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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le thème de ce roman risque fort de me hanter longtemps; C'est un sujet peu abordé, même dans la littérature la plus noire. C'est bouleversant et terriblement déstabilisant.

On est dans le coeur du sujet dès le premier chapitre. le plaisir, proche de la jouissance qu'éprouve cette petite fille de huit ans lorsqu'elle étrangle volontairement le petit frère d'une de ses camarades de classe, un bébé de deux ans, fait frémir.

Rapidement, on comprend ce qui a pu amener cette gamine à un tel acte, un père absent, une mère démissionnaire, incapable de prévoir ne serait-ce qu'un peu de vivres pour sa fille qui s'invite partout où elle peut pour quelques heures soulager sa faim, un raisonnement altéré et une inconscience des réalités de la vie et de la mort.

Ce qui est plus fort encore, c'est que l'on suivra le parcours de l'enfant qui finira pas être démasquée, et après avoir purgé sa peine, deviendra elle-même mère. Une mère sous haute surveillance, cela s'entend.

Le récit est écrit à hauteur d'enfant, avec ses lacunes grammaticales et ses approximations, ce qui induit, malgré l'horreur, une grande compassion pour cette petite, victime autant que coupable.

Premier roman éprouvant et marquant, et terriblement efficace.

#LePremierJourduprintemps #NetGalleyFrance

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On fait la connaissance de Chrissie, dont l'enfance est tout sauf joyeuse : son père constamment absent, a tel point qu'elle pense chaque fois qu'il est mort, tandis que sa mère ne s'occupe pas d'elle. Elle a une énorme carence affective car non seulement sa mère ne lui manifeste aucun intérêt, constamment au fond de son lit ou sortie, elle ne pense même pas à lui faire à manger.

Chrissie crève de faim, dans tous les sens du terme, essayant de trouver quelques miettes dans le réfrigérateur ou les placards, s'invitant parfois chez les voisins ou à l'église s'il y a un buffet, sinon il ne lui reste plus qu'à jeûner ou aller chercher quelques bonbons chez la commerçante suspicieuse qui ne l'aime pas.

Elle se conduit parfois brutalement avec les copines d'école, verbalement ou physiquement prête à tout pour exister, être vue, ne plus être ignorée. Elle vit dans un quartier pauvre, mais il y a encore plus pauvre qu'elle. Un jour, le premier jour du printemps, alors qu'elle a huit ans elle va commettre l'irréparable : étrangler Steven, le petit frère de son amie, âgé de deux ans et laisser le corps dans une maison isolée.

On la retrouve des années plus tard : elle a une nouvelle identité, est devenue Julia et a une fille Molly. On a bien compris que la justice l'avait rattrapée, après une enquête compliquée, un passage par le Foyer de Haverleigh.

Nancy Tucker décortique avec minutie, détails, la manière dont la misère affective de cette petite fille, qui ne s'est jamais sentie aimée, ce qui peut la conduire à ce geste, certes odieux, mais en retraçant la souffrance de la petite fille qui ne se rend pas forcément compte de ce que représenta la mort, et surtout son côté inéluctable : comme son père est censé être mort pendant ses absences, elle pense que Steven va « revenir ».
On comprend aussi l'évolution de Chrissie devenue Julia en état mère à son tour : comment être une bonne mère quand on n'a pas été aimée par la sienne, durant l'enfance : sa mère a même cherché à la faire adopter ! mais Chrissie était trop grande, et comme chacun sait, la plupart du temps, les parents adoptifs préfèrent des bébés, donc encore un rejet !

J'ai aimé la manière dont l'auteure a structuré son récit, la petite fille qui devient mère, et se sent illégitime, redoutant toujours que les services sociaux lui enlèvent Molly, car elle n'est pas à la hauteur. Notamment lorsque cette dernière fait une chute, et sa casse le poignet et que mystérieusement le téléphone se met à sonner de manière intempestive. Elle ne peut évoquer que le pire : être accusée de maltraitance.

