Dans ce court roman de 180 pages à peine, on se laisse porter par les mots de
Lionel Trouillot, emplis de poésie.
Lors que le succès commence à lui sourire, Pedro, jeune comédien haïtien, se suicide.
Avant sa mort, il partageait un modeste appartement avec deux de ses amis.
Ce roman, est un monologue, récit posthume de l'un d'eux pour Pedro dans lequel il livre tous les non-dits, les souvenirs, les interrogations, les regrets, mais aussi les petits instants de bonheurs partagés ensemble.
Un magnifique témoignage d'amitié à celui qui n'est plus.
Parce que la véritable amitié, le véritable amour c'est aussi savoir dire " je t'aime mais tu m'emmerdes" aussi bien que " je t'aime mais je t'emmerde " ...
Ce livre, c'est le récit d'une colère mélancolique de ne pas avoir su faire en sorte que le pire ne se produise.
Une remise en question de soi, explorant a fortiori les méandres des états d'âme de l'ami suicidé, en culpabilisant un peu de n'avoir pas tout vu.
A eux 3, ils avaient transformé leur maison en "bateau ivre" où ils avaient l'habitude de noyer leur chagrin dans l'alcool, se confiant tout à tour des morceaux de vie, chacun prenant de l'autre que ce qu'il voulait bien confier, sans en exiger davantage.
Outre le portrait de chaque membre de ce trio,
Lionel Trouillot dresse aussi le tableau d'une Haïti miséreuse.
Gravitent autour de ces 3 personnages principaux, des personnages secondaires, si peu secondaires soient -ils tant ils ont de l'importance.
Il y aura entre autre, les femmes qui auront partagé la vie ou des instants de la vie de Pedro et c'est tout particulièrement pour l'une d'elle qu'il aura écrit un recueil de poésie intitulé "
parabole du failli " ce superbe titre qui m'a fait de l'oeil à la librairie.
On découvrira aussi Mme Armand, tenancière d'un bordel régulièrement fréquenté par les 3 protagonistes et qui aura auprès d'Armand un rôle primordial.
De par elle, on découvrira que parfois, il se peut que l'amour existe sans démonstration aucune. Tout en pudeur et retenue. Certains l'appelleront froideur ...
L'auteur nous conte le désespoir de Pedro avec beaucoup d'empathie.
Extrait : ( un seul )
"je donnerais la voix lactée pour un peu d'amour, mais nul ne veut s'encombrer d'un milliards d'étoiles "