parcours semé de multiples excès en tout genre. L'alcool n'en est qu'une composante. Je rejoins l'autrice dans son analyse sur le côté anesthésiant mais la vie serait-elle vraiment supportable sans une once d'évasion, toute artificielle soit-elle ? L'invitation à la modération n'est-elle pas moins radicale ? Chacun trouvera certainement un début de réponse dans les lignes de Claire Touzard








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Sans alcool est un journal intime qui retrace le combat de Claire Touzar dans sa lutte et son son sevrage de l'alcool. le déclic : le peur de perdre Alexandre et leur histoire naissante. Cet ouvrage permet à l'autrice de trouver les mots mais aussi de faire un travail sur elle-même pour savoir comment elle en est arrivée là. le chemin est semé d'embûches, la réaction de proches ou d'amis est parfois dure ou maladroite.
Cette phrase dite par un de ces proches au début du livre m'a laissé interloquée "Tu n'y arriveras pas.[...] La boisson, c'est dans ton ADN."
Ce récit est l'histoire d'une vie, d'une lutte et aussi d'une renaissance. Bon courage pour la suite.
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Un jour, Claire arrête de boire. Un jour où elle se rend compte que l'alcool, ce merveilleux lubrifiant social, est devenu plus que juste ça. Que c'est quelque chose qui prend une place énorme dans sa vie, quelque chose qui est devenu son arbre de mai, un mât autour duquel elle danse tous les jours, le piquet central de son existence. Commence le questionnement, la réalisation de la place que l'alcool a toujours tenu dans sa vie depuis son enfance, la normalité de la consommation d'alcool dans la société, le regard critique sur son abstinence de la part des gens qui boivent. Une autobiographie sans pathos, qui dérange et interroge… ou qui, en tout cas, me dérange et m'interroge.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Ce livre est une claque, une expérience de résilience, de courage, un face-à-face avec soi-même et ses propres failles, un combat face a la dureté du monde.
Je ne connais pas ces addictions mais l'auteure, grâce a un style littéraire vivant et enlevé nous fait vivre de l'intérieur et comprendre les méandres de cette dependance , sans pathos et avec style.
Claire Touzard va changer votre regard sur les alcooliques, et de façon plus ample , éveille les consciences sur les dangers cachés derriere la norme sociale et la prétendue coolitude culturelle de ceux qui trinquent .
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