Nancy Tucker, qui travaille en unité psychiatrique, connaît suffisamment son sujet pour que son roman soit crédible, étoffé et durant la lecture, on ne juge jamais Chrissie, on essaie de comprendre le pourquoi du comment, en espérant qu'elle va s'en sortir : elle n'avait que huit ans, au moment des faits, elle a payé sa dette même si ce n'est jamais assez pour la famille des victimes, car la perte d'un enfant dépasse tout ce qu'on peut imaginer, il n'y a d'ailleurs pas de terme pour désigner cet état : on parle d'orphelin quand ce sont les parents qui décèdent mais curieusement il n'y a aucun mot pour un parent dont l'enfant est décédé.

L'auteure, aborde aussi la capacité de résilience de l'individu : ce n'est pas parce qu'on a commis un acte grave, qu'on n'est pas capable d'évoluer, de devenir quelqu'un de respectable. L'enfermement dans un Foyer ne conduit pas forcément à un comportement encore plus violent, la prison n'est pas forcément l'école du crime. L'auteure nous livre cette phrase ô combien significative sur le Foyer avec majuscule ou minuscule :

« Haverleigh était certes un « Foyer », mais du genre qui prend une majuscule et que borde une haute clôture – un endroit réservé aux enfants trop méchants pour qu'on les laisse dans leur « foyer » avec une minuscule… »

Ce roman, le premier de l'auteure, est bien écrit, les phrases sont percutantes, incisives (comme les actes des protagonistes), précises et il va rester longtemps dans ma mémoire car c'est un uppercut et c'est assez difficile de traduire en mots, toutes les émotions qui m'ont envahie. Vous l'aurez certainement compris, je pourrais en parler pendant des heures. J'espère vous avoir donné envie de le lire malgré la dureté du vécu de cette petite fille car ce livre est particulièrement réussi.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m'ont permis de découvrir ce roman et la plume de son auteure qu'on retrouvera bientôt j'espère.

#LePremierJourduprintemps #NetGalleyFrance
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Coup de coeur pour ce premier roman que je n'aurais probablement jamais lu sans un challenge...
Le sujet me faisait peur, au niveau social et politique , mais la façon de le traiter est telle, que ça n'a été qu'une partie de plaisir.
C'est un roman sur la culpabilité, la rédemption, et sur la parentalité, les mauvais parents, et ceux qui essaient d'être bon de toutes leurs forces, vu à travers les yeux d'une gamine de huit ans, puis de ce personnage devenu adulte et mère à son tour.

Chrissie vit dans une banlieue pauvre de Londres. On se sait pas en quelle année, mais les portables n'existaient pas, les ordinateurs et jeux vidéos, non plus...
Son père fait des allers-retours dans sa vie, ponctués d'arrêts fréquents au bar du coin. sa mère lui a laissé entendre qu'il était mort, alors pour elle la mort, ça s'en va et ça revient, comme son père ...
Ce n'est pas une enfant mal aimée, c'est une enfant pas aimée du tout : pas regardée, pas écoutée, pas instruite, pas surveillée, pas lavée, pas coiffée, pas nourrie. Depuis qu'elle est née...
Alors, elle traine dans le quartier, et un jour , elle tue.
Un enfant.
Comme elle.
C'est extrêmement rare, et c'est inimaginable.
Mais tout le long du roman, elle s'exprime .
Et le pire, c'est qu'on s'attache drôlement à ce petit bout de fille, dont personne ne s'occupe, à part quelques voisines . on la plaint, on aimerait que les services sociaux se bougent le popotin, mais rien.
Quelques années plus tard, sortie du foyer où elle avait été placée, elle est libre, elle est mère et elle aime comme personne ne l'a jamais aimée. Elle essaie de faire les choses bien. Comme on lui a appris au foyer.
Elle réfléchit sur sa vie. Analyse, regrets, culpabilité, rédemption.
Christine, Chrissie, Lucie, Julia. Toute une vie.
Une triste vie. du gâchis, si vous voulez mon avis...
Elle était si intelligente, elle avait tant besoin d'être aimée.
Cela aurait pu n'être qu'une complainte, une histoire sordide,un roman social, mais c'est bien plus que cela, et c'est la surprise !
C'est lumineux, aussi. Grace à la personnalité de la petite Chrissie et de son monde déroulé sous nos yeux. C'est qu'elle est dégourdie et futée , la gamine, un sens de la répartie inouî. Une candeur , une innocence, une naïveté matinée de causticité.
Et si on sait dés le départ qu'elle va tuer, on ne saura qu'à la fin, comment ce fut découvert. C'est aussi un des enjeux de ce roman à suspens, au coupable si jeune...
Un cocktail détonnant et un roman qui l'est tout autant.
J'ai adoré, là où je pensais abandonner très vite , vu le sujet plombant.
Un coup de coeur , vous-dis-je !
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Attention, âmes sensibles, évitez ce roman car il est difficile à lire. J'ai survolé à deux moments des passages car ce qui était décrit était trop horrible. Je remercie en tout cas les Editions Les Escales et Netgalley d'avoir pu découvrir cette histoire.

