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Citations sur Poèmes II (25)

LA NUIT *



C'est toi que je chante, ravin sauvage,
Montagnes dressées
Dans la tempête de la nuit ;
Ô tours grises
Débordant de grimaces infernales,
De faune ardente,
De rêches fougères, de pins,
De fleurs cristallines.
Tourment infini
D'avoir traqué Dieu,
Doux esprit,
Poussant des soupirs dans la cataracte,
Dans le balancement des pins.

D'or embrasent les feux
Des peuples alentour.
Sur des écueils noirâtres
Se jette ivre de mort
La rougissante fiancée du vent,
La vague bleue
Du glacier
Et gronde
Puissamment la cloche dans la vallée :
Flammes, malédictions,
Et les sombres
Jeux de volupté,
À l'assaut du ciel
Une tête pétrifiée.

* fait partie des Poèmes publiés dans la revue Le Brenner (1914-1915)

/ Traduction de Marc Petit et Jean-Claude Schneider
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Présence de la mort.

O le soir qui s'en va vers les obscurs villages de l'enfance.
L'étang sous les saules
Se gonfle des fétides soupirs de la mélancolie.

O la forêt qui légère abaisse ses yeux bruns
Lors qu'un solitaire, de ses osseuses mains
Laisse sombrer la pourpre de ses jours extasiés.

O la présence de la mort. Prions.
Cette nuit se dénouent sur de tièdes coussins
Que l'encens a jaunis les membres frêles des amants.
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Près du marais

Voyageur dans le vent noir ; léger murmure du jonc
grêle
Dans le calme du marais. Sur le ciel gris
Un vol d’oiseaux sauvage se suit ;
En travers au-dessus des eaux sombres.
Tumulte. Dans la hutte chue
S’élève la pourriture aux ailes noires ;
Des bouleaux brisés soupirent au vent.
Soir dans le débit déserté. Elle pressent l’étable
La lassitude des troupeaux qui paissent,
La nuit apparaît : des crapauds émergent des eaux
d’argent
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De nuit

Le bleuté de mes yeux est éteint dans une telle nuit,
L’or rouge de mon cœur. Ô ! comme elle brûlait
calme la lampe.
Ton manteau bleu enveloppa le mourant ;
Ta bouche rouge scella la ténèbre de l’ami.
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Psaume

Il est une lumière que le vent a éteinte.
Il est une cruche de bruyère, qu’une après-midi un homme ivre délaisse
Il est une vigne, calcinée et noire des trous pleins d’araignées.
Il est un lieu, qu’ils ont badigeonné de lait

Le fou est mort. Il est une île des mers du Sud,
pour capturer le dieu Soleil. On bat les tambours.

Les hommes représentent des danses guerrières.

Les femmes balancent leurs hanches dans des lianes tordues et des fleurs de feu,

quand chante la mer. O notre paradis perdu.

Les nymphes ont quitté les forêts d’ors.

On enterre l’étranger. Alors se lève une pluie d’étincelles.

Le fils de Pan apparaît sous la silhouette d’un terrassier,

qui dort à midi sur l’asphalte brûlant.

Il est des petites filles dans une cour avec des petites robes pleines d’une déchirante pauvreté !

Il est des chambres, emplies d’accords et de sonates.

Il est des ombres qui se prennent dans les bras devant un miroir aveugle.

À la fenêtre de l’hôpital se réchauffent des convalescents.

Un vapeur blanc sur le canal apporte des épidémies sanglantes.

La sœur étrangère apparaît à nouveau dans les mauvais rêves de quelqu’un.

Reposant dans le bosquet de noisetiers elle joue avec ses ombres.

L’étudiant, peut-être un double, la regarde longtemps de la fenêtre.

Derrière lui se tient son frère mort, ou bien il dévale le vieil escalier en colimaçon.

Dans le sombre des bruns châtaigniers s’estompe la forme du jeune novice.

Le jardin est dans le soir. Dans le cloître, volettent les chauves-souris tout autour.

