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4,25

sur 93 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce livre commence par le suicide d'un jeune comédien haïtien. Une chute du douzième étage. Comment ses colocataires et amis vont vivre la chose. Comment vont-ils se remettre d'un tel drame. Car ce roman n'est que drame. Ce comédien qui semblait avoir tout pour réussir et qui, finalement se jette dans le vide. Un de ses amis, terrorisé par son paternel à qui il doit son surnom d'estropié et son infirmité qui flirte avec les limites de la pauvreté.

Il y a aussi l'incroyable prêteuse sur gages. Riche à souhait et pourtant si seule. Enfin, presque seule, comme unique compagnie elle n'aura que sa femme de ménage, ou esclave, à vous de choisir.

Ce livre peint le portrait d'Haïti, et de Port-au-Prince tout particulièrement. Ville et pays assez méconnus du grand public. La misère, la pauvreté, le malheur sont monnaie courante pour ses habitants. Les drames semblent s'abattre sur ce peuple avec une hargne incroyable.

Ce pourrait être un livre qui vous donne envie de vous ouvrir les veines, de vous tirer une balle dans la tête, mais non, au contraire. Ce livre, rempli de poésie (de nombreuses citations d'auteurs célèbres) nous montre que même dans le malheur, surtout dans le malheur, il ne faut rien lâcher, il ne faut pas s'avouer vaincu. L'auteur nous montre à travers ce roman que les plus malheureux ne sont pas forcément les plus pauvres et que le bonheur ne tient finalement qu'a peu de choses, à condition de le vouloir vraiment.
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J'ai retrouvé dans PARABOLE DU FAILLI l'écriture sensible de LYONEL TROUILLOT que j'avais découverte d'un autre de ses romans : LA BELLE AMOUR HUMAINE
Et pourtant, je n'ai pas réussi à finir ce livre. Sans doute parce que je ne me suis pas senti impliqué dans l'histoire, non pas qu'Haïti ne m'intéresse pas, au contraire, mais parce que le narrateur s'adresse ici dans ce roman à un autre personnage du roman, son ami qui s'est suicidé. Les échanges, certes, très poétiques, n'impliquent pas le lecteur que j'étais. Je suis resté spectateur du récit.
L'écriture est belle, ces vies haïtiennes touchantes mais je n'ai pas su apprécier leur évocation.
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Toute mort est un scandale mais que dire d'un suicide ? Dans Parabole du Failli, Lyonel Trouillot s'adresse à un défunt mais compose surtout un hymne à la vie. Et à la poésie, à la richesse des déclassés, même si on ne peut parfois rien contre leur désespoir. le monologue de l'écrivain haïtien s'aventure hors des sentiers battus du roman. Son approche n'est pas simple d'ailleurs et il faut accepter d'entrer dans sa prose, sinueuse et intime. Trouillot évoque évidemment une ville qui lui est chère, Port-au-Prince, une cité dont les princes sont en haillons, et un pays qui n'en finit pas de souffrir. Parabole du failli gagnerait à être écouté plutôt que lu, ses mots mériteraient d'être scandés sur une scène car ils expriment la colère, la nostalgie de ce qui aurait pu être, l'humour et la résistance à l'indifférence. Avec un élan vital qui est à l'opposé du renoncement.
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« Comment faire la chronique d'un cri ? » le narrateur, en charge de la nécrologie dans un journal haïtien, est chargé de l'éloge d'une célébrité locale, un comédien, fils de bonne famille, qui a fait carrière à Paris et qui s'est jeté du douzième étage d'un immeuble alors qu'il commençait à connaître le succès. Ce n'est déjà pas facile, mais le chroniqueur était un ami proche du suicidé. Avec un troisième comparse, l'Estropié, ils vivaient dans un petit appartement en guise bateau ivre, entre révolte et poésie. Alors, malgré la distance, il s'agit de comprendre et, à travers celui qui est parti, se comprendre soi-même. Pour parvenir à une notice ampoulée comme les demandent les journaux, il faudra longuement revenir sur le passé, évoquer les failles qui se sont creusées, petit à petit, pour finir par constituer un gouffre. « Un corps qui plonge dans le sol n'est plus un corps à l'arrivée. Un homme qui tombe de si haut est une défaite sans visage, un mort sans traits, une défigure, et il ne reste rien à montrer. »