Le roman fait entendre deux personnes, du moins le croit-on : il s'agit en fait de la même personne, Chrissie -encore dans l'enfance- et Julia devenue mère. Les deux voix s'entrecroisent, on assite à la dérive de Chrissie qui ira jusqu'au meurtre d'enfants puis on la retrouve adulte sous un faux nom tentant d'élever sa fille, terrorisée à l'idée qu'on la lui retire. Comment en est-elle arrivée à tuer ? Comment peut-on se reconstruire après une telle tragédie ? Comment donner de l'amour quand on n'en a jamais reçu ? L'enfance de Chrissie est atroce entre un père qui surgit de temps en temps et une mère incapable de s'occuper d'elle, qui en oublie même de la nourrir. Elle essaie même par deux fois de se débarrasser d'elle ! Chrissie a soif d'attention, d'amour, aussi elle erre dans son quartier, cherchant par tous les moyens à rester chez les autres pour un peu de nourriture et de sollicitude. Mais la vie est dure dans ce quartier et personne ne voit l'abandon de Chrissie. Il faudra qu'elle tue pour qu'enfin on la regarde et qu'on s'occupe d'elle. Paradoxalement c'est ce qui va la sauver. Quand on la retrouve, elle travaille et s'efforce de s'occuper de sa fille. On aimerait la détester mais quand on la voit avec sa fille ou qu'on l'entend s'interroger sur ses capacités de mère, on a envie de lui parler, de lui dire qu'elle est une bonne mère et qu'elle a le droit de de s'accorder enfin la possibilité d'être heureuse avec sa fille. Une lecture que je n'oublierai pas.

Challenge Plumes féminines 2022
Challenge Multi-défis 2022
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En se glissant dans la peau d'une enfant maltraitée qui commet l'irréparable puis dans celle de la mère qu'elle devient des années plus tard, Nancy Tucker écrit le roman de la repentance, de la maternité gâchée puis sublimée, de l'amour pur et sans borne. Grâce à une alternance narrative, la primo-romancière s'attache à dépeindre la lente reconstruction, le cheminement d'une vie miséreuse et misérable à une vie honorable. Sincère et déchirant (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/03/16/le-premier-jour-du-printemps-nancy-tucker/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Coup de coeur
Chrissie, huit ans, vient de tuer Steven, un petit garçon de trois ans, le premier jour du printemps. Délaissée par une mère qui ne l'aime pas, - se plaignant de sa présence ou lui reprochant de s'éloigner, la laissant plusieurs jours seule et sans alimentation -, Chrissie s'est construite sans amour et sans preuves d'affection ou d'attachement, à en devenir amorale, insensible notamment avec Lucy sa meilleure amie, la dénigrant constamment. Et puis il y a Julia, dix-sept ans plus tard, mère célibataire qui doute de sa capacité à aimer et protéger Molly, sa fille de cinq ans...
Deux époques pour une seule et même personne, Julia était Chrissie, mais après le meurtre et un passage dans un centre pour adolescent, elle a dû changer d'identité; son passé va se rappeler à elle quand elle reçoit des appels téléphoniques qui la replongent à l'époque du drame.

