AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Insomnie et autres poèmes (163)

à la mémoire du poète iranien Hashem Shaabani
pendu le 26 janvier 2014

Je ne sais pourquoi la vie est la vie
mais je te vois déplaçant le ciel

front tendu jusqu’au diamant

je te vois du côté des carcasses
des équilibres
répétant : suis-je libre ?

oui ?
non ?

et la vie qui est la vie
perd son nom
Commenter  J’apprécie          00
LE TEMPS D’INFUSION

Dans une ville dézinguée
Des hommes amoindris
N’osent plus toucher leurs joues
Du fil de leur rasoir
Avant de sortir voir le monde
Pour payer leur écot
Des femmes à peine plus vieilles
Poussent et jettent leurs bicyclettes
Le long des fossés d’où
Elles tirent des orties de la
Menthe et du pissenlit
Dans le limon des jours crus
Tombent les heures de visite
C’est la recette instantanée
Des soupes et des pisse-mémé
Tout le monde tache ses dessous
En égrenant ses misères
Fait croire qu’il a connu la guerre
Chante en chœur et à la tierce
Une berceuse où se mêlent
Des vols noirs et des cerises
Et chacun est content
Quand le soleil sèche les os
D’avoir parlé si haut
Dans son sang et ses humeurs
Contre le jour la nuit s’adosse
Fermant leurs yeux d’une ombrée
Elle tend la main vers Azraël
Qui se penche et embrasse
Dans une envolée de mouches
Ces corps vêtus de flanelle
Avant de supprimer leur angoisse
En les baisant à pleine bouche.
Commenter  J’apprécie          00
Sur le mur ___ des traits des boutures
hachées ______des coupures du sang
des effrois ____ton retour ___comme
une crainte _____ de si loin tu reviens
sans plus rien ________qui retient sur
mon cœur ___ __ une fatigue déposée
des gestes ____ à finir à recommencer
à refaire à réparer

Chagrins du froid ____pousses ___de
glace ____ yeux meurtris faim inutile
puisque bataille __ perdue __mais se
battre encore ________on dit qu’il le
faut ___ les jardins finiront par fleurir
encore __________je ne lâcherai pas
mes robes ___ velours
Commenter  J’apprécie          00
je compte avec mes yeux
les bras des éoliennes
dans les champs
du retour
et les maisons aussi

je te parle

le ciel en bleu de travail
interdit le cafard
je m’applique à sourire
mes petits crocs
d’humain
ne sont pas bien assis
c’est de ta faute je crois

les maisons se ressemblent
comme sœurs et cousines
j’aime les volets criards
comme des bouches d’enfants
les pas si belles
les toits bizarres
et les fleurs mêlées
aux légumes en couleur

j’ai sur la peau encore
quelques baisers collés
mais ne le dirai pas

l’enfant est une femme
et parfois ses cheveux
fleurissent sur ses joues
et cachent son regard

je vieillis les dentellières
tissent chaque jour
des traces sur mon corps
qui ressemble au tien

j’ai des amis vivants
et nous buvons du vin
nous buvons trop c’est sûr
mais comme il faut être fort
pour entrer dans le jour
chaque et chaque matin

le chat n’est plus le même
j’ai du mal à l’aimer
mais je sens que ça vient
je fume toujours un peu
des tabacs étrangers
et fais des jeux de mots
qui te laissaient
de marbre

et voilà que j’arrive
l’avenue comme hier
toute droite
déjà

tu vois la vie
ça va
surtout
ne t’inquiète pas
pour moi
Commenter  J’apprécie          00
MON MONDE

Le monde comme il va pousse derrière creuse devant
Le monde ses bras ses bouche ses yeux
Le monde comme il va comment ?
Dans mes bras le monde
Dans ma bouche le monde
Dans mes yeux le monde
Ma bouche mange mes bras cachent mes yeux ça va
La vie par ma bouche mes yeux mes bras
J’embrasse vois avale ma vie salive
Par-dessus ses hauts murs au cœur aussi
Comment le monde dans mes bras il va comme dans mes yeux
Je le prends à pleine bouche bras yeux
Dans quelle vie je monde ?
Commenter  J’apprécie          00
COMME ELLE ME VA

Tu as toujours cru à la vaisselle, lessive,
aux enfants, au mari,
à la fête de famille,
au potager poussé jusque dans le salon,
à la distance qui rapproche,
au « petit café » bu ensemble qui sépare.

Mais il y a toujours eu le vers
flèche de lumière
te guettant à chaque pas.

Alors tu écris, couturière de mots,
pour vêtir ses brûlures.
Commenter  J’apprécie          00
Qui dort chaque nuit ? Personne ne dort !
L’enfant crie dans son berceau,
le vieillard est face à sa mort,
le jeune homme parle avec son amie,
le souffle, à ses lèvres, les yeux dans ses yeux.

On s’endort – s’éveillera-t-on ici encore ?
On a le temps, le temps, on a le temps de dormir !

Un gardien vigilant, de maison en maison
passe, un fanal rose à la main,
et, grondements saccadés par-dessus l’oreiller,
sa crécelle violente va gronder :
– Ne dors pas ! Résiste ! Je dis vrai !
sinon, c’est le sommeil éternel !
sinon, c’est la maison éternelle !

("Insomnie", Partie 9)
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (238) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1226 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}