Les enfants du concierge cessent leurs jeux et cherchent l’or du ciel.

Derniers accords d’un quatuor. La petite aveugle court tremblante par les allées.

Et plus tard son ombre tâte les murs froids, cernés de contes et de légendes

sacrées.

Il est un bateau vide, qui le soir descend le canal noir.

Dans les ténèbres du vieil asile déclinent des ruines humaines.

Les orphelins morts sont couchés contre le mur du jardin.

Des chambres grises sortent des anges aux ailes tachées d’excréments.

Des vers gouttent de leurs paupières jaunies.

La place devant l’église est sombre et silencieuse, comme aux jours de l’enfance.

Sur des semelles d’argent glissent des vies antérieures

Et les ombres des damnés descendent vers les eaux qui soupirent.

Dans sa tombe le magicien blanc joue avec ses serpents.

Silencieusement dessus l’ossuaire s’ouvrent les yeux d’or de Dieu.
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Révélation et naufrage (extraits)



Et il parla une voix sombre venant de moi

De mon cheval j’ai rompu le cou

au fond de la forêt la plus noire,

quand la folie jaillit de ses yeux pourpres

tombèrent sur moi les ombres des ormes,

le rire bleu de la source

et le froid noir de la nuit

quand je débusquais, chasseur sauvage,

un gibier de neige dans un enfer de pierre.

Mon visage mourut.



Mais comme je descendais la sente rocheuse,

la folie me terrassa et je criais,

haut dans la nuit,

et comme je me couchais

avec des doigts d’argent sur les eaux muettes,

je vis que mon visage m’avait abandonné.

Et la voix blanche me dit : Tue-toi !

Gémissante une voix d’enfant se leva en moi

et me regarda, rayonnante,

de ses yeux cristal, au point que je m’abattis

pleurant sous les arbres,

la voûte puissante des étoiles



Avec des semelles d’argent,

je descendis les degrés d’épine

et j’entrais dans la chambre blanchie

à la chaux

Calmement, un chandelier y brûlait

et je cachai ma tête

en silence dans les toiles pourpres.

Et la terre rejeta un cadavre d’enfant,

une forme lunaire

qui sortit lentement de mon ombre,

plongea bras cassés

des pierrailles, neige en flocons.

.
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Untergang
An Karl Borromaeus Heinrich

Über den weißen Weiher
Sind die wilden Vögel fortgezogen.
Am Abend weht von unseren Sternen ein
eisiger Wind.
Über unsere Gräber
Beugt sich die zerbrochene Stirne der Nacht.
Unter Eichen schaukeln wir auf einem
silbernen Kahn.
Immer klingen die weißen Mauern der Stadt.
Unter Dornenbogen
O mein Bruder klimmen wir blinde Zeiger
gen Mitternacht.
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Déclin
à Karl Borromaeus Heinrich

Au-dessus de l’étang blanc
Les oiseaux sauvages se sont enfuis.
Dans le soir souffle de nos étoiles une brise glaciale.
Au-dessus de nos tombes
S’incline la face brisée de la nuit.
Sous les chênes nous balançons dans une barque
d’argent.
Toujours tintent les murs blancs de la ville.
Sous des arcs de ronces
Ô mon frère nous grimpons guides aveugles vers
minuit.
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Im Park

Wieder wandelnd im alten Park,
O ! Stille gelb und roter Blumen.
Ihr auch trauert, ihr sanften Götter,
Und das herbstliche Gold der Ulme.
Reglos ragt am bläulichen Weiher
Das Rohr, verstummt am Abend die Drossel.
O ! dann neige auch du die Stirne
Vor der Ahnen verfallenem Marmor.
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Dans le parc

Encore allant par le vieux parc,
Ô ! paix des jaunes et rouges fleurs.
Vous aussi déplorez, vous tendres dieux,
Et puis l’or automnal de l’orme.
raide se dresse de l’étang bleui
Le roseau, et le soir se tait la grive.
Ô ! alors courbe toi aussi le front
Sur le marbre renversé des aïeux.
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