Le premier jour du printemps alterne le récit de Chrissie et Julia, une même personne à dix-sept ans d'écart et elle dissèque les événements qui ont conduit à ce que la première commette un acte monstrueux et la deuxième cherche la rédemption en devenant mère, essayant de protéger sa fille et se reconstruire avec elle.
S'inspirant d'un fait divers qui s'est déroulé en 1968 à Newcastle (l'affaire Mary Bell), Nancy Tucker réussit avec beaucoup de finesse à basculer dans la tête de la jeune Chrissie, une petite fille intelligente mais qui a manqué cruellement d'amour, la laissant exempte de toute empathie et qui va commettre l'irréparable dans une sorte de transe nécessaire pour combler son manque d'amour...
Les interrogations de Julia, dix-sept ans plus tard, malgré un cheminement chaotique, sont analysées avec tout autant d'intelligence par l'auteure pour permettre à l'adulte qu'est devenue Chrissie, de prendre conscience de l'horreur de l'acte commis, une prise de conscience nécessaire pour affronter ses démons.
Le premier jour du printemps, un récit très dur car touchant à l'infanticide, mais un vrai coup de coeur tant sur la difficulté du sujet que sur son traitement. Je découvre Nancy Tucker et espère que ce premier roman ouvrira la voie à d'autres récits tout aussi forts.
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À huit ans, Chrissie a tué un petit garçon de deux ans. Elle a ensuite rejoint son amie Linda, avec qui elle est montée sur la colline où elles ont fait des poiriers contre le mur. Lorsque le flot de mamans s'est déversé dans la rue, les deux petites se sont mêlées à la foule. L'une savait ce qu'il se passait, l'autre l'ignorait.


Chrissie a longtemps réussi à conserver son secret qui lui faisait des papillons dans le ventre. Elle a envoyé les gendarmes dans toutes les directions, s'amusant du pouvoir qu'elle détenait sur eux. Elle, elle attendait que Steven revienne à la vie, comme le faisait régulièrement son papa. En effet, sa maman lui disait que son père était mort pour elles, mais de temps en temps, il rendait visite à Chrissie. Dans la ville, cette dernière était considérée comme de la mauvaise graine. Elle le savait et elle multipliait les bêtises pour être à la hauteur de sa réputation. En réalité, elle était une enfant malheureuse, délaissée par sa mère. Elle passait ses journées dans la rue et elle s'invitait chez les parents de ses copines pour avoir un repas. Souvent, elle n'était pas la bienvenue. le seul avantage qu'elle trouvait à l'école était la cantine, même si l'institutrice ne l'aimait pas. Cette petite avait faim.


Mais elle a tué. Son acte révolte et la haine s'empare de nous. Mais qui est réellement responsable de ce qu'elle a fait ? Sa mère qui ne s'occupait pas d'elle ? Les voisins qui ne lui tendaient pas la main et l'enfermaient dans son rôle de mauvaise fille ? Les institutions qui n'ont pas réagi ?


Chrissie ne s'est jamais posé ces questions. Elle a admis qu'elle était mauvaise. Quinze ans plus tard, elle a changé de nom. Elle est maintenant Julia et elle est la maman d'une petite fille de cinq ans. Autour de son enfant, elle instaure des rituels, tant elle a peur d'être une mauvaise mère. Leurs journées sont minutées, car elle craint de manquer à ses devoirs, de ne pas apporter à Molly ce dont elle a besoin. Elle est remplie d'inquiétudes, d'autant plus que des appels téléphoniques lui font craindre que son passé soit révélé et que la garde de sa fille lui soit retirée.


Peut-on être une bonne mère lorsque l'on a commis l'irréparable ?