Ce qu'il faudra dire avant d'écrire, ce sont « toutes ces choses que nous ne t'avons pas dites », reconstituer le passé qui explique le présent. Ce qu'il faudra montrer, c'est Port-au-Prince, tel qu'il est et tel qu'on le rêvait. Ce sont ces personnages trop révoltés, trop résignés ou trop contents de leur sort. Et parfois, tout cela ensemble. L'art de Lyonel Trouillot réside d'abord dans l'évocation de ces personnages à la fois ordinaires et déchirés par des rêves impossibles. Pedro, bien sûr, le suicidé, capable de monter sur une estrade improvisée pour maintenir, une nuit durant, une ville en haleine en inventant la saga d'un héros de pacotille, de séduire l'infirmière d'un hôpital psychiatrique en lui récitant de la poésie, de louer la boîte d'un cireur de chaussures et d'exercer le métier toute la journée avant de lui remettre la recette le soir. On ne peut jouer ainsi sa vie sans être fils de bonne famille, imprégné de culture et révolté contre l'hypocrisie sociale.
Tout autour de lui, des personnages que le romancier parvient à croquer en quelques mots, en une expression ou une anecdote. Personnages principaux, comme madame Armand, l'usurière obèse, « grosse fondation toujours assise à la fenêtre du premier étage de sa grande maison jaune ». Personnages secondaires, comme cette poétesse du dimanche, « rentière dans le civil », qui reçoit des amis pour lire « un petit Musset par-ci, un petit Hugo par-là ». Un mot parfois suffit, comme pour l'Estropié, que l'on n'appelle que l'Estropié, et son père, que l'on n'appelle que Méchant.
Derrière le personnage de Pedro, l'auteur ne cache pas qu'il s'est inspiré du comédien Karl Marcel Casséus, mort en 1997 « dans des circonstances tragiques ». Mais il n'entend pas raconter sa vie, ni sa mort. L'avertissement donne un ton d'hommage à ce récit qui tient de l'évocation plus que de la narration. Inlassablement, il revient sur ce jour où l'on a appris la mort de Pedro. Ce qui pourrait finir par lasser fait partie du projet romanesque même : « Pas un soir depuis ta mort où tu n'es revenu mourir dans notre chambre », finit-il par écrire. La narration reprend du souffle lorsque l'on retrouve, chez madame Armand, un cahier de poèmes du disparu, une « Parabole du failli » qui donne son titre au roman et qui va rythmer le récit. L'hommage officiel devient possible, en contrechant grotesque de ces poèmes à fleur de peau.
Mais si ce long hommage nous retient, c'est d'abord par la langue somptueuse de Lyonel Trouillot, au rythme ample, aux images justes, à la poésie discrète, une langue qui joue avec les mots créoles, les néologismes, les associations inattendues. Et s'il nous concerne, c'est parce que la fêlure qu'il parvient à définir dans le personnage de Pedro est aussi celle du narrateur, et la nôtre : ce décalage entre la réalité et la poésie que l'on ne pourra jamais combler. le narrateur aurait pu se marier avec Josette, qui n'est pas moins jolie qu'une autre. Mais « son défaut, c'est d'être réelle », quand il continue à projeter autour de lui des êtres impossibles. Nous sommes bêtes, conclut-il, « bêtes, parce que ce n'est pas seulement entre le mot et le silence que nous n'avons pas su choisir, c'est surtout entre l'ombre et le destinataire. » Si tous les lecteurs sont destinataires de ce superbe livre, c'est parce que Lyonel Trouillot a su parler à leur ombre.
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Un très beau livre. L'écriture est vive, percutante, et elle réussit parfaitement à retranscrire les émotions du narrateur personnage. Les héros sont à vif, perdus, exigeants, fidèles, et profondément humains : leurs fragilités nous les rendent très familiers et vraiment attachants, tous, qu'ils soient simplement des présences qui jalonnent le récit ou le trio d'amis au centre de l'histoire. La galerie des personnages secondaires est particulièrement réussie. le narrateur dit sa douleur, l'écriture est pour lui une manière de faire le deuil, d'accepter l'inacceptable. Lyonel Trouillot nous emporte dans un flot d'émotions, grâce à un style implacable qui ne tombe jamais dans le pathos et la facilité.
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Difficile de suivre le fil de cette parabole troublante, avec le style d'écriture très particulier de Lyonel Trouillot, saccadé, chaotique comme la vie des personnages de son roman; insaisissable comme leurs pensées et cet homme, Pédro, poète et marginal, auquel le récit rend hommage.
Le texte est émaillé de références littéraires et musicales et décrit en filigrane la rudesse de la vie haïtienne mais aussi ses odeurs enivrantes.
Un livre inclassable... A relire sans doute pour en apprécier toute la teneur.
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