Ce recueil de
poèmes, ainsi que le T2, sont en permanence sur ma table de chevet. Je les butine au grès de mes envies.
Georg Trakl reste un poète assez méconnu en France. On lui préfère toujours l'équilibre et la grâce de
Rilke, même si parfois,
Rilke nous fait côtoyer aussi l'horreur et l'indicible. Mais il y mets les formes. Avec
Trakl, c'est beaucoup plus frontal. Il faut dire qu'il n'a pas eu la vie facile, le petit Georg. Il est né à Salzbourg, dans ce qui était alors l'Autriche-Hongrie. Empire qui était déjà sur la voie de la décadence avant sa dislocation en 1918. Pour résumer, on peut retenir 2 choses de sa vie. Premièrement, l'
amour incestueux pour sa soeur Grete. Cette union incestueuse sera à l'origine de nombreux
poèmes. La deuxième chose importante est sa participation à la guerre de 14. Etant pharmacien, quelques semaines après le déclenchement de la guerre, il est mobilisé dans les services sanitaires et chargé d'apporter les premiers soins à des blessés sur le front. C'est ce qui a provoqué vraisembablement son suicide par empoisonnement, quelques jours après. Mélancolique, drogué, incompris, il a tout du poète maudit. On retrouve d'ailleurs dans ses
poèmes de nombreuses références à
Rimbaud,
Verlaine et
Baudelaire. Il est également l'ami de Kokoschka dont il fréquentera souvent l'atelier.
On comprendra donc que sa
poèsie n'est pas une
poésie du bonheur. Sans trop me tromper, je la situerai entre le romantisme et l'expressionnisme.
Ce que je trouve exceptionnel dans son oeuvre, c'est l'association d'images d'une nature souvent sombre, mais non dénuée de beauté, un peu comme dans un tableau de Friedrich et d'un vocabulaire brutal décrivant la guerre avec ses morts, son sang, ses destructions. le tout s'ouvrant sur un réalisme très cru, mais avec un très grand lyrisme. C'est un peu la liberté humaine offerte par la nature, entravée par la guerre et la mort.
On aura compris que c'est une
poésie "coup de poing" qui ne laisse pas indifférent.