Le crime perpétré par Chrissie est horrible. J'ai été effarée par son acte, mais aussi par son attitude nonchalante à ce sujet. Puis, au fil des révélations sur son quotidien, sur son manque de repères et sur le fait qu'elle a grandi seule, j'ai été bouleversée par son enfance malheureuse. Elle a poussé comme de la « mauvaise graine », sans tuteur pour lui enseigner le mal et le bien. Personne n'a jamais pris soin d'elle, même ses besoins vitaux n'ont pas été comblés ; elle s'est élevée seule, en étant affamée. Aussi, ce roman nous emmène sur deux versants : celui du rejet de celle qui a tué et celui de la compassion envers la meurtrière, la petite fille qui a été maltraitée ; sans jamais oublier la famille de sa victime. J'ai été tiraillée par les douleurs opposées. Je me suis, également, questionnée sur la possibilité du pardon, face à un geste aussi atroce, alors que la coupable est une enfant qui a subi, elle-même, de la violence psychologique. Julia ne s'accorde pas cette clémence et cela accentue notre attachement à elle.


Le premier jour du printemps est un roman perturbant et bouleversant. Il m'a énormément émue et je l'ai adoré.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Attention aux âmes sensibles...!
Difficile de parler de ce roman, le sujet est glaçant... Dans la banlieue londonienne, Chrissie, une petite fille de 8 ans, passe la plupart de son temps dehors, elle n'existe pratiquement pas pour sa mère, son père est absent. le premier jour de printemps, elle étrangle le petit frère d'une de ses amies. Quinze ans plus tard, Chrissie est devenue Julia et mère. Suite à des mystérieux coups de fil, elle se souvient de son enfance miséreuse.
Le premier jour de printemps est le signe de renouveau et pourtant pour Chrissie, c'est le jour où elle donne la mort. Elle ne rend pas compte de la gravité de son acte. C'est une histoire dure, la fillette raconte son abandon, son envie d'être aimé, ses étranges pulsions. Plus on avance dans son huitième printemps, plus on subit avec elle, son enfance sans aucun amour maternel ou paternel. Ca n'explique pas tout mais on éprouve de la compassion pour cette petite fille qui est en décalage avec les autres enfants de son âge. On a envie que ça s'arrête et pourtant, on a envie de savoir, de comprendre. Et même si maintenant Chrissie est adulte, son passé la hante et elle culpabilise de ses actes passés, de sa maternité, de son amour pour sa fille. Un récit fort plein de sentiments contradictoires, mais touchant sur l'amour, la mort et le pardon.
#Lepremierjourduprintemps
#NetGalleyFrance
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Dans une banlieue sordide de l'Angleterre, une petite fille de 8 ans devient une meurtrière.
Le premier jour du printemps, elle étrangle un petit garçon dans une maison abandonnée.
Comment une petite fille peut elle commettre un acte aussi ignoble ?

Avec une grande sensibilité et de l'empathie à fleur de plume, Nancy Tucker raconte l'histoire de Chrissie, une fillette agressive et insolente, livrée à elle-même, abandonnée par une mère dépressive. Chrissie fréquente l'école, a des amies, mais personne n'a pris la mesure de son désespoir et de sa solitude. Sa mère la rejette, ne prend pas soin d'elle, oublie de la nourrir, reste absente pendant des jours, et surtout ne lui témoigne aucune affection. Son père qui fait des apparitions furtives lui laisse croire que quand il n'est pas là, c'est parce qu'il est mort.
Aussi lorsqu'elle commet le crime, par haine du bonheur des autres, elle ignore que ce sera définitif. Elle a juste, pour la première fois de sa vie, ressenti un sentiment de pouvoir. Elle a juste, pour la première fois de sa vie, un secret qui lui donne de l'importance.

