Tijuana city blues est un court roman de l'auteur mexicain Gabriel Trujillo Muñoz, publié en français par Les allusifs, une maison d'édition québecoise.
Résumé
Miguel Angel Morgado est un avocat assez réputé à Mexico, surtout pour sa défense des droits de l'homme. Son bureau est en plein chantier et l'un des charpentiers insiste pour le voir en privé. Blondie – c'est son nom – demande alors une faveur à l'avocat : partir sur la piste de son père, disparu subitement à Tijuana en 1951 à la suite, semble-t-il, d'une affaire suspecte à laquelle la drogue ne serait pas étrangère. Morgado va devoir remonter le temps pour résoudre son enquête.
Mon avis
- Ecoutez maître, dit Leobardo sans se départir de son air austère, à Tijuana, les agressions, les vendettas, les règlements de compte, les crimes sordides, passionnels ou corporatifs sont monnaie courante. Ça ne date pas d'hier. Depuis la fondation de notre bien-aimé trou-à-rats, il en est toujours allé ainsi. Mais, vous êtes bien placé pour le savoir, il y a crime et crime. Ceux qui apparaissent au grand jour tels qu'ils se sont produits, et ceux qui restent dans l'ombre mais sont connus de tous et dont tout le monde parle. Vous me suivez ?
Moins de cent pages pour un roman ?! Pari risqué pourrait-on se dire.
Tijuana city blues n'est pourtant ni une nouvelle tirant en longueur ni un roman au rabais : le défi est relevé, et avec la manière.
Le format contraint quelque peu Gabriel Trujillo Muñoz à aller à l'essentiel, ce qui est appréciable, mais ne l'empêche pas cependant de trouver le temps de faire vivre son roman.
- Combien de temps a-t-il passé en taule ?
- Je ne sais pas. C'est pour ça que je t'ai filé le bouquin. Mais j'ai l'impression qu'il n'y est pas resté longtemps. Quelques semaines, ou quelques mois. Je me souviens que c'était sous la présidence de Miguel Aleman, quand le pot-de-vin était un dieu omniprésent.
- Etait ? demanda Morgado.
Cette fois, il n'obtint pas de réponse.
Les dialogues sont travaillés et il en va de même pour les personnages, même pour les seconds couteaux – on pense à ce professeur d'université, puits de science sur l'histoire de la Basse Californie à la logorrhée facile – les portraits sont réussis. Les quelques passages descriptifs concernant Tijuana nous plongent sans mal dans un Mexique sombre mais jamais sans espoir, où la vie suit son cours quoi qu'il advienne. Il y a presque du Taibo II par moments, lorsque Trujillo Muñoz s'essaie à l'humour, non sans talent.
Si l'intrigue n'est pas des plus développées, elle est facilement parvenue à m'intéresser, de par quelques rebondissements notamment.
Attention, petit roman mais grand talent avec ce
Tijuana city blues, premier opus d'une série qui se poursuit avec
Loverboy et
Mexicali city blues. Attendu que les romans sont aussi bons que courts, il faut signaler la sortie ce mois-ci de
Mezquite Road, pour ceux qui souhaiteraient du rab de polar mexicain goûtu.
Il faut en parler : Malheureusement pour eux et leur diffusion à un large public, ces livres sont trop chers. Les allusifs fait un travail de qualité, avec du beau papier, de belles couvertures, bref, des petits livres qu'il fait bon tenir en main. Cependant (c'est mon humble avis) cela ne justifie pas de tels prix. Chacun de ces romans (ils font tous moins de cent pages, sauf 160 pour le dernier) coûte pas moins de 12,50€, soit 50€ pour se faire la collec ! Et pour la fin de l'année, voilà qu'on nous promet un coffret contenant les quatre romans pour... 51,50€ ! Dites, le coffret doit être vraiment chouette à ce prix là !
M'enfin, personnellement, je ne vais trop me plaindre puisque j'ai reçu
Tijuana city blues dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio.
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