Sa bouche ressemble à la fente d'une boîte aux lettres avec ses contours tranchants et son aspect métallique; plus qu'une fois, ma langue s'y est blessée;
"Ah le mariage ! Cette porte ouverte sur le bonheur !" s'exclamait Simone. Je ne la contredisais jamais, l'argent de son père suffisait à me bâillonner les lèvres. Mais je savais. Le mariage putréfierait notre union comme la chaleur sur des fruits mûrs. L'amour ne peut pas s'épanouir dans un cadre légal. Il lui faut des interdits à transgresser, des obstacles à braver. L'amour est un délinquant, les femmes ne pensent qu'à l'emprisonner.
Mon Prochain m’oppresse, m’opprime. Il porte atteinte à ma liberté de mouvement, ma liberté d’expression, ma liberté de conscience. Il me déchoit de tous mes droits. Et je devrais l’aimer ! Interdisez-moi simplement de le haïr.
Dieu n'était pas venu à Auschwitz, pourquoi aurait-il assisté à mon mariage ?
C'est un prêtre qui m'a conseillé de choisir mon camp. (...) Il s'appelait Père Livi, ce qui était assez étonnant pour un prêtre, mais avec tous ces juifs errants, on ne sait jamais.
J'ai observé le gardien du camp: j'étais juif dans son regard.
Aucun homme ne voulait de Simone.Simone était prête à accepter n'importe quel homme. Pourvu qu'il soit juif.
J'ai été, pendant soixante-dix ans, un imposteur pour les autres et pour moi même.
Le bonheur n’est qu’un murmure fugitif qui impose le silence.
... avec l'âge, ce n'est pas la mort que l'on redoute le plus, mais le changement des habitudes.