En alternance avec ce passé sordide, on découvre Chrissie devenue Julia, mère d'une petite fille de 5 ans. Elle est devenue une femme fragile, rongée par la culpabilité et la peur, la terreur d'être une mauvaise mère. Elle n'a pas appris à montrer son amour, et ses tentatives maladroites de communiquer avec sa fille sont touchantes. En faisant face à son passé, elle peut enfin mettre des mots sur ses actes :
" Oui j'étais toujours triste. Horriblement, terriblement triste, depuis le moment où je me réveillais jusqu'à celui où je m'endormais, tous les jours, toutes les semaines, tous les ans. J'étais si triste que j'ai dû tuer des gens. C'est la seule raison qui m'a poussée à faire ça Molly. Parce que j'étais tellement triste. "

Le roman pose, sans pathos ni jugement, la question de la seconde chance et du pardon. Avec une compassion pudique, Nancy Tucker offre à chacun l'opportunité de se reconstruire et fait preuve d'une empathie qui devrait émouvoir de nombreux lecteurs et lectrices.
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Ce primo-roman d'une jeune auteure anglaise est dur, âpre, d'une force incroyable mais magnifique.
Il s'ouvre sur cette phrase terrible qui provoque un choc: "Aujourd'hui, j'ai tué un petit garçon"; cette introduction m'a rappelée la terrible entrée en matière de "Chanson douce" de Leïla Slimani, sauf qu'ici la meurtrière est une enfant de 8 ans, Chrissie, et qu'elle vient d'assassiner un petit garçon de 2 ans, Steven. On vit, glacé, la scène par ses yeux, avec son vocabulaire, ses images mentales.
Le chapitre suivant, nous la retrouvons à 25 ans; elle porte le nom de Julia, a une petite fille, Molly, 5 ans, et est suivie par l'aide sociale à l'enfance.
Le roman est construit sur l'alternance de ces deux narrations, celle de Chrissie et celle de Julia.
Chrissie est livrée à elle-même, sa mère, Eléonore, ne l'aime pas et ne s'en occupe pas au point que Chrissie doit se débrouiller pour trouver à manger chez les parents de son amie Linda et a souvent le ventre vide, est sale, passe son temps libre dans la rue; Eléonore tentera par deux fois de se débarrasser physiquement de Chrisiie, en voulant la donner à l'adoption et en essayant de l'empoisonner. le père ne réapparaît qu'épisodiquement pour battre Eléanore, se saouler. le seul petit rayon de soleil dans cette noirceur, c'est Linda, sa meilleure amie, qui fait malgré tout les frais de sa méchanceté. Chrissie a besoin de se sentir exister, de ne pas être "la mauvaise graine", mantra qu'elle répète sans cesse, de combler le vide, celui de son estomac mais surtout celui de sa vie. le meurtre de Steven la plonge dans l'exaltation. C'est terrifiant mais on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine compassion pour cette enfant, sans amour, sans chaleur.
Julia vit avec sa fille Molly après avoir purgé une peine de 10 ans dans un foyer fermé. Elle s'y sentait en sécurité mais elle a été propulsée dans la vraie vie qu'elle redoute. Elle a une peur terrible de n'être pas une bonne mère, de faire mal à sa fille, de ne pas lui apporter ce dont elle a besoin. Julia est d'une grande fragilité, on la sent prête, à tout moment, à s'effondrer. C'est sa fille qui va la sauver, en lui permettant de n'être plus ni Chrissie, ni Julia, mais maman, grâce à son amour inconditionnel.
Ce roman s'attaque à un tabou très fort : celui des enfants meurtriers; l'inconscient collectif pare les enfants de toutes les vertus, les perçoit comme des créatures innocentes, pures et bonnes, gommant volontairement, de façon rassurante, ce qui pourrait venir entacher ce tableau idyllique. le personnage de Chrissie nous oblige à envisager une autre réalité, qui est loin de n'être qu'une fiction. Et c'est dérangeant.
Ce qui est encore plus dérangeant, c'est de découvrir la vie de Chrissie, l'amitié, la mort, le manque d'amour par les yeux et la parole de cette enfant de 8 ans; j'ai été émue par les excuses que Chrissie, en quête éperdue d'amour, cherche à sa mère et à son père.
Roman magnifique, percutant, dérangeant qui fait s'interroger sur l'enfance, la résilience, le pardon, l'amitié.
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